[e-med] Le choix surr�aliste d'un tsar du sida par Bush

E-MED: Le choix surr�aliste d'un tsar du sida par Bush
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[Mod�rateur: remerciements � J. Dumoulin pour la traduction de cet article
diffus� par les listes de diffusion IP-Health et breaking-the-silence le 3
juillet 2003.CB]

Le choix surr�aliste de Bush, un tsar du sida
Asia Times, 4 juillet 2003
http://www.atimes.com/atimes/Front_Page/EG04Aa02.html
Jim Lobe

Le choix surprise du pr�sident des Etats-Unis Georges W. Bush d�un ancien
haut cadre d�un grand laboratoire pharmaceutique am�ricain et important
contributeur au parti r�publicain, comme coordinnateur de sa politique
mondiale du sida, a entra�n� des expression d�inqui�tude et m�me d�
indignation parmi les militants de l�Afrique et du sida � Washington.

La d�cision de Bush de nommer Randall Tobias, ancien patron de Eli Lilly a
�t� annonc�e mardi � la Maison Blanche, quatre jours avant le premier voyage
pr�sidentiel de Bush en Afrique. La nomination doit �tre confirm�e par le
S�nat.

Le Professeur Jeffrey Sachs, responsable du Earth Institute de l�Universit�
Columbia et conseiller sp�cial de Koffi Anan sur la crise du sida, a trait�
cette nomination de �surr�aliste�. Il d�clare: � On a une urgence qui a
besoin de quelqu�un qui ait travaill� sur le terrain et le conna�t de fa�on
approfondie. Nous n�avons pas besoin de quelqu'un qui soul�ve toutes sortes
de questions sur son engagement et sur son programme.�

Les activistes ont appel� les s�nateurs � examiner de pr�s les r�f�rences et
la philosophie de Randall Tobias, et � d�terminer si, �tant donn�s ses liens
pass�s avec l�industrie, il sera capable de se battre au nom des millions de
pauvres victimes du vih/sida et ayant besoin d�sesp�r�ment de m�dicaments
bon march�, face � l�opposition des grands laboratoires pharmaceutiques, qu�
on appelle Big Pharma.

Pour Paul Zeitz, directeur ex�cutif de Global Aids Alliance, �cette
d�cision est un autre signe profond�ment troublant que le Pr�sident peut ne
pas �tre pr�par� � tenir son engagement d�agir contre le sida. Cela soul�ve
de graves questions sur les conflits d�int�r�t et les priorit�s de la Maison
Blanche. A la fois les peuples d�Afrique et le peuple am�ricain y perdront
si l�initiative du Pr�sident �choue � faire utiliser des m�dicaments
g�n�riques bon march�.�

Paul Zeitz note que les laboratoires pharmaceutiques ont r�ussi � faire
pression sur le gouvernement Bush pour le faire reculer sur ses engagements
initiaux de laisser une exception dans les lois internationales sur les
brevets qui permette aux pays qui en ont besoin d�importer des m�dicaments
g�n�riques. �Les africains se retrouveront avec moins de m�dicaments et plus
mourront.�

D�autres commentateurs ont �t� ouvertement m�prisants sur cette nomination.
Salih Booker, directeur de Africa Action, groupement de plusieurs groupes
anti-apartheid bien �tablis: �Nous savons qu�il a peu d�exp�rience sur le
sida, mais beaucoup comme un des grands financeurs des R�publicains. Voil�
o� est la politique am�ricaine sur le sida: elle est avec Big Pharma.�

Randoll Tobias, qui a quitt� Eli-Lilly en 1998, et a �t� r�cemment vice
pr�sident de AT&T o� il a travaill� aussi avant d�aller chez Lilly au d�but
des ann�es 90, est suppos� recevoir le rang d�ambassadeur, et donc d�pendre
du secr�taire d�Etat Colin Powell, appui majeur de l�initiative de 15
milliards de US $ sur 5 ans, appel�e Emergency Program, propos�e par Bush en
janvier dernier et approuv�e par le Congr�s sous forme amend�e en mai. La
mise en �uvre de cette initiative qui vise 12 pays d�Afrique sub-saharienne
et deux pays des cara�bes sera la premi�re responsabilit� de Tobias, selon
Bush qui a dit mardi: � Randy Tobias a le mandat, directement de moi, de
monter notre initiative sur le sida et de la faire marcher le plus vite
possible.�

