[e-med] Les députés français votent l'arrêt de la réutilisation des MNU

[en attendant les résultats du vote des sénateurs voici 2 articles publiés
dans la presse en France sur l'exportation des MNU.CB]

Cyclamed, le système de recyclage de médicaments, bientôt interdit
LE MONDE | 23.01.07 | 14h09 . Mis à jour le 23.01.07 | 14h09

Apparemment généreuse, l'idée s'est révélée contre-productive au fil des
ans. La redistribution à des fins humanitaires des médicaments rapportés en
pharmacie, organisée par Cyclamed, devrait être prochainement interdite en
France.
Après l'Assemblée nationale, le Sénat devrait voter, mercredi 24 janvier, la
fin de ce dispositif, par le biais d'un amendement gouvernemental au projet
de loi transposant une directive européenne sur le médicament. Les
particuliers sont toutefois invités à continuer à ramener leurs médicaments
non utilisés dans les officines, Cyclamed poursuivant la collecte pour les
détruire par incinération.

Créé en 1993 par l'industrie pharmaceutique pour contribuer au recyclage des
emballages de ses produits, le dispositif Cyclamed s'est progressivement
essoufflé : en 2003, il n'a recueilli que 5,7 % des médicaments non
utilisés, le reste partant dans les ordures ménagères, de façon non
sécurisée. Une faible part (5 %) de ces médicaments récupérés sont confiés à
des organisations humanitaires. La France est aujourd'hui le seul pays
européen à avoir encore recours à ce système dans le cadre de programmes
d'aide internationale.

EFFETS PERVERS
En 2005, un rapport de l'inspection générale des affaires sociales avait
souligné les nombreux effets pervers de l'envoi de ces médicaments aux pays
du tiers-monde. Outre que leur qualité et leur traçabilité ne sont en rien
assurées, ils s'avèrent peu adaptés aux besoins des populations
destinataires - on y trouve essentiellement des produits de confort et très
peu d'antibiotiques. L'envoi massif de boîtes libellées dans une langue
inconnue des médecins locaux s'est parfois révélé totalement inutile. "Lors
du tsunami, en 2005, on a expédié une quantité telle de médicaments qu'il a
fallu envoyer des pharmaciens sur place pour détruire ensuite les stocks",
affirme Jean Parrot, président du conseil de l'ordre des pharmaciens.
Malgré les précautions des organisations humanitaires, ces médicaments
alimentent souvent les trafics de rue, au mépris de la sécurité des
patients. Par ailleurs, ils désorganisent les politiques pharmaceutiques
locales. "Les pays en voie de développement ont mis en place leur propre
réseau d'acquisition de médicaments, avec une liste de génériques qu'ils
achètent en se regroupant auprès des laboratoires pharmaceutiques", affirme
Ghislaine Soulier, de Pharmaciens sans frontières-Comité international, qui
rappelle que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) proscrit
l'utilisation de médicaments de collecte depuis 1996.
Décidé à mettre fin au dispositif, le ministère de la santé accordera 18
mois, par décret, aux organisations humanitaires qui utilisaient le
dispositif Cyclamed, afin qu'elles puissent changer de stratégie. Des
contacts ont déjà été pris entre Les entreprises du médicament (Leem) qui
représentent les laboratoires pharmaceutiques, Médecins du Monde et l'Ordre
de Malte. Au lieu de médicaments collectés, le Leem s'engage, à hauteur de 3
à 5 millions d'euros par an, à fournir à ces organisations des génériques
neufs en fonction de leurs besoins.
Cécile Prieur