E-MED: L'impact du sida sur le d�veloppement durable
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Discours � la s�ance pl�ni�re du
Sommet mondial pour le d�veloppement durable,
http://www.unaids.org/whatsnew/newadds/index.html
Johannesburg, 30 ao�t 2002
par
Peter Piot,
Directeur ex�cutif
Monsieur le Pr�sident, Distingu�s D�l�gu�s,
Le SIDA est l�ombre qui plane sur toutes les d�lib�rations de ce sommet. Si
nous continuons � permettre au SIDA d��puiser les ressources humaines � une
cadence de plus en plus rapide, le d�veloppement durable sera impossible. C�
est tout simple, si vous ne survivez pas, vous ne pouvez pas vous
d�velopper.
La r�alit�, c�est que dans les pays les plus touch�s par l��pid�mie de SIDA,
nous sommes au d�but d�une crise des ressources humaines qui ne peut que s�
aggraver � moins que les personnes infect�es ne soient trait�es et les
efforts de pr�vention s�rieusement �largis. Cette crise va non seulement
mettre en p�ril le progr�s vers un d�veloppement durable, mais elle va m�me
� d�-d�velopper � certains pays parmi les plus touch�s.
D�apr�s la mesure du d�veloppement la plus fondamentale � l�esp�rance de
vie � le SIDA a d�j� effac� cinquante ans de progr�s dans les pays les plus
s�rieusement atteints. A travers toute l�Afrique subsaharienne, l�esp�rance
de vie est aujourd�hui de 47 ans � sans le SIDA, elle aurait �t� de 62 ans.
L�Afrique n�est pas seule � ressentir cet impact. Par exemple, en Ha�ti, six
ans ont �t� supprim�s de l�esp�rance de vie � cause du SIDA, et au Cambodge
quatre ans.
L�impact du SIDA est fondamentalement un impact humain. Le SIDA fait
dispara�tre en grand nombre les enseignants, les agriculteurs, les mineurs,
les m�decins et les administrateurs. Le SIDA arrache les ressources et les
capacit�s humaines dont d�pend l�avenir du d�veloppement durable.
L�interconnexion du d�veloppement, de la population, de l�environnement, de
la sant�, du commerce et de la stabilit� n�est jamais mieux illustr�e que
dans le domaine du SIDA.
Laissez-moi prendre juste deux exemples :
Tout d�abord, les jeunes. La moiti� de toutes les infections touchent les
personnes de moins de 25 ans. Dans de nombreux pays parmi les plus pauvres,
la premi�re moiti� de ce si�cle verra une pouss�e majeure de la population
des jeunes. C�est cette jeune g�n�ration qui se pr�pare � �tre d�vast�e par
le SIDA. Certains mourront pr�matur�ment, mais un bien plus grand nombre
verront leur vie d�stabilis�e.
Des millions d�enfants seront priv�s des soins et des conseils des adultes.
Une g�n�ration de jeunes ravag�e par le SDA constitue non seulement une
trag�die humaine, mais repr�sente une menace fondamentale pour la s�curit�
communautaire. Dans un tel contexte, les soci�t�s elles-m�mes ne peuvent
durer.
Deuxi�mement, la vie en milieu rural. Le SIDA �branle la s�curit�
alimentaire tandis que les r�serves de nourriture, le b�tail et les terres
sont vendus pour payer les co�ts de la sant�. L�appauvrissement suit
rapidement l�apparition du SIDA. Dans l�agriculture, la perte des
comp�tences signifie que l�impact du SIDA sur l�alimentation aura des
retentissements pendant des g�n�rations. Alors que l�urbanisation se
poursuit, les zones rurales menacent de devenir les d�positaires non
durables d�individus tr�s jeunes, tr�s �g�s et de malades. Et le SIDA
exacerbe les crises alimentaires, telles que celle que l�on voit �merger
aujourd�hui en Afrique australe.
Certains pays parmi les plus pauvres du monde ont montr� que ces
r�percussions peuvent �tre �vit�es � mais seulement avec une action contre
le SIDA � grande �chelle. La mise en �uvre compl�te des strat�gies de
pr�vention existantes, et qui ont fait leurs preuves, d�ici � 2005 �viterait
29 millions de nouvelles infections � VIH au cours de cette d�cennie. De
m�me, le traitement du VIH a fait chuter la mortalit� due au SIDA dans les
pays � revenu �lev�, ainsi que dans des contextes moins riches, comme au
Br�sil. Mais dans les pays � faible et moyen revenus � travers le monde, ce
traitement atteint actuellement moins de 300 000 personnes sur les 6
millions dont il sauverait la vie.
Un consensus mondial a d�j� �t� atteint sur les cl�s du succ�s dans le
domaine du SIDA. La r�ussite du combat contre le SIDA fait partie int�grante
des Objectifs de d�veloppement du Mill�naire, et d�ailleurs, les buts du
progr�s de l��ducation et de l��mancipation des femmes sont des �l�ments
essentiels du combat contre le SIDA.
Ce n�est qu�en rassemblant les forces que nous parviendrons � vaincre cette
�pid�mie. C�est la raison pour laquelle l�ONUSIDA est un programme commun
qui unit dans un m�me effort huit organismes du syst�me des Nations Unies.
En dirigeant la lutte mondiale contre le SIDA, l�ONUSIDA est engag� dans un
partenariat qui optimise les ressources disponibles � en provenance de
sources multilat�rales et des pouvoirs publics, de la soci�t� civile et des
entreprises.
Investir dans le SIDA est un bon investissement, mais nous sommes encore
loin du financement requis pour inverser la propagation du VIH, traiter les
personnes infect�es et soutenir les orphelins laiss�s pour compte. L�ONUSIDA
estime que, dans les pays � faible et moyen revenus, les d�penses relatives
au SIDA doivent s��lever pour atteindre 10 milliards de dollars des
Etats-Unis par an, soit trois fois le niveau actuel.
Trouver ces ressources est notre d�fi collectif.
Si le monde veut avoir la moindre chance de r�aliser ses aspirations � un
d�veloppement durable, alors notre programme d�action doit inclure une
attaque � grande �chelle contre le SIDA.
Cette derni�re comporte quatre �l�ments indispensables :
Premi�rement, des engagements s�rieux en mati�re de ressources pour financer
pleinement les programmes de pr�vention et de traitement du SIDA, partout
dans le monde, afin d�atteindre les cibles convenues dans la D�claration d�
engagement adopt�e par l�Assembl�e g�n�rale des Nations Unies et incluses �
nouveau dans la proposition de plan d�action de ce Sommet.
Deuxi�mement, le leadership � la fois des gouvernements et des communaut�s
requis pour briser le silence qui entoure le SIDA et d�velopper les
capacit�s de riposte.
Troisi�mement, l�int�gration de l�action contre le SIDA dans la pratique du
d�veloppement � travers les divers secteurs, au sein des pouvoirs publics et
de la soci�t� civile,
Quatri�mement, un engagement majeur pour rem�dier � la crise des ressources
humaines provoqu�e par le SIDA, engagement qui va d�une pr�vention accrue et
un traitement accessible, � l�investissement dans de nouveaux mod�les de
d�veloppement qui reconstruisent les capacit�s humaines en partant de la
communaut�.
Mesdames et Messieurs, le choix est clair.
Tourner le dos � l��pid�mie et, dans les pays les plus touch�s, le
d�veloppement continuera � glisser rapidement vers le � non-d�veloppement �.
Mais agir dans la bonne direction et en partenariat, et les cons�quences de
l��pid�mie de SIDA peuvent �tre invers�es.
Merci.
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