Le deuxième agent du paludisme originaire d¹Afrique
Février 2014
Fiches d'actualité scientifique
https://www.ird.fr/la-mediatheque/fiches-d-actualite-scientifique/452-le-de
uxieme-agent-du-paludisme-originaire-d-afrique
Plasmodium vivax, le deuxième agent du paludisme dans le monde, a pour
origine l¹Afrique, et non l¹Asie comme on le supposait. Une étude, que
vient de publier Nature Communications , révèle que ce sont les grands
singes africains qui ont infecté les hommes, avant que le parasite ne se
propage à l¹Asie et à l¹Amérique latine où il sévit aujourd¹hui. P. vivax
s¹avère très répandu chez nos cousins primates d¹Afrique centrale.
L¹équipe de recherche a en effet découvert son ADN dans de nombreux
échantillons fécaux de gorilles et chimpanzés. Le séquençage de cet ADN
révèle que les parasites simiens sont très proches de ceux qui infectent
les humains. Les grands singes constituent ainsi un réservoir naturel pour
les personnes non résistantes à P. vivax en Afrique.
Les primates africains largement infectésLe deuxième agent du paludisme
dans le monde, du nom de Plasmodium vivax , affecte plus de 18 millions de
personnes par an essentiellement en Asie et en Amérique latine, alors
qu¹il épargne les populations africaines, devenues résistantes. Récemment,
il a été découvert chez les grands singes d¹Afrique centrale. Une étude
révèle aujourd¹hui qu¹il est très répandu chez nos cousins primates. Une
équipe de recherche internationale vient d¹identifier son ADN dans de
nombreux échantillons fécaux de singes sauvages ou en captivité dans toute
l'Afrique centrale, au Cameroun, en République centrafricaine et en
République démocratique du Congo.
Un parasite venu d¹Afrique
L¹étude révèle également que ce sont les grands singes qui ont contaminé à
l¹origine l¹homme, comme ce fut a priori le cas pour le premier agent du
paludisme Plasmodium falciparum . Parasites humains et simiens sont
génétiquement très proches, ainsi que le montre le séquençage de l¹ADN de
Plasmodium vivax trouvé chez les gorilles et chimpanzés africains et
comparé à celui de parasites observés chez l¹homme dans différentes
régions du monde. Les parasites des singes sont plus anciens que ceux des
hommes, car beaucoup plus diversifiés.
A l¹inverse, les souches humaines forment une seule lignée. Les séquences
d¹ADN de ces dernières sont comprises dans celles des parasites simiens.
Les chercheurs en concluent que ce sont les primates qui ont infecté les
humains. Mais contrairement à P. falciparum , qui n¹infecte que les
gorilles et a donc été transmis à l¹homme par cette espèce, P. vivaxtouche
aussi les chimpanzés. Ces derniers pourraient ainsi être à l¹origine,
comme les gorilles, de l¹infection humaine.
Un réservoir potentiel
L¹origine africaine ancienne de P. vivax expliquerait la résistance de
l¹homme au parasite en Afrique. Sur ce continent, les populations doivent
leur immunité à une mutation génétique survenue il y a environ 30 000 ans.
Celle-ci empêche l¹expression d¹une protéine, en l¹absence de laquelle P.
vivax ne peut pénétrer les cellules sanguines. Cette mutation aurait ainsi
éliminé P. vivax chez l'homme en Afrique. La lignée humaine qui sévit
aujourd¹hui en Asie et en Amérique serait issue d¹un ancêtre commun, qui
aurait survécu après sa diffusion hors d'Afrique. Mais la forte prévalence
de P.vivaxobservée chez les grands singes laisse craindre l¹existence d¹un
réservoir naturel et de nouveaux transferts des primates vers des
personnes non résistantes. Ce résultat explique notamment les cas
d¹infection de voyageurs répertoriés en Afrique centrale.
Pointant du doigt un éventuel risque d¹émergence, les chercheurs comparent
à présent les propriétés biologiques et moléculaires des parasites humains
et simiens, pour déterminer leurs interactions avec leurs hôtes et les
facteurs de transmission.
Partenaires
University of Pennsylvania, Columbia University, Washington University,
University at Albany, University of California, Harvard University,
University of New Mexico, University of Minnesota, Duke University,
University Park, Lester E. Fisher Center for the Study and Conservation of
Apes et Global Viral Forecasting Initiative aux Etats-Unis, University of
Edinburgh, University of Cambridge, London School of Hygiene and Tropical
Medicine Wellcome et Trust Sanger Institute au Royaume-Uni, Institut
National de Recherche Biomedicale, University of Kisangani et Lukuru
Wildlife Research Foundation en République démocratique du Congo, Ape
Action Africa, Limbe Wildlife Centre et Centre de Recherche Médicale au
Cameroun, Swedish University of Agricultural Sciences et Karolinska
University Hospital en Suède, Sanaga-Yong Chimpanzee Rescue Center,
Wildlife Conservation Society en République du Congo, Nagasaki University
au Japon.
Référenceset al. African origin of the malaria parasite Plasmodium vivax ,
Nature Communications , 2014, 5:3346. doi:10.1038/ncomms4346
<http://www.nature.com/ncomms/2014/140221/ncomms4346/full/ncomms4346.html>
Actualité scientifique n°452 (PDF, 1003 Ko)
<https://www.ird.fr/content/download/79337/604683/version/1/file/Actualit%C
3%A9+scientifique+n%C2%B0452.pdf>