Pardon je réponds en retard à ce message mais il pose problème, car si cette
émission est une publicité (normale) pour l'ANRS elle n'aborde pas de
nombreux points.
LANRS pour des raisons qui lui sont propres concentrent ses moyens sur des
programme de recherche appliquée, mais est ce que le recherche « du nord »
joue son rôle dans la recherche au sud ?
Cest la 1° question quil faut se poser.
Quantitativement déjà on peut en douter, la part des crédits recherche des
grands instituts est très minime. Une des raisons est que ces instituts sont
soumis à des pressions fortes des associations de malades du nord qui
veulent obtenir des résultats rapides pour elles. Une autre raison est peut
être un manque de vision à long terme sur la réalité des faits concernant
lépidémie au sud, en Afrique particulièrement, et cest une profonde
erreur. Car beaucoup pensent que si lorigine des VIH est africaine une
grande partie des solutions sera trouvée en Afrique.
Et cela pour au moins deux raisons.
1. Comme dans toutes recherches il faut se poser les questions suggérées par
lobservation :
Pourquoi une si grande hétérogénéité dans les faciès épidémiques
selon les régions avec de 0,5% à 30 % de séroprévalence ?
Pourquoi cette situation particulière en RSA ?
Pourquoi la prévalence naugmente pas à Madagascar ?
Pourquoi 2 virus VIH 1 et 2 sont apparus à la même période en
Afrique ?
Pourquoi le VIH 2 si proche génomiquement a une transmission et une
évolution moins importantes que VIH 1 ?
Que se passe-t-il quand il y a double infection VIH 1 et 2 ?
Etc..
Léquipe de ORSTOM IRD avait dans les années 90 fait le constat en Afrique
centrale, comme maintenant à Madagascar, que lépidémie progressait peu dans
la région du Nigeria / Cameroun et dans un raisonnement écologique avait
émis lhypothèse quun « autre virus » occupait la place : cest ce qui a
permis la recherche et la découverte du variant O.
2. Le grand nombre dinfectés et malades fait que lon peut observer des
situations rares et les étudier : cest le cas des résistances à
linfection, des longs survivants, des co-infections, etc.
Est-il absurde de penser que répondre à ces questions apportera une
solution, au moins partielle, à la lutte contre le virus ?
Et la coopération peut se faire du sud vers le nord et pas seulement dans
lautre sens. Cela sest déjà produit : le traitement court de la
tuberculose est une stratégie imaginée et développée dans les PED, idem pour
les associations vaccinales, idem pour les médicaments essentiels et
génériques.
Mais pour que cette innovation se développe il faut
- que les financements aillent réellement à ces études
- que les études envisagées soient réalisables par des acteurs
nationaux et motivés
- que les besoins du terrain soient honnêtement identifiés
- que les données du sud ne soient plus mésestimées, dévalorisées,
parfois méprisées.
Enfin, sil faut des règles garantissant lintérêt et la sécurité des
patients participant à lessai, il ne faut pas que ces règles stérilisent
linnovation des chercheurs du sud. Les tendances actuelles des comités de
lecture des projets comme des comités d'éthique internationaux et même
nationaux oeuvrent en sens inverse ; ils imposent des conditions de
réalisation des recherches hors de portées financière et humaine des
laboratoires et équipes du sud (multiplication des comités dans le pays et
hors du pays, dépôts financiers préalables, etc.).
Il faut inventer de nouveaux systèmes pour préserver léthique dune part et
linnovation dautre part.
Dr Jean Loup Rey
Santé publique
20 rue des Crotes
04180 Villeneuve
06 16 53 83 30
jean-loup.rey@wanadoo.fr
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