[e-med] L'OMS appelle à plus de surveillance de l'efficacité des antipaludéens

Communiqué de presse OMS
L'OMS appelle à plus de surveillance de l'efficacité des antipaludéens
La surveillance nationale est une mesure essentielle pour prévenir l’émergence
d’une résistance aux antipaludéens.
18 novembre 2010 | GENÈVE | 18 NOVEMBRE 2010 --
http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2010/malaria_20101118/fr/index.html

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) appelle les pays à être de plus
en plus vigilants en matière de surveillance de l’efficacité des
antipaludéens afin de permettre la détection précoce d’une résistance à l’artémisinine
1. C’est l’une des conclusions du rapport mondial sur l’efficacité des
antipaludéens et la pharmacorésistance: 2000-2010 (Global report on
antimalarial drug efficacy and drug resistance: 2000-2010), publié aujourd’hui.
Ce rapport se fonde sur 1100 études conduites par les programmes nationaux
de lutte antipaludique et des instituts de recherche au cours des 10
dernières années.

Le rapport estime que seuls 34% des pays d’endémie palustre se conforment
aux recommandations de l’OMS préconisant de surveiller systématiquement l’efficacité
des antipaludéens de première et deuxième intentions 2 .

«Un engagement politique accru pour soutenir la surveillance nationale de l’efficacité
des antipaludéens est essentiel pour prévenir l’émergence accrue de la
résistance à l’artémisinine», a déclaré le Dr Pascal Ringwald de l’Unité
Pharmacorésistance et endiguement du Programme mondial de lutte
antipaludique de l’OMS, l’un des auteurs du rapport.

Épisode de résistance confirmé en Asie

En février 2009, l’OMS a confirmé qu’une résistance à l’artémisinine était
apparue à la frontière thaïlando-cambodgienne. Bien que les sujets infectés
aient été guéris suite à un traitement par une association médicamenteuse
comportant de l’artémisinine (ACT), leur guérison a demandé davantage de
temps. Dans les zones de résistance à l’artémisinine, les taux de guérison
élevés observés dépendent en grande partie de l’efficacité de la composante
autre que l’artémisinine de l’association.

Néanmoins, il est constaté dans le rapport que les ACT actuellement
recommandées par les programmes nationaux de lutte antipaludique restent
efficaces pour le traitement du paludisme, avec des taux de guérison
généralement supérieurs à 90%. Dans les pays où l’ACT actuellement
recommandée a un taux de guérison inférieur à 90%, un changement de
politique est en cours afin de mettre en œuvre un traitement de remplacement
efficace.

«L’émergence de la résistance à l’artémisinine à la frontière
thaïlando-cambodgienne a rappelé au monde qu’il était impératif d’en
prévenir la propagation et de renforcer la surveillance pour conserver les
ACT qui sont les seuls traitements efficaces dont nous disposons contre le
paludisme à falciparum», a indiqué le Dr Robert Newman, Directeur du
Programme mondial de lutte antipaludique de l’OMS. «Des interventions
rapides seront essentielles pour maintenir les progrès enregistrés dans la
lutte antipaludique et atteindre les objectifs du Millénaire pour le
développement liés à la santé.»

Inquétude concernant une propagation vers l'Afrique

Des efforts visant à endiguer la propagation de la résistance à l’artémisinine
sur la frontière thaïlando-cambodgienne sont déployés depuis novembre 2008.
Toutefois, les premiers signes d’une résistance aux artémisinines pourraient
bien être en train d’apparaître à la frontière séparant la Thaïlande du
Myanmar. On s’inquiète également d’une éventuelle propagation de la
résistance depuis la frontière thaïlando-cambodgienne jusqu’en Afrique,
comme cela a été le cas avec des antipaludiques tels que la chloroquine et
la sulfadoxine/pyriméthamine dans les années 1960 et 1970.

«La résistance aux antipaludiques est comme un cancer, il faut la combattre
à tous les niveaux – les pays touchés doivent être en première ligne pour
combattre l’émergence de la pharmacorésistance. L’OMS doit être habilitée à
prendre la direction des opérations et soutenue en cela. Il est
indispensable de protéger les ACT qui constituent le meilleur traitement
contre le paludisme pour des millions de personnes», indique le Professeur
Nicholas J. White de la Mahidol-Oxford Research Unit de Bangkok, Thaïlande.

Depuis 1973, l’OMS a fourni un soutien aux programmes nationaux de lutte
antipaludique pour qu’ils surveillent la pharmacorésistance en actualisant
régulièrement le protocole normalisé d’étude de l’efficacité thérapeutique,
en soutenant et en coordonnant le recueil, l’analyse et la notification des
données, et en préconisant un usage approprié des tests supplémentaires
nécessaires pour confirmer une résistance.

