[e-med] (4)Médicaments falsifiés en Afrique, beaucoup de blablabla et peu d'action

Chers e-mediens.

Au nom de tous les partenaires associés dans le projet TRACMed, je tiens
à remercier Christophe Rochigneux de me donner l'opportunité d'expliquer
un petit peu plus avant ce qu'est le projet TRACMed, et dans quel
environnement le projet évolue.

Tout comme les initiatives de type SSFFC de l'OMS ou autres en relation
avec le médicament falsifié /sous-standard/contrefait etc..., le projet
TRACMed est né de la volonté de certains acteurs du médicament d'aider à
lutter efficacement contre les trafics en tous genres en lien avec le
médicament et ce, en réunissant le maximum d'organisations influentes
dans ce domaine. Je ne vais pas revenir ici sur les définitions et
autres discussions en lien avec ces définitions sur le médicament
falsifié car en tant que professionnels du médicament, les membres de ce
forum ont les compétences nécessaires pour avoir leur opinion là-dessus
et ce n'est pas l'objet de cette tribune. Je vais juste m'efforcer de
décrire le projet de manière sobre sur ce forum.

Le but de ce projet, initialement prévu pour être bien plus élargi en
termes d'activités et de pays bénéficiaires au départ que cela n'est le
cas aujourd'hui, est de renforcer les capacités des acteurs du médicament
pour lutter contre le médicament falsifié au Bénin, au Burkina Faso, en
Guinée et au Mali.

Pour ce faire, une association entre l'ONG Pharmacie et Aide Humanitaire
(PAH), la CIOPF (Conférence Internationale des Ordres des Pharmaciens
Francophones) ainsi que les ordres des pharmaciens des pays concernés,
la DGPML du Burkina Faso, La DPM Bénin, la DPM guinée et la DPM du Mali
a déposé un projet auprès de l'initiative 5pc de France Expertise
Internationale, lequel a accepté de financer ce projet.

La décision de l'initiative 5pc du FEI de financer ce projet était non
seulement due au fait que l'initiative TRACMed correspond à un réel
besoin et prend toute sa mesure dans le contexte international de lutte
contre le médicament falsifié mais aussi, et surtout, car il résultait
d'une forte volonté de partenariat entre les acteurs du projet pour
insuffler une nouvelle façon de promouvoir des synergies entre les
acteurs du médicament à l'échelle du pays mais aussi dans la
sous-région. En ceci, l'appui des ministères de la santé des pays
partenaires, des Directions de la Pharmacie et du Médicament, ainsi que
de l'OOAS et l'UEMOA a été un constituant essentiel de la définition du
projet et de ses activités. Mais quelles sont ces activités ?

Les activités du projet portent sur quatre résultats principaux

- le partage et l'échange d'informations entre les acteurs du médicament
au sein des quatre pays et dans la sous-région

- le renforcement de la capacité des acteurs du médicament au travers
d'activités de formation initiale et continue en direction des
pharmaciens, étudiants pharmaciens mais aussi en direction des
personnels des douanes, de la magistrature et de la police sur les
problématiques du médicament falsifié

- un soutien pour renforcer les synergies entre les acteurs du
médicament au travers d'outils de traçabilité du médicament

- et enfin un appui pouraider à une harmonisation sous régionale des
politiques de lutte contre le médicament falsifié

Partant du postulat que le renforcement des capacités des acteurs du
médicament passait aussi par une plus grande interaction entre les
acteurs du médicament tels que douanes, justice, directions du
médicament mais aussi autorités de police ou influentes sur la
législation, nous avons voulu mettre en place un forum qui permettrait
d'étudier les mécanismes de lutte, de formuler des recommandations, de
définir des activités permettant de renforcer la lutte contre le
médicament falsifiédans les quatre pays de mise en oeuvre du projet au
travers d'un Comité de Pilotage National. En ceci, chacun des pays
partenaires a donc désigné les membres du CPN au travers d'un arrêté
ministériel, ce qui est finalisé pour le Bénin et le Burkina Faso et en
phase de validation en Guinée et au Mali. La première réunion du CPN
Burkina avait fortuitement lieu au moment même où Christophe écrivait
les quelques lignes sur lesquelles je me permets de répondre, le
Vendredi 5 Septembre. Les mêmes réunions auront lieu courant Octobre
dans les trois autres pays.

Quel est le but de ces Comités ? Il serait bien aisé de dire que cela
permet de renforcer les synergies au sein des pays et donc, de renforcer
directement les comités de lutte contre les faux médicaments mais le
projet va plus loin que cela. Il entend aussi participer à stimuler une
émulation entres les pays partenaires de façon à renforcer le plaidoyer
dans toute la sous-région pour permettre une évolution du cadre
législatif afin de lutter plus efficacement contre le médicament
falsifié. En ceci, le projet a créé un Comité de Pilotage International
qui a pour but de porter l'information bien au-delà des quatre pays
cibles et de permettre une action coordonnée entre ces quatre pays.

