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Intellectual Property Watch

7 November 2007

Le Conseil sur les ADPIC se penche sur les questions relatives aux PMA, à la
santé, la biodiversité, et la mise en application

http://www.ip-watch.org/weblog/index.php?p=814&res=1024_ff&print=0

Par William New
Le Comité sur les droits de propriété intellectuelle de l’Organisation
Mondiale du Commerce (OMC) a accordé en octobre un délai supplémentaire de
deux ans aux pays pour ratifier un accord de santé publique permettant aux
pays d’importer plus facilement des médicaments moins chers. Il a également
entrepris d’évaluer les besoins pour les pays les moins avancés (PMA), qui
doivent appliquer les règles de l’OMC relatives aux droits de propriété
intellectuelle d’ici 2013.

La réunion du Conseil de l’OMC sur les aspects des droits de propriété
intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) du 23 et 24 octobre a
soutenu une proposition visant à modifier l’Accord sur les ADPIC de 1994
afin que celui-ci exige la divulgation des origines des ressources
génétiques dans les applications des brevets lorsque le groupe des 50 pays
membres les moins avancés s’est engagé. Parmi ceux-ci, certains pays avaient
déjà signé au sein du Groupe Africain, qui a annoncé qu’il se portait
co-sponsor à la réunion du Conseil des ADPIC qui a eu lieu en juin.

Une autre problématique qui a émergé durant la réunion est le respect par
les pays développés des conditions énoncées par les articles 66.2 et 67 de
l’Accord sur les ADPIC, à savoir, inciter leur secteur privé à opérer des
transferts de technologie vers les pays les moins avancés et engager une
coopération technique et de développement de capacité. D’après un
responsable de l’OMC, le Brésil, la Chine et l’Inde ont critiqué les
rapports de certains pays développés, tout particulièrement ceux de l’Office
Européen des Brevets présentés par l’UE, les jugeant trop compliqués,
inappropriés et imprécis.

Toujours durant cette réunion, la mise en application des droits de
propriété intellectuelle a porté à controverse alors que le Japon présentait
son rapport IP/C/W/501 sur les saisies douanières de contenus prétendument
illégaux. Selon un responsable de l’OMC, le Brésil aurait proposé que le
mandat du Conseil concernant la mise en application soit limité à une simple
évaluation de la conformité des pays avec les règles de mise en application
de l’Accord sur les ADPIC. De son côté, la Chine s’est vu interrogée sur son
régime de propriété intellectuelle dans le cadre de sa révision annuelle sur
son adhésion de 2001.

Concernant les Indications Géographiques (IG), à savoir les produits
d’appellations d’origine, certaines sources indiquent que l’Union Européenne
estime qu’une nouvelle « façon de penser » pourrait être nécessaire pour
développer un registre de ces IG. L’Europe a proposé un registre automatique
(non basé sur le volontariat) mais certains nouveaux pays membres avec moins
d’IG ont exprimé leurs inquiétudes. L’UE a également évoqué la question
d’une plus grande protection des IG au sein des négociations agricoles de
l’OMC. Un porte-parole de la Commission Européenne a dit qu’ils se
refusaient à tout commentaire concernant les IG « à cette étape de la
négociation ».

D’après certaines sources, il n’y a pas eu d’avancées quant aux
consultations sur la question particulière de l’extension de la protection
de ces IG à d’autres produits et sur la relation entre l’Accord sur les
ADPIC et la Convention sur la diversité biologique.

Concernant la biodiversité, le Pérou a présenté son rapport IP/C/W/493 daté
du 19 septembre, qui décrit l’expérience péruvienne dans la lutte contre le
piratage. Ce document de neuf pages, à l’origine une communication du 13
Août, explique qu’on estime à environ 20 000 le nombre d’espèces supérieures
de plantes, ce qui représente environ 10 pour cent des espèces du globe,
faisant du Pérou le cinquième pays le plus important au monde en termes
d’espèces. Le Pérou est aussi un pays multiethnique et multiculturel,
possédant un riche savoir traditionnel quant à l’utilisation de ces espèces
de plantes. Le rapport décrit les efforts du pays afin d’établir des
systèmes de gestion de la propriété intellectuelle liée aux ressources
biologiques, cherchant tout particulièrement à lutter contre le bio
piratage, y compris pour les cas où des brevets n’auraient pas du être
délivrés. Le rapport se conclut par une observation : un système de
protection international est nécessaire.

« Il y a un besoin urgent de repenser le système des brevets et voir comment
le rendre plus équilibré, » expliquent les représentants péruviens. « Le
système de propriété intellectuelle actuel ne fait pas grand chose pour
garantir une compensation juste et équitable des bénéfices dérivés de
l’utilisation des ressources génétiques et du savoir traditionnel. »

Le Japon a déposé un rapport, le IP/C/W/504, qui avait été diffusé à l’OMPI,
proposant une base de données sur les ressources génétiques et suggérant que
l’OMC prenne en considération le travail effectué à l’OMPI. Les pays
développés sont souvent perçus comme cherchant à transférer le débat sur les
ressources génétiques au sein de l’OMPI où les accords ne souffrent pas des
procédures de règlement de disputes.

