E-MED: Moustiques � fric
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{Mod�rateur: un article tr�s bien �crit... n'est-ce pas ? CB]
Moustiques � fric
Le Quotidien Mutations (Yaound�)
30 Mars 2004
Publi� sur le web le 31 Mars 2004
Par Lionel Manga
Quand vient la nuit au voisinage nord de la latitude z�ro, une guerre
commence entre l'homme et un tueur en s�rie populaire: le moustique.
Le minuscule " vampire " veut son repas de sang et l'homme ne l'entend
�videmment pas de cette oreille.
Quand donc vient la nuit, dans les quartiers, l'air se charge d'�manations,
de relents chimiques d'a�rosols et de fumig�nes suppos�s fournir une
protection efficace contre les assauts des pompeurs d'h�moglobine qui
propagent le parasite responsable du paludisme quasiment en toute impunit�.
Les rayons des supermarch�s et de leurs d�pendances d�bordent de ces " armes
" :
les pingouins ont l'embarras du choix. Vive la d�mocratie marchande.
Armes en d�finitive assez inop�rantes, puisque le palu continue de remplir
les cimeti�res. Bien entendu, il n'y a l� aucune malice ni arnaque et ce
n'est pas la faute des commer�ants si cette camelote chimique ne fonctionne
pas � 100%, la responsabilit� des r�sultats ne leur incombe pas : ils se
contentent de faire du fric avec les moustiques, et m�me si de plus en plus
de groupes industriels vert rouge jaune la produisent sous licence, ce ne
sont pas leurs ing�nieurs qui l'�laborent. En fait, il faut supposer que les
moustiques qui ont d�velopp� des r�sistances contre les mol�cules
th�rapeutiques au fil des ans, l'ont aussi fait pour ces m�diocres parades
qui rendent l'air irrespirable, et ces bestioles passent au travers �
l'aise.
Il est de notori�t� publique que les laboratoires priv�s du Nord ont
d�lib�r�ment n�glig� la recherche sur le paludisme au nom de " pas rentable
" : qui allait acheter le m�dicament trouv� dans ces pays pauvres du Sud ?
Pas grand monde. Certes, des traitements curatifs du paludisme existent,
mais � des prix prohibitifs. A part cela, la sant� est un des droits les
plus �l�mentaires de l'homme, une des pr�occupations essentielles des
Objectifs du Mill�naire pour le D�veloppement. Un droit qu'il faut pourtant
acheter aux conditions du march�. Et des enfants qui auraient d� vivre
meurent suite �'un acc�s palustre s�v�re, souvent de la forme neurologique.
Parce que les parents ne pouvaient pas aller au-del� de l'usuelle
autom�dication. Un beau g�chis ordinaire. Objet tr�s r�current de
statistiques froides qui ne disent pas les chagrins, ni toute
l'inconsolation et toute l'incommensurabilit� d'une perte: inchiffrable.
Mais la compassion ne fait pas fureur sous nos cieux d'anoph�les virulents
et les fauch�s peuvent toujours crever : ils n'ont qu'� savoir tirer leur
�pingle du jeu de massacre � l'�go�sme, cette arme blanche et redoutable de
destruction massive des soci�t�s contemporaines. Pas besoin de la chercher
avec des tanks blind�s et des lunettes de vision nocturne : elle est sous
nos yeux
Pr�venir vaut mieux que gu�rir, comme chacun sait. Et dans le cas du
paludisme, il y va avant tout de l'assainissement � tr�s, tr�s grande
�chelle de notre environnement urbain et rural. Comme �a ne se fera pas en
un tour de main, il est temps de s'y mettre vraiment, de prendre les
moustiques par le dard. Tous ces groupes qui revendent des insecticides de
pacotille pourraient s'impliquer mieux dans cette croisade contre le
paludisme, en consacrant une modique fraction de leurs ressources � ce
formidable assainissement. Et l'Etat pourrait leur consentir des remises
fiscales. La mode est aux coalitions et une coalition contre le paludisme
serait la bienvenue au niveau national et sous-r�gional. Des chercheurs
commencent � savoir ce qui nous attire ces emp�cheurs de roupiller
sereinement : un compos� volatil de la sueur humaine que leur syst�me
olfactif d�tecte. En attendant la suite ouverte par cette trouvaille de
l'Institut de la Recherche pour le D�veloppement (IRD), un organisme public
fran�ais, un seul mot :
assainissement, et encore assainissement. Sans rel�che.
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