Dirigeant d�entreprises tout au long de sa carri�re, Tobas n�a pas d�
exp�rience de sant� publique et peu ou pas d�exp�rience professionnelle dans
les pays pauvres. En quelques mots, il a d�crit mardi dernier � la Maison
Blanche les statistiques sur le bilan du sida en Afrique, o� presque 20
millions de personnes ont �t� tu�es par la maladie, comme �vraiment presque
incompr�hensible.�
En m�me temps, Tobias est connu comme un homme d�affaires pas idiot; il est
proche du Bureau de Gestion du Budget, une administration qui pourrait jouer
un r�le cl� pour garantir les fonds du programme de 15 milliards de $. Selon
Sandra Thurman, ancien directeur du programme Global AIDS de Bill Clinton,
maintenant responsable de International Aids Trust, �c�est clairement une
personne avec une formidable stature et une formidable finesse dans le sens
des affaires�.

Cependant, le test cl� pour beaucoup de militants, sera comment Tobias
r�pondra aux trois questions principales sur les politiques de Bush face � l
��pid�mie mondiale de sida, dont Emergency Program est l�aspect central.

Le premi�re porte sur la disponibilit� de g�n�riques anti-sida et d�autres
m�dicaments vitaux pour les pays couverts par le programme. Les grands
laboratoires pharmaceutiques ont cass� les prix de leurs anti-r�tro-viraux
de marque en faveur des victimes du sida dans les pays pauvres, mais en m�me
temps les g�n�riques produits en Inde, en Thailande et au Br�sil co�tent
encore nettement moins cher, jusqu�� moins de 300 $ pour une trith�rapie par
personne et par an.

Bien que le gouvernement am�ricain ait laiss� entendre qu�il utiliserait les
g�n�riques dans Emergency Program, la d�cision n�a pas �t� encore prise
formellement. Eustacia Smith, de Health Global Access Project (GAP) note:
Tobias devra r�pondre aux questions corriaces sur l�emploi efficient des
fonds pour le plan Bush contre le sida, par l�achat du maximum des
g�n�riques � bon prix.�

Une question cl� est de savoir si Tobias poussera le gouvernement am�ricain
� tenir sa promesse faite � Doha en novembre 2001 � la r�union minist�rieme
de l�OMC de permettre aux pays pauvres de faire face aux urgences sanitaires
en important des g�n�riques contre le sida et autres m�dicaments vitaux.
Sous la pression des Big Pharma, les gouvernement a depuis renvers� sa
position en faisant des pressions sur les partenaires commerciaux en Afrique
pour signer un accord les obligeant � respecter les lois internationales sur
les brevets, ce qui veut dire pratiquement de rendre les importations de
g�n�riques beaucoup plus probl�matiques.
�Il est tr�s difficile de croire qu�un homme venant de l�industrie
pharmaceutique am�ricaine aura la volont� de r�pondre aux appels des pays
pauvres d�acc�lerer l�acc�s aux m�dicaments vitaux.� (Paul Zeitz) �L�
acquisition de m�dicaments les moins chers possibles, c�est � dire
g�n�riques est une obligation� (Asia Russel de Health Gap).

Dernier point, les militants sont particuli�rement soucieux sur le devenir
du Fonds Mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme,
cr�� il y a deux ans. Bien que le Congr�s am�ricain ait autoris� une
contribution annuelle se montant jusqu�� un milliard de dollars, le
gouvernement a dit qu�il compte verser 200 millions par an au Fonds qui est
d�j� � court d�argent. Big Pharma a souvent �t� cit�e comme le principal
coupable de l�avarice du gouvernement envers le Fonds Mondial, � cause de
son soutien � l�acc�s aux g�n�riques.
�Que Tobias pousse le gouvernement � financer les besoins r�els du Fonds
Mondial, ou m�me commence juste � prendre en compte les besoins, sera un
test critique pour savoir si il est vraiment ind�pendant� (Booker).