E-MED: M�dicaments dangereux dans les PVD

E-MED : M�dicaments dangereux dans les PVD
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British Medical Journal N� 7122 Volume 315
Editorial, samedi 13 d�cembre 1997
(traduction Jerome Dumoulin)

M�dicaments dangereux dans les pays en voie de d�veloppement

Le march� peut �tre en meilleure sant� que les gens

Le march� pharmaceutique international montre de grandes diff�rences
r�gionales dans la disponibilit� et la promotion des m�dicaments(1). Cette
variation d�pend de la richesse, des exigences sanitaires, des capacit�s
locales de fabrication, et des restrictions que les pays peuvent imposer
pour contr�ler l'usage dangereux ou peu appropri� des m�dicaments (2,3). A
cause de leur base industrielle limit�e, la plupart des pays en voie de
d�veloppement importent la plupart de leurs m�dicaments, et les entreprises
transnationales savent adroitement exploiter les d�ficiences de ces pays
(1). Les int�r�ts commerciaux peuvent �tre en conflit avec les besoins de
sant� publique dans les pays en d�veloppement(4-6), en particulier quand les
gens sont empoisonn�s, � cause de restrictions d'emploi inad�quates, de
publicit�s trompeuses ou d'�tiquetages trompeurs, ou de produits franchement
faux.

La promotion de m�dicaments dangereux dans le monde en d�veloppement a �t�
critiqu�e depuis longtemps, en particulier quand les produits sont interdits
ou restreints dans leur pays de fabrication (3)(5). Les publicit�s
pharmaceutiques, l'�tiquetage et les notices ins�r�es montrent souvent, dans
les pays en voie de d�veloppement, le double probl�me des indications
exag�r�es et de minimisation des effets ind�sirables (1)(5,6). Les
exportations de m�dicaments par les �tats-Unis vers les pays en voie de
d�veloppement ont �t� examin�es en 1993, de fa�on ind�pendante, et il a �t�
trouv� "des manquements graves sur l'�tiquetage, " dans de nombreux cas
comportant des risques pour la vie(7). Les m�dicaments produits sur place
ont des probl�mes d'�tiquetage qui peuvent d�passer ceux des produits
import�s (5).

Un probl�me suppl�mentaire provient d'entreprises sans scrupules dont les
marchandises falsifi�es imitent des m�dicaments acceptables. Qu'ils soient
fabriqu�s localement ou import�s des pays occidentaux, les m�dicaments
falsifi�s peuvent �tre dangereux(8), en particulier quand ils sont
contamin�s. La promotion non �thique et les contrefa�ons sont li�es �
plusieurs facteurs: importations, exportations, et contr�les de qualit�
incoh�rents (3); place pr�dominante des pharmacies priv�es et de l'auto
m�dication(9); publicit� directe aux pharmacies et aux consommateurs(5,6);
et enfin le mat�riel promotionnel peut �tre la principale source
d'informations disponibles pour les prescripteurs (1)(3).

La promotion des marques ch�res augmente les possibilit�s apparentes de
choix mais peut aussi faire vaciller les efforts des pays pour satisfaire
leurs besoins pharmaceutiques par achat en gros ou fabrication de
m�dicaments g�n�riques essentiels (1)(3)(6). Ironiquement, les dons "
humanitaires " par les laboratoires pharmaceutiques peuvent rendre service
davantage aux donateurs (en faisant conna�tre leurs marques et par des
r�ductions d'imp�t) qu'aux pays destinataires qui souvent doivent payer la
destruction des produits (ou souffrir des cons�quences toxiques) � cause de
m�dicaments insuffisamment ou incorrectement �tiquet�s (10).

Les effets des exportations pharmaceutiques peu appropri�es sur la sant�
peuvent aller jusqu'� l'empoisonnement (3)(11,12), la diffusion
d'antibiotiques avec des probl�mes de r�sistance,(3)(13) et une s�rie de
probl�mes r�sultant de la mauvaise prise en charge de la diarrh�e chez les
enfants(4)(14). Les femmes et les enfants paraissent �tre particuli�rement
sensibles aux probl�mes de sant� provenant de l'emploi inconsid�r� des
m�dicaments (3)(11,12). La promotion peu appropri�e de quelques produits
(tel que des stimulants pour traiter la " l�thargie " chez les enfants) est
aussi lamentable, dans la mesure o� elle d�tourne l'attention et les
ressources des besoins fondamentaux de sant� publique(1)(13).

Le contr�le des m�dicaments dangereux est un imp�ratif international. Les
menaces pour la sant� publique entra�n�es par le contr�le irrationnel de
certains risques chimiques ont incit� les Nations Unies � publier les
r�glements existants, ostensiblement pour pousser � un consensus
international. (2) Une liste de produits pharmaceutiques, agricoles,
industriels, et domestiques � usage limit� a �t� syst�matiquement mis � jour
depuis 1982(2). L'analyse de la section pharmaceutique indique que la
capacit� d'un pays � limiter les m�dicaments dangereux d�pend fortement de
sa richesse : il y a une forte corr�lation entre le nombre de restrictions
et le produit national brut par habitant(r=0.65, n=162, P<0.001). Cette
image triste peut sous-estimer la vraie ampleur des disparit�s, car les pays
pauvres avec restrictions bien connues (par exemple le Bangladesh et
l'Ethiopie) connaissent des insuffisances dans les m�canismes administratifs
pour les faire appliquer (3)(13).

