[e-med] Paludisme - Le parasite P. vivax infecte des populations considérées jusqu'à présent comme résistantes

Communiqué de presse CNRS
Paris, 16 mars 2010

Paludisme - Le parasite P. vivax infecte des populations considérées jusqu'à
présent comme résistantes
http://www2.cnrs.fr/presse/communique/1828.htm

Des chercheurs viennent de montrer que le parasite Plasmodium vivax, l'un
des principaux agents du paludisme, s'avère capable d'infecter des
populations considérées jusqu'à présent comme naturellement protégées du
fait de leur groupe sanguin. Cette découverte inattendue remet en cause
certaines stratégies de vaccination. Elle alerte en outre sur la possibilité
d'une progression du parasite P. vivax dans des régions du monde d'où il est
actuellement absent. Ce travail multidisciplinaire, publié dans la revue
PNAS, a été réalisé dans le cadre d'une collaboration internationale,
impliquant des équipes malgaches (Institut Pasteur de Madagascar - Service
de Lutte contre le Paludisme, ministère de la Santé), françaises (Institut
Pasteur à Paris, unité associée au CNRS, Institut National de la Transfusion
Sanguine, unité associée à l'Inserm) et américaines (Université de Cleveland
aux Etats-Unis).

Le paludisme tue dans le monde près d'un million de personnes par an. Il est
dû à un parasite, Plasmodium, dont les deux principales espèces sont
Plasmodium falciparum, très présent en Afrique, et Plasmodium vivax,
majoritaire en Asie et en Amérique du sud. Les données épidémiologiques et
expérimentales montraient jusqu'à présent que P. vivax ne pouvait pas
infecter les personnes dont les globules rouges ne possédaient pas à leur
surface la protéine Duffy. Celle-ci est le récepteur du parasite à la
surface des hématies, ses cellules cibles et son absence empêche l'invasion
par P. vivax. Les populations de groupe sanguin Duffy-négatif étaient donc
considérées comme naturellement protégées contre l'infection par P. vivax,
ce qui peut expliquer l'absence de ce parasite en Afrique, où les
populations sont exclusivement ou très majoritairement de groupe sanguin
Duffy-négatif.

Les chercheurs, sous la direction de Didier Ménard (Institut Pasteur de
Madagascar), d'Odile Mercereau-Puijalon (Institut Pasteur, Paris) et Peter
A. Zimmerman (School of Medicine, Cleveland, EU), viennent d'apporter la
preuve que ce récepteur Duffy n'est pas ou n'est plus indispensable à P.
vivax pour infecter les globules rouges. Leur étude montre qu'à Madagascar,
où les populations Duffy-positives d'origine indonésienne ou asiatique se
sont mélangées avec les populations Duffy-négatives d'origine africaine, P.
vivax infecte les globules rouges des personnes de groupe sanguin
Duffy-négatif chez lesquelles il provoque des accès palustres. Le parasite
aurait donc réussi à s'affranchir de sa dépendance au récepteur Duffy, et à
utiliser une autre voie, encore inconnue, pour entrer dans la cellule-cible.

Ces travaux mettent ainsi à mal un dogme solidement établi depuis plus de 30
ans. Ils remettent également en cause les approches de recherche vaccinale
qui prennent pour cible la protéine de surface du parasite se liant au
récepteur Duffy.

« Alors que P. vivax menace plus de 2 milliards d'individus dans le monde et
provoque 70 à 80 millions de cas par an, précise Odile Mercereau-Puijalon,
nos résultats montrent qu'il est maintenant capable de s'affranchir des
barrières génétiques de l'hôte et alertent en outre sur le risque de
transmission du parasite à des populations Duffy-négatives, dans des régions
d'où il était jusqu'à présent pratiquement absent »..

Références :
Plasmodium vivax Clinical Malaria is Commonly Observed in Duffy-negative
Malagasy People. PNAS, article en ligne. Consulter le site web

Didier Ménard, Céline Barnadas, Christiane Bouchier, Cara Henry-Halldin,
Laurie R. Gray, Arsène Ratsimbasoa, Vincent Thonier, Jean-François Carod,
Olivier Domarle, Yves Colin, Olivier Bertrand, Julien Picot, Christopher L.
King, Brian T. Grimberg, Odile Mercereau-Puijalon, Peter A. Zimmerman.
Contacts :
Presse CNRS
Priscilla Dacher - 01 44 96 46 06 - priscilla.dacher@cnrs-dir.fr

Presse Institut Pasteur
Nadine Peyrolo - 01 45 68 81 47 - presse@pasteur.fr
Marion Doucet - 01 45 68 89 28 - presse@pasteur.fr