Bonjour à tous et à toutes,
Un débat animé a lieu pour le moment sur e-drug (version anglophone de
e-med) et nous pensons intéressant de le relayer, voire de le poursuivre
également sur e-med. Il sagit dun débat qui a déjà suscité plus dune
dizaine de messages. Vous trouverez ci-dessous la traduction en français de
notre intervention à ce sujet.
E-DRUG: Indian substandard products in Africa (10)
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Cher e-mediens,
Nous nous réjouissons de linitiative dentamer un débat à propos des
médicaments sous-standards : ils représentent en effet un problème de santé
public majeur dans tous les pays où le respect de la législation
pharmaceutique est insuffisant. Il est positif que la prise de conscience de
ce problème qui est bien plus large et complexe que la contrefaçon de
médicaments soit de plus en plus importante. Pour information, nous avons
publié récemment un éditorial à propos des médicaments sous-standards (en
anglais) dans le « Tropical Medicine and International Health » qui peut
être consulté ici :
http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1365-3156.2012.03076.x/abstract
Nous voudrions néanmoins ajouter quelques commentaires à la discussion en
cours:
1. Les produits médicaux de mauvaise qualité (sous-standards ou
contrefaits) peuvent causer un taux élevé de morbidité et de mortalité sils
atteignent le patient. Ce risque est pourtant évitable si nous adoptons des
politiques dapprovisionnement PREVENTIVES face au risque de délivrer des
médicaments de mauvaise qualité plutôt que didentifier les cas défaillants
a posteriori à travers des contrôles qualité aléatoires sur le terrain.
2. Sur le long-terme, cela devrait être atteint par le renforcement de
la régulation dans tous les pays ainsi que sur le marché international.
Néanmoins, compter exclusivement sur les autorités de régulation nationales
pour garantir la qualité des médicaments dans les pays en développement est
probablement insuffisant à court-terme : Selon lOMS, seuls 20% des états
membres ont des autorités de régulation du médicament à « capacités
développées, les 80% restants étant catégorisés en « capacités limitées à
variables ». De plus, leur capacité à contrôler les qualité des médicaments
qui sont importés sur leur territoire ou fabriqués localement sont dautant
limités que le contexte global est de plus en plus libéralisé et dérégulé.
3. Beaucoup dorganisations médicales (ONGs, centrales dachat etc.)
possèdent une vraie possibilité dinfluencer le marché car ils achètent des
quantités importantes de médicaments et autres produits médicaux. Si ces
organisations décident dacheter exclusivement des produits qui répondent à
des standards de qualité stricts (standards OMS), leurs fournisseurs
adapteront leurs standards et les produits quils commercialisent en
conséquence . Le Fonds Mondial ayant adopté une politique
dapprovisionnement stricte, basée sur les principes de la préqualification
de lOMS, a déjà joué un rôle majeur en poussant le marché des médicaments
pour le Sida, la malaria et la tuberculose vers des standards adéquats, du
moins dans le secteur non lucratif.
4. Recevoir de linformation fiable et objective sur la qualité des
médicaments (mais aussi des tests, matériel médical etc.) disponibles sur
le marché international est complexe, cher et demande beaucoup de temps.
Pour autant, très peu dinformation est partagée : des organisations qui
souhaitent évaluer un distributeur ou un fabricant ont rarement accès à des
données déjà récoltées par une organisation similaire. Parallèlement, un
fournisseur peut être audité des dizaines de fois par an pour les mêmes
objectifs, avec des standards et référentiels de qualité différents et par
différentes organisations (quand le résultat nest pas, lui aussi,
radicalement différent).
Comment attendre des fournisseurs de médicaments quils agissent de manière
cohérente alors que nous ne sommes même pas capables de le faire
nous-mêmes?
5. Partager de linformation sur base des mêmes référentiels parmi des
organisations poursuivant les mêmes objectifs de santé publique éviterait la
duplication defforts et dargent et pousserait les fournisseurs qui
travaillent dans des contextes insuffisamment régulés à améliorer leurs
standards. Il est en effet essentiel que, non seulement les organisations
acheteuses de médicaments aient la capacité de prendre des décisions sur
base dinformation fiable et objective, mais aussi que les fournisseurs
sachent que ces acheteurs partagent linformation entre eux. De cette
manière, une forte pression sexercera sur eux pour que leurs standards de
qualité saméliorent.
6. Nous ne devrions pas perdre de vue que la majorité des fournisseurs
de médicaments sont des sociétés privées, qui poursuivent le profit. Il
nest dès lors pas surprenant quelles ne « sauto-régulent pas » mais
adaptent, au contraire, leur offre aux demandes de leurs clients. Si un
client exige le médicament le moins cher et na pas dexigences qualitatives
strictes, les chances quil reçoive un médicament sous-standard seront
forcément élevées. De plus, un fournisseur ninvestira dans lamélioration
de la qualité que si cela lui rapporte des marchés. Dès lors, une voix
commune avec des exigences de qualité similaires et provenant de plusieurs
organisations (ONGs, centrales dachat, autorités de régulation etc.) aura
sans aucun doute un impact qui ne serait pas atteignable si chacune de ces
organisations agissait en solo..
Pour citer la devise belge, le pays où notre programme www.quamed.org est
situé (et bien que la Belgique nen donne pas un bon exemple pour le moment
;-): "L'union fait la force"
Christophe Luyckx - QUAMED Coordinator
Institute of Tropical Medicine | Nationalestraat, 155 | 2000 Antwerpen
Belgium
email: cluyckx@itg.be
cell: +32 473 65 52 09
office +32 3 247 65 95
fax: +32 3 247 65 32
web: www.quamed.org | www.itg.be
Raffaella Ravinetto - Head of the Clinical Trials Unit - Chair of the Quamed
Steering Committee Institute of Tropical Medicine | Nationalestraat, 155 |
2000 Antwerpen
email: rravinetto@itg.be
office +32 3 247 66 25
fax: +32 3 247 66 47
web: www.quamed.org | www.itg.be