La gravit� de la situation a amen� l'Organisation Mondiale de la Sant�, les
Nations Unies, et certaines entreprises � prendre des r�solutions contre
l'exportation et la promotion inad�quates des m�dicaments. Mais bien qu'on
puisse discuter du r�le de ces accords qui ne lient personne, (3)(5) il
manque un code ex�cutoire. En d�pit de progr�s r�els depuis les ann�es 70,
quelques transnationales continuent � faire de la promotion de fa�on
irresponsable, � exploitent les fr�les interdictions nationales � importer,
et se comportent d'autres fa�ons non-�thiques, par exemple en offrant aux
m�decins des "commissions" pour prescrire(1)(6) .

La promotion pharmaceutique inappropri�e a �t� �galement mise en cause par
des organisations non gouvernementales. Par exemple, des groupes comme
Health Action International (3) Medical Lobby for Appropriate Marketing
(Pour une Information M�dicale Ethique -PIME) (1) surveillent et font
conna�tre les mauvaises m�thodes de commercialisation et d'utilisation des
m�dicaments. Ces groupes encouragent �galement les gouvernements et
l'industrie pour � investir dans le d�veloppement et l'utilisation
appropri�e des antibiotiques, des contraceptifs, et d'autres m�dicaments
(g�n�ralement peu lucratifs), essentiels pour les pays en voie de
d�veloppement(13) .

Avec les m�dicaments comme avec les autres technologies, si on ne les freine
pas, les forces du march� ne travaillent pas toujours en faveur de la sant�
publique, en particulier dans les pays dans le plus grand besoin. Bien que
finalement, le d�veloppement �conomique soutenable soit indispensable pour
all�ger le fardeau de la maladie dans les pays pauvres(13), on peut
progresser maintenant en utilisant mieux les ressources existantes. L'usage
rationnel de m�dicaments d'un bon rapport co�t-efficacit� est une priorit�
r�alisable, et il faut exiger des accords ex�cutoires pour contr�ler la
promotion de produits inessentiels ou dangereux (1)(3). La communaut�
m�dicale a un r�le � jouer dans cet effort, comme elle peut influencer
l'industrie et la politique du gouvernement. Quel que soient leurs tendances
politiques, les m�decins sont in�vitablement concern�s dans le contr�le des
technologie dangereuses et dans l'usage appropri� des m�dicaments.

David B Menkes Senior Lecturer
Dunedin Ecole de M�decine,
Universit� d'Otago,
PO Box 913,
Dunedin,
Nouvelle Z�lande
email: david.menkes@stonebow.otago.ac.nz

R�f�rences

1. Lexchin J. Deception by design. Pharmaceutical promotion in the Third
World. Penang: Consumers International, 1996.
2. United Nations Department for Policy Coordination and Sustainable
Development. Consolidated list of products whose consumption and/or sale
have been banned, withdrawn, severely restricted or not approved by
governments. 5th ed. New York: United Nations, 1994.
3. Kanji N, Hardon A, Harnmeijer J W, Mamdani M, Walt G. Drugs policy in
developing countries. London: Zed Books, 1992.
4. Cash R. Inappropriate treatment for dysentery. BMJ 1996;313:181-2.
5. Silverman M, Lydecker M, Lee P R. Bad medicine: the prescription drug
industry in the Third World. Stanford: Stanford University Press, 1992.
6. Chetley A. Problem drugs. London: Zed Books, 1995.
7. Drug labelling. WHO Drug Information 1993;7:43-4.
8. Fake drugs: a scourge on the system. WHO Drug Information 1995;9:127-9.
9. Cederlof C, Tomson G. Private pharmacies and the health sector reform in
developing countries. J Soc Admin Pharmacy 1995;12:101-12.
10. Hogerzeil H V, Couper M R, Gray R. Guidelines for drug donations. BMJ
1997;314:737-40.
11. Hanif M, Mobarak M, Ronan A. Fatal renal failure caused by diethylene
glycol in paracetamol elixir: the Bangladesh epidemic. BMJ 1995;311:88-91.
12. English M, Marsh V, Amukoye E, Lowe B, Murphy S, Marsh K. Chronic
salicylate poisoning and severe malaria. Lancet 1996;347:1736-7.
13. World Health Organisation. World Health Report 1996. Geneva: United
Nations, 1996.
14. Costello A M, Bhutta T I. Antidiarrhoeal drugs for acute diarrhoea in
children: none work, and many may be dangerous. BMJ 1992;304:1-2

Traduit par :
Jerome Dumoulin
Institut de Recherche Economique sur la Production et le Developpement
Universite Pierre Mendes France
BP 47
F-38040 GRENOBLE Cedex 09
tel 33 4 76 82 54 50
fax 33 4 76 82 59 89
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