Les allers et retours entre les institutions peuvent aussi ralentir le
processus menant à un accord. Mais des sources de tous bords s’accordent à
dire que peu de véritables résultats pourront être observés sur les
propositions d’amendements de l’Accord sur les ADPIC concernant la
divulgation tant qu’il n’y a pas de progrès au sein des négociations plus
globales de l’OMC, tout particulièrement sur l’accès aux marchés agricoles
et non agricoles.

Besoins des PMA et santé publique

Concernant les évaluations de besoins des PMA relatives à l’application
retardée de l’Accord sur les ADPIC, le Conseil a examiné des rapports soumis
par la Sierra Leone et l’Ouganda sur les besoins en coopération technique et
financière (documents IP/C/W/499 et IP/C/W500 respectivement). Dans la
déclaration du gouvernement au Conseil, le représentant Ougandais a exprimé
l’espoir de voir « les partenaires développés entendre leurs attentes » et
leur fournir l’assistance et le transfert de technologie nécessaires.

Plus particulièrement, ce gouvernement a exprimé son souhait de travailler
au développement d’une industrie locale créative et innovante et d’une base
technologique. Il a également insisté sur l’importance du traitement spécial
et différencié à son égard en tant que PMA, « tout particulièrement en
termes de droit explicite à une politique de flexibilité maximum.»

Les besoins identifiés par l’Ouganda incluent la constitution d’une
politique et un cadre légal de propriété intellectuelle mais également
l’administration, la mise en application, l’innovation et le transfert de
technologie ainsi que l’utilisation de la propriété intellectuelle pour le
développement. L’Ouganda a établi un plan de développement de capacité à
long terme. L’évaluation des besoins de la Sierra Leone est très similaire à
celle de l’Ouganda, mais était plus détaillée.

Le Conseil a accepté de repousser le délai de ratification d’un amendement
sur la santé publique de l’Accord 2005 sur les ADPIC lorsque seulement 11
des 100 membres de l’OMC requis l’ont ratifié. La date limite fixée à fin
2007 a été repoussée à 2009. L’amendement rend permanente la clause
dérogatoire de l’Accord sur les ADPIC qui autorise l’exportation de
médicaments dont la fabrication requiert obligatoirement une licence vers
les pays ne disposant pas des capacités de production. Pour le moment cette
clause dérogatoire est disponible au sein d’un accord temporaire datant
d’août 2003. Il apparaîtrait désormais qu’une majorité des 151 membres de
l’OMC co-sponsorisent cette proposition d’amendement puisqu’il y avait 11
co-sponsors avant l’adhésion des 41 pays du Groupe Africain. Mais, selon
certaines sources, des 50 pays dans le Groupe des PMA, 32 sont dans l’OMC,
11 sont en cours d’accession et 7 ont exprimé leur souhait d’intégrer
l’organisation.

Toujours durant cette réunion, un rapport a été présenté sur la toute
première notification par les gouvernements de l’utilisation du paragraphe 6
de la Déclaration Doha sur les ADPIC et la santé publique de 2001. Le Rwanda
et le Canada ont informé l’OMC de leur projet de mettre en application la
clause dérogatoire de l’Accord sur les ADPIC qui autorise les pays ne
disposant pas des capacités de production à importer des médicaments dont la
fabrication requiert obligatoirement une licence. D’après plusieurs
participants, les notifications pourraient aider à faire face aux
inquiétudes selon lesquelles la clause du paragraphe 6 est trop complexe
pour être utilisée par les pays les moins avancés; pour preuve, les années
qui ont passé avant qu’un membre ne l’utilise.

D’autre part, les documents qui circulaient lors de cette réunion montraient
bien que toutes les organisations internationales classiques sauf l’OMC
avaient soumis leurs rapports sur les questions liées aux ADPIC. Cette
omission ne fut pas expliquée. Par ailleurs, l’Union Européenne a préparé la
voie vers la ratification de l’amendement des ADPIC sur la santé publique,
après s’être engagée à ne pas inclure de clause de propriété intellectuelle
qui pourrait freiner l’accès aux médicaments dans des accords de
libre-échange qu’elle négocie avec les pays les moins avancés. Le 23
octobre, le Parlement Européen a donné son feu vert pour cet accord.
L’engagement a été pris au sein d’un accord conclu entre les trois
institutions politiques les plus importantes de l’UE.

Prochaines dates au programme pour les réunions du conseil sur les ADPIC en
2008: 26-27 février, 17-18 juin, et les 28-29 octobre.