Oui le projet prend du temps à se mettre en place tout comme d'autres
initiatives mais nous sommes certains qu'il constituera une base pour
engager les acteurs du médicament et les autorités législatives pour des
actions communes dans la sous-région permettant de réduire l'impact de
ce fléau qu'est le médicament falsifié en Afrique et ailleurs. Nous
avons effectué la réunion de lancement du projet lors du Forum
Pharmaceutique International à Yaoundé début Juin et ce fût l'occasion
d'exprimer les buts du projet et d'en rappeler le contexte devant
plusieurs dizaines de pharmaciens de tous pays en session plénière en
présence des ordres des pharmaciens, de doyens de facultés de pharmacie,
de la CIOPF avec sa représentante Isabelle Adenot expliquant le projet
dans le contexte stratégique d'intervention de la CIOPF , ainsi que de
Caroline Comiti du Ministère des Affaires Etrangère Français
représentant l'initiative 5PC et le FEI.

Cela a aussi été l'occasion de discuter en session parallèles avec les
présidents des ordres des pharmaciens, les directions des DPMs et les
syndicats des pharmaciens des problématiques tant en terme de moyens
qu'en terme juridiques, économiques et législatifs liées au médicament
falsifié en Afrique. Cette réunion de lancement ne pouvait guère être
plus représentative et fût l'occasion de vraiment démontrer du bienfondé
de la démarche du projet dans le contexte international actuel de lutte
contre le médicament falsifié.

Nous pensons d'ailleurs qu'il sera essentiel d'étendre le rayonnement de
TRACMed bien au-delà des 4 pays partenaires très prochainement et ne
pouvons qu'inviter les DPM des autres pays de la sous-région ainsi que
leurs Ordres des Pharmaciens à continuer à discuter avec les partenaires
du projet pour étudier la suite à donner à ce projet dans leurs pays.
Les membres du projet TRACMed sont aussi heureux de pouvoir discuter des
synergies que nous pourrons créer et qui sont à n'en point douter en
train de se mettre en place avec les autres initiatives en rapport avec
le but du projet.

Je tiens ici à remercier le FEI et son initiative 5PC d'avoir permis le
financement du projet mais aussi chacune des personnes et organisations
ayant permis d'aboutir à cette collaboration. Je remercie aussi chacun
des membres du Forum et REMED pour nos interactions et collaborations
régulières. Je tiens aussi à féliciter et remercier les directeurs des
DPM et tous les membres des Comités de Pilotage Nationaux du projet
TRACMed pour les avancées réalisées. Nous nous réjouissons des
collaborations à naître ou à renforcer dans le futur entre TRACMed et
les professionnels du médicament que vous êtes, fidèles lecteurs et
animateurs du Forum sur le médicament. De plus, nous sommes entièrement
ouverts à ce que l'expertise de l'OMS puisse bénéficier aux membres du
projet et nous serons ravis de continuer à collaborer avec les membres
de l'équipe de l'OMS gérant, entre autre, l'initiative SSFFC avec qui
nous avons d'ores et déjà d'excellentes relations de travail.

Je suis bien désolé de la longueur de ce message loin des standards de
ce forum mais la question méritait une réponse un peu plus...circonstanciée.

Bien cordialement

Samuel

Samuel Keuchkerian

Coordinateur du projet TRACMed

Pharmacie et Aide Humanitaire

samuel.keuchkerian@chmp.org <mailto:samuel.keuchkerian@chmp.org>

Samuel, bonjour,

Merci a toi pour cette réponse marquant la volonté de différents acteurs a s inscrire dans un plan d action commun pour la lutte contre les faux médicaments.
Merci a Alassane et Stéphane (ils se reconnaîtront) pour avoir fait le lien entre la Table Ronde tenue a Ouagadougou en septembre 2011 et l initiative 5%, opportunité intéressante pour la mobilisation de ressources.
J ai bien dit DE différents acteurs et non pas DES différents acteurs... Volontairement... Car il me semble que dans la liste que tu as citée, manquent les centrales d achats, au cœur du système d approvisionnement. Seront elles associées au projet dans les prochaines étapes ?
Je pense également a l IRD qui, notamment au Bénin, mène des études intéressantes en lien avec la problématique des faux médicaments.
Par ailleurs, il serait intéressant de capitaliser sur certaines décisions prises par l uemoa, notamment celle d évoluer vers des Autorités Nationales de Réglementation Pharmaceutique, qui pourront renforcer la synergie entre DPM et LNCQ, par la création d une seule et même Institution, regroupant ainsi les attributions essentielles d une ANRP. Leur évolution vers le statut d agence, autonome, pourra être une étape ultérieure.
A court terme, l urgent est de créer un réel cadre de concertation entre DPM, LNCQ et ONP, afin de capitaliser et d élaborer de réelles Politiques d assurance qualité, contribuant ainsi a la lutte contre les faux médicaments.

Merci Samuel
Agréable journée
Très confraternellement
Christophe

Christophe ROCHIGNEUX (iPad)
Assistant Technique OMS GFATM
Cotonou - Bénin
Tel : 0022961204616