Le virus A éclipse d'autres virus silencieux qui tuent par millions
WASHINGTON (AFP) Le virus A (H1N1), à l'origine de l'épidémie actuelle de
grippe porcine dont les symptômes sont le plus souvent bénins, éclipse des
maladies infectieuses responsables de millions de morts chaque année sur la
planète.
La grippe saisonnière frappe ainsi entre 57.000 et 96.000 personnes par
semaine dans le monde dont 4.800 à 9.600 y succombent alors que le virus
apparu au Mexique n'a contaminé en une dizaine de jours que 1.085 personnes
dans 21 pays et fait 27 morts dont 26 aux Mexique et un aux Etats-Unis.
"Cette infection se comporte comme une grippe saisonnière typique pas comme
la pandémie de 1918", explique à l'AFP le Dr James Nataro, épidémiologiste
de l'Université du Maryland (est des Etats-Unis).
Le nombre de cas et de morts attribués au virus A (H1N1) reste faible
comparé à celui constaté chaque année pour la grippe saisonnière, poursuit
ce médecin notant la virulence modérée du virus.
Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), près de 90% des décès
résultant de maladies infectieuses sont dus à six infections (tuberculose,
pneumonie, diarrhée, rougeole, paludisme et sida) touchant surtout les pays
en développement et intermédiaires.
Le sida fait plus de deux millions de morts par an et plus de 33 millions de
personnes dans le monde sont porteuses du virus.
La tuberculose, revenue en force ces dernières années, tue 1,5 million de
personnes annuellement et plus d'un demi-million de cas, sur les 9,27
millions qui apparaissent chaque année, sont des tuberculoses
multi-résistantes aux antibiotiques apparues depuis 2006 surtout en Chine.
Enfin une forme virtuellement incurable de tuberculose, dite "intensivement
résistante", s'est développée dans 37 pays depuis deux ou trois ans, dont
cinq anciennes républiques soviétiques.
La rougeole, la plus contagieuse des maladies infectieuses, fait quelque
900.000 morts chaque année dans les pays en développement en raison d'un
manque de vaccination.
Le paludisme provoqué par un parasite transmis par la piqûre du moustique
anophèle affecte de 300 à 500 millions de personnes dont 1,5 à 2,7 millions
-- surtout de jeunes enfants -- décèdent tous les ans pour la plupart en
Afrique.
Outre ces grands fléaux infectieux, le virus le plus dangereux est celui de
l'Ebola, transmis par le sang, le sperme ou la salive, et dont le taux de
mortalité peut atteindre 90%.
Apparu en 1976 dans la République du Congo, il provoque une fièvre
hémorragique foudroyante. Ce virus ressurgit régulièrement depuis, dont la
dernière fois en 2008. Il a toujours été contenu à un petit groupe.
Son pouvoir dévastateur a inspiré le film Outbreak en 1995 avec Dustin
Hoffman.
Les virus sont classés en quatre catégories, selon le danger qu'ils
représentent, en prenant en compte à la fois leur capacité de se propager
aisément et le taux de mortalité provoqué.
Le niveau 4 inclut notamment les virus Ebola, de la dengue (transmis par un
moustique) et le H1N1 responsable de la grande pandémie de 1918 qui fit de
20 à 50 millions de morts.
Le plus grand danger infectieux pour l'homme provient de la grande
variabilité génétique d'un pathogène commun comme celui de la grippe,
relèvent les spécialistes des maladies infectieuses.
C'est la raison pour laquelle, explique à l'AFP le Dr Neal Cohen,
épidémiologiste à la faculté de médecine du Hunter College (New York) "nous
devons suivre le virus de la grippe porcine car il pourrait muter de
nouveau".
"Qu'il mute ou non, il pourrait très bien réapparaître pendant l'automne ou
l'hiver prochain", ce qui laissera assez de temps pour développer un vaccin
qui fournira une certaine protection, ajoute-t-il.
Copyright © 2009 AFP