Mali : Lutte contre les médicaments falsifiés : LA SENTINELLE TRACMED
PREND POSITION
16 janvier 2015
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Nos pays disposent dun arsenal juridique de lutte contre ce fléau mais de
très peu de moyens, en termes de ressources humaines et financières pour y
faire faceLa lutte contre les médicaments illicites (contrefaits) et
falsifiés constituent un réel défi dans les pays en développement,
notamment ceux du continent africain. Au Mali, la volonté des pouvoirs
publics de lutter contre ces médicaments illicites ou contrefaits, est
consacrée par la création de la Commission nationale de lutte contre la
vente illicite des médicaments et par dautres initiatives de lutte contre
les produits pharmaceutiques falsifiés.
Mais tous les observateurs admettent aussi lurgence pour nos pays de
sinscrire dans une lutte globale et intégrée au niveau sous régional,
régional, voire international.
Tracmed (Traçabilité du médicament), un projet de lutte contre les
médicaments falsifiés, intègre cette dimension. Il sera mis en uvre dans
quatre pays africains (Bénin, Burkina, Guinée et Mali) sur une période de
deux ans avec le financement des partenaires, notamment la Pharmacie aide
humanitaire (PAH), la Conférence internationale des ordres des pharmaciens
francophones (CIOPF).
La première réunion du comité de pilotage national (CPN) du projet sest
tenue hier à la Direction de la pharmacie et du médicament (DPM). Présidée
par le directeur général de la pharmacie et du médicament, le Dr Yaya
Coulibaly, représentant le secrétaire général du ministère de la Santé et
de lHygiène publique, président du CPN, elle sest déroulée en présence
de la coordinatrice de Tracmed, Mme Sango Fanta Sangho, et de nombre
dinvités.
La présence de médicaments contrefaits et falsifiés est une triste réalité
dans nos pays qui disposent chacun dun arsenal juridique de lutte contre
ce fléau mais de très peu de moyens, en termes de ressources humaines et
financières pour y faire face. Les spécialistes expliquent que les
médicaments illicites ou contrefaits et ceux falsifiés, intègrent le même
panier mais avec de petites nuances. Ainsi, ils parlent de médicaments
falsifiés lorsque la présentation pharmaceutique comporte une fausse
présentation de lidentité (emballage, étiquetage, dénomination ou
composition) sur lensemble de ses composants mais aussi lorsquil y a une
fausse source de provenance par rapport au pays de fabrication, au pays
dorigine ou du titulaire de son autorisation de mise sur le marché. En
dautres termes, il sagit de médicaments qui nont pas de traçabilité.
Le projet Tracmed au niveau pays sera piloté par Mme Sango Fanta Sangho,
pharmacienne et directrice générale adjointe de la pharmacie et du
médicament. Il faut rappeler que notre pays développe une expertise avérée
dans le domaine pharmaceutique. Des compétences, à ce niveau, sont mises
au service de la bonne cause, celle de la lutte contre les médicaments
illicites et falsifiés pour préserver la santé de nos compatriotes.
La première réunion offre donc un cadre de concertation et déchange
dexpériences sur la problématique des médicaments falsifiés. Une étude
menée en 2008 dans lespace CEDEAO établit que la tendance est à
laggravation du phénomène de vente illicite des médicaments. Les
statistiques lattestaient et rappelaient que la part du marché illicite
des médicaments était de 10 à 60%, selon les pays.
Aujourdhui nos pays doivent accomplir de gros efforts pédagogiques,
cest-à-dire de sensibilisation, mais aussi des actions de répression
contre les marchés de médicaments falsifiés. Les efforts doivent être mis
en commun dans ce domaine, afin de circonscrire le phénomène et les
risques denvahissement de nos pays par ces produits. Tracmed tentera
dapporter un plus dans ce combat par une organisation et des méthodes
efficaces de contrôle des médicaments.
La coordinatrice de Tracmed a remercié les acteurs de la lutte
daccompagner le gouvernement de notre pays afin de « garantir la qualité
des médicaments pour les populations ». Elle a aussi témoigné sa
reconnaissance aux partenaires de Tracmed, notamment le ministère de la
Santé et de lHygiène publique, PAH, Clermont Ferrand (France), CIOPF,
Initiative 5% de France (une organisation qui intervient dans la lutte
contre le sida, la tuberculose et le paludisme), France expertise
internationale (FEI) et le Fonds global de lutte contre le sida, la
tuberculose et le paludisme. Mme Sango Fanta Sangho a rappelé limpérieuse
nécessité de réussir ce projet.
Son intervention a été suivie de celle du directeur général de la
pharmacie et du médicament. Pour lui, la vente illicite des médicaments a
pris de lampleur. Au fil des années, nous assistons à une prolifération
des médicaments illicites et à la contrefaçon des médicaments et produits
pharmaceutiques. Se prononçant sur létude menée à léchelle CEDEAO sur
les médicaments illicites, le Dr Yaya Coulibaly a précisé que les
différents circuits identifiés sont inter et intra pays, des frontières
vers les capitales et de celles-ci vers lintérieur, les marchés
hebdomadaires, les vendeurs ambulants, kiosques, boutiques. Cette
situation, selon lui, a permis aux Etats membres de la CEDEAO denvisager
une lutte intégrée sous régionale. Yaya Coulibaly a jugé que la
globalisation des échanges et des marchés était à lorigine de flux
internationalisés dépassant le cadre des frontières nationales, de
linternationalisation des échanges en accord ou pas avec les
règlementations nationales, de la complexification des circuits de
distribution et de la multiplicité des acteurs intervenant dans ce
circuit, particulièrement en Afrique.
Pour arrêter la circulation des médicaments ou produits pharmaceutiques
falsifiés, il importe que tous les pays poussent dans la même direction
afin de traquer sans relâche les médicaments illicites et falsifiés.
Pouvoirs publics, acteurs pharmaceutiques, partenaires techniques et
consommateurs de médicaments doivent tous être dans une posture de lutte
globale et intégrée et se montrer, tous, moins tolérants face aux marchés
de médicaments falsifiés.
B. DOUMBIA
Source: LEssor