[e-med] PALUDISME: Identification d'une mutation protectrice de l'hémoglobine

PALUDISME: Identification d'une mutation protectrice de l’hémoglobine
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relasuite

Pourquoi les personnes atteintes d'une mutation héréditaire de l'hémoglobine
ne contractent pas le paludisme? Ces scientifiques de l'Université
d’Heidelberg ont résolu ce mystère : En empêchant, dans les globules rouges
infectés par le parasite du paludisme, les protéines adhésives du parasite,
de s’échapper des cellules du sang, cette mutation préserve des troubles
circulatoires et des complications neurologiques habituelles de la maladie.

Explications dans l’édition en ligne du 10 novembre de la revue Science.

Ce produit de dégradation de l'hémoglobine modifiée offre donc une
protection contre le paludisme. Dans les globules rouges infectés par le
parasite du paludisme, il bloque la mise en place d'un système de trafic
utilisé par les protéines adhésives du parasite, les adhésines. En
conséquence, les cellules du sang contaminé ne peuvent adhérer aux parois
des vaisseaux, comme c'est habituellement le cas.

Dans les années 1940, des scientifiques avaient déjà découvert que l'anémie
falciforme avec sa mutation caractéristique était particulièrement répandue
dans certains groupes de population en Afrique qui survivaient au paludisme
tropica, une forme particulièrement virulente de la maladie. Dans cette
forme de paludisme, les parasites Plasmodium se multiplient d'abord dans les
cellules du foie de et puis infectent les globules rouges (érythrocytes).
Une fois dans les érythrocytes, ils se reproduisent pour finalement les
détruire. L'éclatement de toutes les cellules du sang contaminé provoque des
symptômes caractéristiques, dont des poussées de fièvre et l'anémie.

Chez les patients atteints de paludisme tropica, les complications
neurologiques comme la paralysie, des convulsions, le coma et de graves
lésions cérébrales se produisent fréquemment. Ces symptomes sont causé par
une anomalie du parasite Plasmodium falciparum qui produit des « adhésines »
qui atteignent la surface cellulaire de la cellule du sang infecté. Ces
adhésines font que les érythrocytes adhèrent aux parois des vaisseaux, les
empêchant ainsi d'être reconnus comme endommagés et retirés de la
circulation. D’où une inflammation des vaisseaux de clôture et une
insuffisance d’alimentation en oxygène de certaines régions du système
nerveux.

Chez les patients présentant cette mutation de l'hémoglobine, ces
complications se produisent sous une forme affaiblie ou pas du tout. Car
chez ces patients, il y a nettement moins d'adhésines du parasite que dans
des globules rouges normaux. C’est en utilisant des techniques de
microscopie à haute résolution que ces scientifiques ont découvert ce
nouveau mécanisme moléculaire. Le parasite utilise une protéine, l’actine,
du cytosquelette (squelette cellulaire) des érythrocytes pour créer son
réseau de trafic, explique le Dr Marek Cyrklaff, du département des maladies
infectieuses (Voir figures ci-contre).

Lorsque l’hémoglobine présente la mutation identifiée, seuls de tout petits
morceaux de filaments d'actine sont trouvés (voir figure de gauche) et le
transport du paludisme n'est plus possible. L’identification de ce mécanisme
moléculaire explique, pour la première fois, l'effet protecteur de cette
variante d'hémoglobine contre le paludisme. Une découverte qui ouvre une
nouvelle voie de recherche thérapeutique.

Source: Science DOI: 10.1126/science.1213775 Hemoglobins S and C interfere
with Actin Remodeling in Plasmodium falciparum-Infected Erythrocytes
http://www.sciencemag.org/content/early/2011/11/09/science.1213775