L'OMS, l'ONUSIDA et l'UNICEF recommendent la prophylaxis par le
cotrimoxazole chez l'enfant
[voir aussi ci-dessous le communiqué en fin de message qui n'est pas encore
traduit en français.CB]
Santé. Selon un essai mené en Zambie, le cotrimoxazole réduit quasiment de
moitié la mortalité.
L'antibiotique qui s'attaque au sida
http://www.liberation.fr/page.php?Article=255533
Par Sandrine CABUT
samedi 20 novembre 2004 (Liberation - 06:00)
c'est peut-être, enfin, une lueur d'espoir pour les centaines d'enfants qui
meurent chaque jour du sida, faute d'accès aux antirétroviraux. Une étude
menée en Zambie et publiée dans The Lancet daté d'aujourd'hui montre qu'un
antibiotique de faible coût, le cotrimoxazole, peut réduire quasiment de
moitié la mortalité des enfants atteints par le virus. Les résultats de cet
essai contre placebo ont été si impressionnants qu'il a été interrompu
prématurément, afin que tous les participants puissent recevoir
l'antibiotique. L'Unicef et l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ont
appelé à une prescription systématique du cotrimoxazole chez les enfants
séropositifs des pays en voie de développement. Pour l'instant, ce
traitement n'est recommandé que lorsque le taux de CD4 (qui traduit
l'évolution de la maladie) est inférieur à 15 %.
Impact. S'il est officialisé rapidement, le nouveau protocole pourrait avoir
un impact de santé public considérable : sur les 38 millions de personnes
vivant avec le VIH dans le monde, plus de deux millions sont des mineurs de
moins de 15 ans, selon les données d'Onusida. Et en 2003, le sida a tué près
de 500 000 enfants, soit plus de 1 300 par jour. L'étude publiée dans The
Lancet a été coordonnée par l'équipe britannique du Dr Gibb, du département
des essais cliniques internationaux. Elle a inclu 541 enfants âgés de 1 à 14
ans, à différents stades d'évolution de l'infection par le VIH. La moitié a
été traitée par du cotrimoxazole, un antibiotique (associant deux molécules)
utilisé de longue date pour lutter contre les infections opportunistes,
telle la pneumocystose. Les autres ont reçu un placebo. Après dix-neuf mois
de suivi, 112 des 269 enfants sous placebo étaient morts soit 42 %, contre
28 % dans le groupe cotrimoxazole. Au total, le risque de mortalité a chuté
de 43 % sous cotrimoxazole ; et celui d'hospitalisation de 23 %.
Résistance. Les succès ont été constatés quels que soient l'âge et le taux
de lymphocytes. Un résultat d'autant plus remarquable que la Zambie connaît
un fort taux de résistance à cet antibiotique. «Le mécanisme d'action du
cotrimoxazole dans cette étude n'est pas entièrement clair, reconnaissent
les chercheurs. Bien qu'il y ait, semble-t-il, une baisse de la mortalité
par infection pulmonaire dans le groupe cotrimoxazole, cela ne paraît pas
lié à un effet sur des pneumonies à pneumocystis, puisqu'aucun cas n'a été
confirmé.»
Outre ce champignon, l'antibiotique agit aussi sur des bactéries et des
parasites, dont le paludisme. Selon New Scientist, le coût d'un traitement
annuel par cotrimoxazole serait de l'ordre de 7 à 12 dollars par enfant. Un
budget négligeable par rapport à celui des antirétroviraux : 200 à 300
dollars pour les moins onéreux. Mais qui ne doit pas faire oublier que c'est
un choix par défaut. Le cotrimoxazole, «percée majeure», selon l'Unicef, est
bien moins efficace sur la mortalité que les antirétroviraux.