L'OMS "déplore" les saisies de médicaments génériques indiens par l'UE
GENÈVE - L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déploré jeudi que
l'Union européenne ait empêché plusieurs livraisons de génériques indiens en
transit sur son territoire, lors d'un débat houleux autour des médicaments
contrefaits durant son Assemblée générale à Genève.
"Permettez-moi d'être clair. L'OMS déplore ce qui s'est passé", a expliqué
un responsable de l'OMS, le docteur Hendrick Hogerzeil, lors d'une
conférence de presse sur la lutte contre la contrefaçon de médicaments.
Plusieurs stocks de médicaments génériques ont été stoppés dans plusieurs
pays de l'Union européenne ces dernières années alors qu'ils étaient en
transit.
Le premier cas remonte à fin 2008-début 2009 quand les Pays-Bas ont retenu
un bateau venant d'Inde et qui faisait escale à Rotterdam avant de rejoindre
le Brésil. Il était chargé de caisses de Losartan, un médicament prescrit
dans le traitement de l'hypertension artérielle.
Le navire avait été renvoyé à son expéditeur, pour "violation de propriété
intellectuelle".
"Nous avons demandé aux deux Pays-Bas et l'UE à cette époque ce qui se
passait, et nous leur avons demandé de faire en sorte que cela ne se
reproduise pas", a poursuivi le Dr Hogerzeil, qui dirige le programme
Médicaments essentiels (destinés à répondre aux besoins de santé
prioritaires, ndlr) de l'OMS.
"Il s'agissait d'un usage abusif de la législation sur la contrefaçon",
a-t-il ajouté.
Le Brésil et l'Inde, grands producteurs de génériques, ont d'ailleurs porté
plainte le 12 mai contre l'UE auprès de l'Organisation mondiale du commerce
pour avoir empêché la livraison de ces génériques.
Dans leurs deux plaintes séparées, les deux pays accusent d'une même voix
Bruxelles d'avoir agi contre les règles du commerce mondial.
Les deux pays estiment que les pays développés utilisent le pretexte de la
lutte contre la contrefaçon pour empêcher la vente de génériques faisant
concurrence à ceux produits par leurs laboratoires.
La question est au coeur de débats vigoureux qui ont démarré mercredi dans
le cadre de l'Assemblée de l'OMS. Le Brésil et l'Inde ont exhorté
l'organisation à mettre fin à un partenariat établi en 2006 avec le Groupe
international de lutte contre la contrefaçon de médicaments (IMPACT),
représentant notamment des entreprises pharmaceutiques.
(©AFP / 20 mai 2010 17h31)