[e-med] L'efficacité des antipaludéens diffère sur le continent africain

L'efficacité des antipaludéens diffère sur le continent africain
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[Date: 2009-04-14]
Illustration associée à l’article

D'après une étude internationale sur le paludisme menée par des chercheurs
du Royaume-Uni, l'efficacité de l'antipaludéen sulfadoxine peut varier sur
le continent africain; en effet, dans diverses régions du continent, les
parasites de la maladie ont développé des mutations de résistance
différentes à la maladie.

Les résultats de l'étude, publiés par la revue en ligne PLoS Medicine, ont
mené les experts à appeler à davantage de coordination au niveau des
campagnes de lutte contre le paludisme en Afrique. En effet, la coordination
des programmes au niveau des régions où les parasites ont développé des
modèles similaires de résistance serait beaucoup plus efficace que si les
chercheurs travaillaient de manière isolée.

En Afrique subsaharienne, le parasite plasmodium falciparum, transmis par
les moustiques et responsable du paludisme, est à l'origine de près d'un
million de décès chaque année. Jusqu'à récemment, on administrait aux
patients de la chloroquine et de la sulfadoxine-pyriméthamine; cependant,
l'efficacité de ces deux médicaments semble être affaiblie par un phénomène
croissant de résistance en raison de la mutation du parasite transmis par le
moustique.

Les scientifiques ont découvert que la résistance à la chloroquine et à la
pyriméthanine a débuté dans les années 1970-1980 en Asie et s'est ensuite
répandue en Afrique. Toutefois, les mutations provoquant une résistance à la
sulfadoxine ne sont apparues que dans les années 1990, et ne se sont pas
encore totalement répandues sur le continent.

Les chercheurs ont eu recours à des analyses génétiques pour déterminer la
manière dont la résistance à la sulfadoxine se répand. L'objectif était de
déterminer les origines géographiques des parasites résistants aux
médicaments.

L'équipe a analysé les échantillons sanguins prélevés sur des patients
africains atteints de paludisme. Les chercheurs ont trouvé cinq séquences
génétiques majeures, chacune d'entre elles ayant une distribution
géographique unique. Ils ont également découvert que les parasites
possédaient des bases moléculaires différentes pour la résistance à la
sulfadoxine et différents modèles de résistance dans l'Est et l'Ouest de
l'Afrique. La découverte des différentes formes de résistance constitue une
percée particulièrement importante, car elle permet de montrer que
l'efficacité de la sulfadoxine varie à travers le continent africain.

Les chercheurs ont également étudié l'émergence de la résistance des
parasites à la sulfadoxine dans différentes régions d'Afrique et ont
découvert que les modèles internes d'immigration et de transport seraient
probablement l'une des raisons de l'émergence de souches distinctes de
résistance dans ces régions.

Le chercheur principal, Dr Cally Roper de la London School of Hygiene and
Tropical Medicine au Royaume-Uni, explique: «Nos résultats laissent entendre
que l'efficacité de la sulfadoxine en tant qu'antipaludéen varierait en
fonction des régions sur le continent africain. Ils ont également permis de
souligner la nécessité de coordonner les campagnes de lutte contre le
paludisme à travers les régions africaines semblables sur le plan
socio-économique plutôt que de se concentrer uniquement sur les territoires
nationaux, afin de réduire plus efficacement la charge de la maladie sur le
continent.»

Pour de plus amples informations, consulter:

London School of Hygiene and Tropical Medicine:
http://www.lshtm.ac.uk

PLoS Medicine:
http://www.plosmedicine.org

LIRE EGALEMENT: 29734, 29959, 30521

Catégorie: Divers
Source des informations: London School of Hygiene and Tropical Medicine;
PLoS Medicine
Référence du Document: Hay S.I., et al. (2009) A world malaria map:
Plasmodium falciparum endemicity in 2007. PLoS Medicine 6:e1000048. DOI:
10.1371/journal.pmed.1000048.
Codes de Classification de l'Index des Sujets: Coordination, coopération;
Prestations/services de soins de santé ; Médecine, santé; Recherche
scientifique

RCN: 30680

Je ne sais pas comment on recherche les résistances à la Sulfadoxine, mais ma question est: a t'on analysé les médicaments utilisés dans les pays? Il y a semble t-il beaucoup de sous dosages.
Il en est de même avec Artésunate - Amodiaquine
Serge Barbereau

