[e-med] Plus de 53% des Congolais consomment les médicaments de la rue

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Les Congolais malades des… médicaments
Écrit par Etroubéka
26-01-2008

http://www.mwinda.org/index.php?option=com_content&task=view&id=145&Itemid=1

On le savait de longue date. Une énième enquête vient de le confirmer :
plus de 53% des Congolais consomment " les médicaments de la rue ", selon
les résultats d'une enquête sur la consommation des médicaments menée à
Brazzaville durant le deuxième semestre 2007 auprès de 708 personnes.

Trop chers les médicaments vendus dans les pharmacies. Trop pauvres les
Congolais pour pouvoir se les acheter afin de se soigner correctement.
Ainsi nos parents se rabattent sur les médicaments vendus dans les marchés
ou dans la rue.

Une première étude menée il y a quelques années avait déjà révélé que «
près de 16% des malades reçus au Centre hospitalo-universitaire de
Brazzaville (CHU) sont victimes des médicaments vendus dans la rue », à en
croire le Dr Blaise Irénée Atipo, chef du service gastro-entérologie à
l’époque.

« L'accès aux médicaments sécurisés vendus dans les pharmacies légalement
implantées semble être difficile pour la plupart des familles congolaises
», a expliqué, le Dr Hyacinthe Ingani, président de l'Ordre national des
pharmaciens du Congo. L’enquête montre que « les populations ont
conscience du danger des médicaments de la rue. Toutefois, ils sont
nombreux, quels que soient la catégorie sociale et le niveau
d'instruction, à contester l'interdiction de ces médicaments jugés
dangereux pour la santé » a ajouté ce dernier.

« Les résultats ont révélé trois sources d'approvisionnement qui
s'expliquent par le revenu de la population: la rue à 53,1%, les
pharmacies avec un pourcentage de 44,2%, les centres médicaux 6,7% », a
encore précisé le Dr Ingani.

Les médicaments de la rue sont vendus sur les étalages ou par terre et
sont proposés sur ordonnance médicale ou pas, à la main. Parfois les
patients expliquent aux pharmaciens de fortune ce dont ils souffrent, et
le commerçant prescrit et vend le médicament, constate-t-on.

Qui sont ces individus qui font commerce illégal de médicaments dans la rue
?

- des jeunes diplômés sans emploi dont c’est devenu le travail car ce
commerce est prospère. Certains y gagnent de 10.000 à 30.000 francs CFA
par jour (de un peu plus de 15 euros à environ 46 euros ou de 22 à 66
dollars), et parfois plus.

- des médecins, des fonctionnaires de l'Etat pour qui la vente des
médicaments de la rue est devenue leur deuxième gagne-pain. Ces derniers
détournent des stocks de médicaments et les revendent dans les quartiers
ou aux vendeurs de la rue.

L’approvisionnement en médicaments s’effectue parfois directement par le
port de Pointe-Noire, en complicité avec certaines autorités ou en RDC.
Dans ce dernier pays, les revendeurs ont accès à de gigantesques hangars,
supermarchés de médicaments importés de l’Inde.

Et que fait l’Etat pour protéger la santé des populations ?

« Il n'y a aucun système de contrôle des médicaments qui rentrent par les
frontières déjà trop poreuses de notre pays, et avec la complicité de
certains agents de douane véreux », expliquait il y a quelques années le
Dr Boniface Okouya, alors président des Syndicats de pharmaciens
d'Afrique.

Pour les pharmaciens du Congo, « cette complicité se manifeste par le fait
que les services de la mairie de Brazzaville ou de Pointe-Noire déployés
dans les marchés n'ont jamais empêché ces vendeurs illégaux de médicaments
d'exercer leur activité (…) Au contraire, ils perçoivent des taxes liées à
l'exercice de cette activité, ce qui veut dire que l'Etat reconnaît et
soutient ces vendeurs », dénonçait le Dr Ingani.

On ne rappelle plus ici que même au niveau le plus élevé
l’irresponsabilité règne en la matière. Qu’on se souvienne de l’affaire de
l’immunox, ce poison que la délégation congolaise comprenant le président
de République en personne a importé de Namibie et la façon par laquelle,
sous la pression de l'opinion publique et notamment des internautes, suite
à l'article de M. Bikoué, ce produit a été retiré du marché.

Ainsi va le Congo de la « Nouvelle Espérance » qui vient d’ailleurs
d’acquérir (à en croire notre confrère « La Semaine Africaine »)… dix
nouveaux corbillards, histoire de satisfaire la demande. Ces corbillards «
soulagent un tant soit peu, les souffrances des populations
brazzavilloises », lit-on. D’ailleurs ces lugubres véhicules ont été
présentés à l’occasion d’une cérémonie organisée… en grande pompe et que
le maire de Brazzaville en personne, Hughes Ngouélondélé, a honoré de sa
présence. Guère étonnant : il s’agit là d’une « volonté du président de la
République, Denis Sassou Nguesso, dans la réalisation de son projet de
société " La Nouvelle Espérance " est-il précisé.

Qui disait que le Congo est un pays qui marche sur la tête ?

Etroubéka.

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Plus de 53% des Congolais consomment les médicaments de la rue
http://www.panapress.com/newslat.asp?code=fre042053&dte=25/01/2008

Brazzaville, Congo (PANA) - Plus de 53% des Congolais consomment "les
médicaments de la rue", selon les résultats d'une enquête sur la
consommation des médicaments menée à Brazzaville durant le deuxième semestre
2007 auprès de 708 personnes, a appris vendredi la PANA, de source
officielle.

Selon le président de l'Ordre national des pharmaciens du Congo, le Dr
Hyacinthe Ingani, les raisons d'achat des "médicaments de la rue"
s'expliquent par le faible revenu des populations.

"L'accès aux médicaments sécurisés vendus dans les pharmacies légalement
implantées semble être difficile pour la plupart des familles congolaises",
a-t-il précisé, ajoutant que "l'enquête montre que les populations ont
conscience du danger des médicaments de la rue. Toutefois, ils sont
nombreux, quels que soient la catégorie sociale et le niveau d'instruction,
à contester l'interdiction de ces médicaments jugés dangereux pour la
santé".

"Les résultats ont révélé trois sources d'approvisionnement qui s'expliquent
par le revenu de la population: la rue à 53,1%, les pharmacies avec un
pourcentage de 44,2%, les centres médicaux 6,7%", a encore précisé le Dr
Ingani, qui a plaidé pour la consommation des médicaments génériques.

Par ailleurs, le Dr Ingani a appelé les pharmaciens à bâtir des stratégies
et à orienter la population vers les produits génériques à faible coût,
invitant la Congolaise des médicaments génériques (COMEG) à s'ouvrir au
secteur privé afin que cette politique se traduise rapidement dans les
faits.

Brazzaville - 25/01/2008