[e-med] Mortelles contrefaçons

Mortelles contrefaçons
Le Soleil
Edition du Mercredi 17 Mai 2006
http://www.lesoleil.sn/article.php3?id_article=11169

Certains faux médicaments sont fabriqués et mis en boîtes ou en flacons sous
des appellations fantaisistes ou effectivement répertoriées par les services
pharmacologiques habilités. C'est dire qu'il existe des chaînes de
fabrication clandestines qui font métier de copier l'habillage des produits
pharmaceutiques au mépris du contenu moléculaire des produits. Des corrompus
locaux se chargent de les injecter dans les circuits de distribution locaux
mal surveillés. Faux antipaludéens au Cameroun, faux antibiotiques en
République démocratique du Congo, ces contrefaçons ne sont pas seulement en
vente libre dans des boutiques de marabouts. Elles entrent aussi dans les
pharmacies et les hôpitaux, contribuant par leur inefficacité à la
propagation des maladies qu'elles sont censées traiter. Au Nigeria, Dora
Akunyili cite "un traitement vital par l'adrénaline remplacé par de l'eau".
Un crime.

Si le crime organisé investit le marché de la santé, c'est qu'il n'est pas
aussi lourdement sanctionné que le trafic de drogue par exemple. Du reste,
selon la commissaire de police française Valérie Maldonado, chef de la
brigade centrale de lutte contre la contrefaçon, les industriels du
médicament ne sont pas très prolixes sur la question, question d'image de
marque et tradition du secret sans doute. Elle évoque toutefois la plainte
déposée par un laboratoire français qui a découvert qu'un concurrent a
repris ses anciennes boîtes et son ancien label pour conditionner des
vaccins anti-cholériques vendus au Cameroun. L'affaire est en cours. Elle
exige une coopération internationale. Au final, par action ou par omission,
le charlatanisme médical tue. La ruine lente ou rapide des services de santé
publics a également des effets désastreux sur la vie des plus modestes.
Paradoxalement, l'aisance accrue des populations qui voient leur espérance
de vie s'allonger dans certains pays et ne les met pas non plus à l'abri des
criminels attirés plus que jamais par le filon de la santé.
M. Mas