Je pense que Serge pose une problématique très intéressante ici. Vu le
nombre de molécules qui circulent dans nos pays respectifs et les
précautions prises (telles les labos de contrôle et autres sites sentinelles
de surveillance, les cahiers de charges pour les acquisitions via les appels
d'offres, etc.) pour prévenir la mise a disposition de médicaments de
qualité douteuse (sous dosage, contrefaçons, etc.), on est effectivement en
droit de se poser la question de savoir si les médicaments dont il est
question en général, et la sulfadoxine en particulier ont déjà franchit ce
premier cap c'est-à-dire qu'il y a surement et certainement la qualité
requise en terme de dosage et tout ce qui s'ensuit avant de poser
l'hypothèse de résistance. Parce que c'est quelque chose qui sera lourd de
conséquences si c'était avéré que c'est bien des cas de résistance.

Serigne Diagne
MSH/SPS
Dakar/Senegal

La résistance à la sulfadoxine est décrite dans la littérature depuis de
nombreuses années. L'implication de facteurs biochimiques associés à
l'utilisation des folates en serait la cause, et est mise en évidence par
l'étude des mutations des gènes codant pour ces facteurs.
L'utilisation de la sulfadoxine - pyriméthamine (SP) entraîne l'émergence
rapide de résistances car les deux principes actifs ont un mode d'action
similaire. C'est pourquoi l'association artésunate - SP est recommandée
dans plusieurs pays d'Afrique, l'artésunate devant limiter l'émergence de
résistance à la SP. Mais le prix très réduit de la SP seule en fait le
médicament de choix en monothérapie suite à l'arrêt de l'utilisation de la
chloroquine.
Suite à cette utilisation massive, le nombre de génériques SP est tellement
important qu'il doit y avoir effectivement des formulations de qualité
douteuse ou contrefaites, qui amplifient certainement l'acquisition de
résistance de la part des plasmodium.

Pascal MILLET
Université de Bordeaux

Bonjour

Effectivement l'action gametocide rapide (de courte duree) permet la survie et duplication des mutations responsables de la resistance, par contre l'Artesunate a une action gametocide plus tardive et prolongee.

Conclusion: du point de vue efficacite therapeutique le S/P en monotherapie peut etre un bon choix UNIQUEMENT s'il n'existe pas des souches resistantes, si la resistance est en progression (voir les seuils RBM/OMS) il vaut mieux utiliser un ACT.

Cependant:

Il faut toujours mesurer combien des personnes risqueront de mourir a cause d'un traitement inefficace et le comparer a combien auront acces (et survivront?) a ce meme traitement car moins cher.???

Et voici a nouveau les CHOIX a faire en fonction de plusieurs facteurs dont l'ETHIQUE MEDICALE ne devrait pas etre oubliee

Bonne journee

Dr Marlon Garcia Lopez
Public Health, Epidemiology

& Tropical Medicine Specialist
marlon-shsp@laopdr.com
mvgarcia@hotmail.com

Bonjour

Merci pour ces précisions qui présentent les implications biologiques (létalité des gamétocytes) des caractéristiques cinétiques des différents principes actifs.
La question de la mise à disposition des patients de formulations combinées a été liée à la nécessité d'administrer des matières actives non seulement ayant des modes d'actions différents sur les parasites, mais aussi ayant des cinétiques de distribution différente (en général on combine un principe actif vite absorbé et vite éliminé, demi-vie courte, avec un principe actif de plus longue demi-vie, de façon à garder une concentration sanguine efficace en limitant la fréquence des prises).
N'y aurait-il pas parmi les e-médiens quelqu'un qui pourait trouver dans la biblio des schémas comparatifs des biodisponibilités des différentes formulations, avec les arguments qui détaillent d'une part les conséquences en matière de résistance des parasites, mais aussi les conséquences en termes d'effets secondaires constatés de façon améliorer notre connaissance de la nécessité de ces schémas thérapeutiques complexes.

Bien sûr, il reste que l'approche de santé publique doit être un élément d'appréciation majeur, mais la compréhension des différentes contraintes galéniques et pharmacologiques permet sans doute de faire les meilleurs choix.

Hélène DEGUI, hdeguifr@yahoo.fr
tel : 06 62 40 29 84