E-MED: L'ONU lance une bataille plan�taire contrele sida
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L'ONU lance une bataille plan�taire contrele sida
LE MONDE | 28.06.01 | 12h44
MIS A JOUR LE 28.06.01 | 15h30
http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3220--203420-,00.html
Malgr� de s�rieuses controverses sur le texte de la d�claration finale,
l'Assembl�e g�n�rale de l'Organisation affiche sa volont� de faire face �
une "crise mondiale" qui pourrait faire 100 millions de victimes d'ici �
2010.
NEW YORK (Nations unies) de nos envoy�s sp�ciaux
La premi�re session extraordinaire de l'ONU consacr�e au sida s'est
achev�e, mercredi 27 juin, par la publication d'une d�claration intitul�e
Crise mondiale, action mondiale dont la r�daction a fait l'objet de
s�rieuses controverses mai qui a pu, en d�finitive, �tre adopt�e �
l'unanimit�. Il s'agit l� d'un "premier plan de bataille" qui fixe des
objectifs assortis d'un calendrier en mati�re de mobilisation politique,
pr�vention, de soins et de traitements, de non-discrimination, des droits de
l'homme et de protection des "personnes vuln�rables".
C'est ce concept qui a �t� � l'origine des divergences publiques qui ont
marqu� l'ouverture de la conf�rence entre, d'une part, les pays musulmans,
parlant ici d'une seule voix, et, d'autre part, la quasi-totalit� des pays
occidentaux. Apr�s avoir �chou� lors de leur premi�re tentative lanc�e en
s�ance pl�ni�re, les pays islamiques ont r�ussi � bloquer, dans le texte
final, toute r�f�rence aux homosexuels masculins, aux toxicomanes et aux
prostitu�(e) s comme �tant les personnes les plus vuln�rables vis-�-vis de
l'infection par le VIH. Les pays occidentaux, qui ont d� accepter le
compromis pour atteindre le consensus, ontn�anmoins remport� des victoires
sur d'autres points, � savoir le r�le des femmes et leur droit � la
"ma�trise de leur sexualit�", une notion � laquelle certains pays musulmans
avaient �galement cherch� � s'opposer.
Se f�licitant de la session extraordinaire, qui signale que "le monde s'est
finalement r�veill� aux dangers et � la gravit� de la crise du sida", le
secr�taire g�n�ral, Kofi Annan, a �voqu� ces "douloureuses diff�rences"
entre les gouvernements pour ajouter que l'ONU est bien "le meilleur
endroit" pour qu'elles soient expos�es. Tout en se disant d��ues du
compromis sur le document final, la plupart des ONG, pr�sentes en force au
si�ge de l'ONU, reconnaissent que les Nations unies ont "fait ce qu'elles
ont pu" pour organiser une lutte mondiale contre la pand�mie, qui, si rien
n'est fait, pourrait tuer plus de 100 millions de personnes d'ici � 2010.
Les activistes d'Act Up ont cependant tenu � exprimer leur indignation sur
l'exclusion, dans le document final, de toute r�f�rence aux homosexuels.
"Cette d�claration, adopt�e par l'ensemble de la communaut� internationale,
montre que le monde ne donne pas de valeur � nos vies, nous qui avons d�but�
la lutte contre cette maladie", a d�clar� Eric Sawyer, le pr�sident
"historique" d'Act Up.
Un autre r�sultat tangible de cette session extraordinaire aura �t�
l'endossement du "Fonds mondial sida et sant�" lanc� en avril par Kofi
Annan. Rien n'est encore d�fini quant au statut de cette nouvelle
structure, tout comme ce qui concerne ses modalit�s de fonctionnement et le
mode de collaboration qui permettrait d'associer les agences onusiennes, les
initiatives gouvernementales et le secteur priv�. L'objectif chiffr� vis� �
r�unir chaque ann�e entre 7 et 10 milliards de dollars � appara�t
aujourd'hui tr�s ambitieux. Pour l'heure, et en d�pit du solide engagement
des Etats-Unis, moins d'un milliard de francs a pu �tre trouv�. Les plus
optimistes parient sur une dynamique internationale qui, esp�rent-ils,
devrait commencer � porter ses fruits dans les prochains mois. Des
contributions, celle du Japon notamment, devraient �tre annonc�es lors du
prochain G8 de G�nes.
PROFONDES DIVERGENCES
Lors de cette session, la pr�sence en force des chefs d'Etat africains a
mis en relief l'absence tr�s critiqu�e du pr�sident sud-africain Thabo
Mbeki, qui, paradoxalement, est actuellement pr�sent aux Etats-Unis et dont
on sait que le pays est l'un des plus touch�s par la pand�mie.
Interrog� � Washington, o� il rencontrait le pr�sident George Bush, M. Mbeki
a dit que l'Union europ�enne avait "impos�" une r�union au niveau
minist�riel plut�t qu'un sommet de chefs d'Etat. Les activistes ont aussi
d�nonc� l'absence des dirigeants d'agences de l'ONU, sauf celui de
l'Organisation internationale du travail (OIT). L'absence de tout
repr�sentant de la Commission europ�enne a �galement �t� d�nonc�e.
Cette session a aussi permis d'observer la r�surgence de profondes
divergences entre les pays europ�ens quant � la future strat�gie de lutte.
Pour Clare Short, secr�taire d'Etat britannique au d�veloppement � qui
estime que le Fond mondial devrait "revoir ses pr�tentions � la baisse, aux
alentours d'un milliard de dollars au maximum" �, l'effort prioritaire sinon
exclusif doit porter sur la pr�vention. Sur ce point, le Royaume-Uni est
rejoint par plusieurs pays nordiques comme le Danemark et la Finlande.
D'autres Europ�ens pr�nent une approche beaucoup plus �quilibr�e entre la
pr�vention et le traitement. "Quand on veut tout investir dans le champ de
la pr�vention, cela signifie-t-il, clairement, qu'il faut oublier ceux qui
sont d�j� touch�s par la maladie alors m�me que des traitements existent ?,
a d�clar� au Monde Bernard Kouchner, ministre fran�ais d�l�gu� � la sant�.
Je trouve cela tout simplement immoral."
Afsan� Bassir Pour et Jean-Yves Nau