Un Plan mondial d’endiguement de la résistance

Les spécialistes scientifiques ont continué d’enquêter sur la manière dont
la résistance à l’artémisinine apparaît et les raisons particulières qui
favorisent cette émergence. En général, la résistance aux antipaludiques
apparaît d’abord à l’occasion d’une modification rare et spontanée de la
plasmodie. De nombreux facteurs influent sur l’aptitude ultérieure de la
souche résistante à survivre et à se propager, notamment le recours à des
médicaments non conformes aux normes et à des monothérapies basées sur l’artémisinine.
Toutefois, il ne fait aucun doute que, si l’efficacité de la composante
artémisinine continue de baisser, le risque qu’une résistance aux
médicaments autres que l’artémisinine utilisés dans les associations
apparaisse va augmenter.
Actuellement, les efforts en matière de recherche se poursuivent pour
découvrir et mettre au point de nouveaux médicaments pour le traitement du
paludisme.

En réponse aux résultats présentés dans ce rapport, l’OMS collabore avec ses
partenaires à l’élaboration d’un Plan mondial d’endiguement de la résistance
à l’artémisinine, qui sera publié en janvier 2011. Lors de la Journée
mondiale de la Santé de 2011, l’OMS lancera une campagne de sensibilisation
publique à la résistance aux antimicrobiens et à sa propagation mondiale,
demandant aux pouvoirs publics et aux parties prenantes de mettre en œuvre
les politiques et les pratiques nécessaires afin de sauvegarder des
médicaments pour les générations futures.

Liens
Rapport mondial sur l’efficacité des antipaludéens et la
pharmacorésistance - en anglais
http://www.who.int/malaria/publications/atoz/9789241500470/en/index.html
Programme mondial de lutte antipaludique
http://www.who.int/malaria/fr/index.html

1 L’artémisinine et ses dérivés entrent dans la composition des cinq
associations médicamenteuses comportant de l’artémisinine (ACT) recommandées
par l’OMS pour le traitement du paludisme à falciparum simple.
2 Le traitement de première intention est le traitement initial administré à
un patient. S’il n’est pas efficace, on a recours à un traitement de seconde
intention.
Pour plus d’informations, veuillez contacter:
Samantha Bolton
Chargée de communication
OMS, Genève
Programme mondial de lutte antipaludique
Courriel:samanthabolton@gmail.com
Fadela Chaïb
Responsable de communication
OMS, Genève

Tél.: +41 22 791 32 28
Portable: +41 79 475 55 56
Courriel: chaibf@who.int

Chers tous,
C'est quand même inquiétant de constater que " seuls 34% des pays
d’endémie palustre se conforment aux recommandations de l’OMS
préconisant de surveiller systématiquement l’efficacité des
antipaludéens de première et deuxième intentions 2"

Il faut que les stratégies de l'OMS prennent sérieusement en compte cette donne.

Bien à vous.

Chers Emediens,

Je suis d'avis que la surveillance de l'éfficacité des antipaludiques est une nécessité impérieuse cependant cette surveillance ne pourra donner des résultats et un impact certain si au départ les pays auront faits des efforts pour organiser les systèmes pharmaceutiques(réglementation appliquée) et aussi un système de suivi de l'usage rationnel des médicaments. Si ces élements ne sont ni mise en place, ni organisé et ni suivi et évalué ... on n'assistera à une surveillance dont les résultats sont connus d'avance c'est à dire l'augmentation certaine de la résistance (pire sans mesures correctives)

C'est un point de vue....

Franck Biayi
Pharmacien
Kinshasa/RDC
Tél:+243818125838

Faut-il encore que les protocoles de l'OMS soient respectés. Que dire des
dons qui sont "imposés" en Afrique par la diplomatie chinoise ??

Serge Barbereau

La surveillance de la résistance aux antipaludiques ne peut se faire
qu'à partir d'un Département de pharmacovigilance indépendant
travaillant sur l'efficacité et la sécurité d'utilisation, mis en place
au niveau de chaque pays. Pour être rentable, il devrait être également
appliqué aux antibiotiques pour lesquels nous n'avons que très peu
d'études sur l'état des résistances dans les pays à ressources limitées.

Pascal MILLET, PhD HDR

European Coordinator, Erasmus Mundus tropEd

Master in International Health
Maître de Conférence - Praticien Hospitalier
UFR de Médecine
Université Victor Segalen Bordeaux2
146 rue Léo Saignat
33076 BORDEAUX Cedex
tel: (33)5 57 57 15 28
fax: (33)5 57 57 92 00
cel: (33)6 40 59 88 73
mail: pascal.millet@u-bordeaux2.fr <mailto:pascal.millet@u-bordeaux2.fr>

Je pense qu'il faut que l'OMS mobilise les ressources pouvant permettre aux pays endémiques (les programmes nationaux de lutte contre le paludisme) de réaliser le test d'évaluation de l'efficacité thérapeutique des antipaludiques selon son protocole (de l'OMS) d'une façon régulière.

Nous devons aussi savoir que la plupart de ces pays endémiques n'ont pas assez de moyens pour mener régulièrement cette activité. C'est ce qui expliquerait le faible pourcentage de pays à respecter ses recommandations en rapport avec la surveillance de l'efficacité des antipaludiques.

Dans ce cadre, il serait souhaitable que l'OMS renforce les réseaux existant notamment celui de l'Afrique Centrale (RACTAP) qui est presque hypofonctionnel.

Merci.

Ph. Séraphine KUTUMBAKANA
Diplômée en Santé Publique et Paludologue.

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