[e-med] Presse médicale et laboratoires pharmaceutiques

[Merci à Charles Rambert pour la traduction]

BMJ 2005;330:1169 (21 May), doi:10.1136/bmj.330.7501.1169-b
http://bmj.bmjjournals.com/cgi/content/full/330/7501/1169-b

Dépendante des laboratoires pharmaceutiques, la presse médicale est
corrompue.
De Londres, Zosia Kmietowicz

La presse médicale ne serait-elle qu'une extension de la branche marketing
des labos, parce qu'elle tire une large proportion de ses revenus des
publicités pharmaceutiques et de la re-publication d'études financées par
l'industrie, se demande Richard Smith, le précédent éditeur en chef du BMJ.
Pour le Dr Smith, même si la presse médicale tire une bonne part de ses
revenus de la publicité pharmaceutique, ce n'est qu'une partie de la forme
de dépendance qui la corrompt puisque les publicités sont visibles par tous
et peuvent donc être soumise à critique. (PLoS Medicine 2005;2:e138;
www.plosmedicine.org, doi:
10.1371/journal.pmed.0020138).

La critique la plus sévère émise par le Dr. Smith porte sur le fait que la
presse publie des études financées par l'industrie. Au contraire de la
publicité, ses travaux sont reçus très favorablement par les lecteurs,
dit-il. Il est très rare que les études financées par les labos présentent
des résultats défavorables, mais elles représentent de 65 à 75% des études
publiées dans les journaux les plus prestigieux.

Le bénéfice potentiel tirés de ces re-publications peut atteindre 1 million
de dollars US, selon le Dr. Smith. Et c'est ce bénéfice potentiel qui peut
être à l'origine de l'influence corruptrice qui touche la presse médicale
parce que les éditeurs en chef ont la responsabilité de rentabiliser leur
journal. Les éditeurs peuvent être confrontés à un conflit d'intérêt
particulièrement effroyable, écrit le Dr. Smith, car ils peuvent avoir à
choisir entre publier un travail qui rapportera 100.000 dollars US ou devoir
se séparer d'un collaborateur pour atteindre leurs objectifs de profit.

Le Dr Smith, maintenant directeur exécutif de United Health Europe, propose
une solution à deux entrées à ce qu'il voit comme un problème. Tout d'abord,
il faut envisager plus de financement public des études, en particulier ceux
ayant une large base de comparaison des traitements disponibles pour un état
donné. Ensuite, peut-être que les journaux devraient arrêter de publier des
études. En retour, les protocoles et les résultats devraient être divulgués
sur des sites Internet, écrit-il. Seule une mesure aussi radicale pourrait
arrêter la dépendance de la presse de l'industrie. Au lieu de publier des
études, les journaux pourraient se concentrer sur leur analyse critique.

Fiona Godlee, éditeur en chef du BMJ a commenté les propos de Richard Smith
en disant qu'il avait mené cet important débat quand il était l'éditeur en
chef du BMJ, et que le BMJ continue sa croisade pour garantir que les
travaux de recherches sont rapportés avec honnêteté et intégrité. Nous
saluons cette contribution comme il se doit. Le BMJ accorde la plus haute
importance à la transparence et à la responsabilité.

Nous continuons à exiger un enregistrement public de toutes les études
cliniques et de la révélation des résultats, quels qu'ils soient. Nous ne
voyons pas d'objection à publier des articles dont les auteurs sont employés
ou payés par l'industrie pharmaceutique, tant que cette relation est
divulguée. Nous demandons aux auteurs de souscrire à cette clause
d'honnêteté intellectuelle et de déclarer qu'ils endossent la pleine
responsabilité de la marche de l'étude, qu'ils avaient accès aux données, et
qu'ils avaient le contrôle de la décision de publier. Nous demandons aussi
aux auteurs de révéler tout lien financier.