[e-med] Rapport de MSF sur les maladies tropicales négligées - "Sortir de l'oubli"

Bonjour,

Médecins Sans Frontières publie ce mois-ci "Sortir de l'oubli : lutter
contre la leishmaniose viscérale, la trypanosomiase humaine africaine, la
maladie de Chagas et les autres maladies négligées". Ce rapport présente
l'expérience de MSF dans la prise en charge de ces maladies et propose des
solutions concrètes pour améliorer la lutte à l'échelle internationale.

Vous trouverez ci-dessous le communiqué de presse qui accompagne le
rapport. Le rapport complet peut être téléchargé sur le mini-site web
"Sortir de l'Oubli" qui contient également d'autres outils d'informations,
dont des vidéos et des films d'animation :
http://www.msf.es/fighting-neglect/fr/

Bonne lecture,

Julien Potet
Chargé de plaidoyer - maladies tropicales négligées
Médecins Sans Frontières - Campagne d'Accès aux Médicaments Essentiels

Tel: +33 (0)1 40 21 28 32 (office) / +33 (0)6 61 75 81 77 (mobile)
julien.potet@paris.msf.org
www.msfaccess.org

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Communiqué de presse - UN NOUVEAU RAPPORT DE MSF PROPOSE DE SORTIR LES
MALADIES TROPICALES NEGLIGEES DE L’OUBLI

11 juin 2012 — Pour briser le cercle vicieux qui relègue dans l’oubli les
maladies négligées, les programmes existants de prise en charge des
patients doivent être étendus et la recherche médicale pour développer des
outils plus simples et plus efficaces doit être plus fortement soutenue,
d’après le nouveau rapport, Sortir de l’Oubli,qui a été rendu publique par
Médecins Sans Frontières (MSF).

En se basant sur les 25 années d’expérience de l’organisation dans la prise
en charge de la maladie de Chagas, la maladie du sommeil et le kala-azar,
en Amérique latine, en Afrique subsaharienne, dans le Sud-est asiatique et
dans le Caucase, le rapport examine le passé, le présent et le futur de la
lutte contre ces maladies et pointe le fait que l’accès à des traitement
vitaux de qualité nécessite une plus grande volonté politique de la part
des principaux bailleurs de fonds internationaux et des gouvernements des
pays endémiques. MSF demande également à ce que l’accent soit mis au plan
international sur la recherche et le développement d’examens diagnostiques
et de traitements plus efficaces pour ces maladies qui touchent très
majoritairement les habitants des pays en développement.

La leishmaniose viscérale (LV ou kala-azar) et la trypanosomiase humaine
africaine (THA, ou maladie du sommeil) sont toujours mortelles si elles ne
sont pas traitées. Avec la maladie de Chagas (trypanosomiase Américaine)
ces maladies tropicales négligées touchent des millions de personnes, et
provoquent la mort de dizaines de milliers d’entre elles chaque année.

”Ces maladies ne sont pas une fatalité” déclare le docteur Unni Karunakara,
président de MSF international. “Elles représentent certes un grand défi
mais on peut traiter et guérir les patient qui en sont atteints. On peut
faire sortir ces maladies de l’oubli et des millions de vies peuvent être
sauvées, mais pour cela, une réelle volonté politique est nécessaire : la
volonté politique de financer des programmes qui fonctionnent, et la
volonté politique de développer des produits nous permettant de mieux
lutter contre ces maladies ».

Le rapport confirme qu’il est tout à fait possible de diagnostiquer et de
traiter les patients atteints de ces maladies, mais que des décennies
d’inaction au niveau global ont laissé un vide important.

“Nous nous retrouvons face à un engrenage terrible”, explique Gemma Ortiz,
experte en maladies négligées à MSF. ”Les politiques de santé laissent de
côté la lutte contre les maladies négligées au prétexte qu’il n’existerait
pas de traitements suffisamment bons pour prendre en charge les patients.
Les compagnies pharmaceutiques n’investissent pas dans la recherche et le
développement de nouveaux produits car ces maladies touchent en grande
majorité les personnes les plus pauvres du monde, qui ne représentent pas
un marché lucratif. Cet engrenage doit être brisé”.

Il est possible d’obtenir de nets progrès. D’abord en soutenant les
programmes de prise en charge existants et en leur permettant d’étendre au
plus grand nombre les meilleures stratégies diagnostiques et options de
traitement. Par exemple, il faut mettre en œuvre davantage de projets de
lutte contre la maladie de Chagas en Amérique du Sud, à présent que
l’approvisionnement en benznidazole, le médicament de choix contre cette
maladie, devrait s’améliorer avec l’arrivée d’un nouveau fabricant sur le
marché. Il faut également développer l’accès d’un plus grand nombre
d’enfants au traitement, maintenant qu’une formulation pédiatrique du
benznidazole a été enregistrée au Brésil.

Les meilleurs régimes thérapeutiques existants contre le kala azar doivent
être mis à disposition dans le sous-continent indien. Il faut par exemple
améliorer l’accès aux traitements à base d’amphotéricine B liposomale.

Il faut également faciliter le développement d’examens diagnostiques et de
traitements sans danger, afin de mieux répondre aux besoins des patients et
de faciliter la dispensation des traitements dans les zones les plus
reculées, là où vivent la plupart des personnes affectées. La majorité des
diagnostics et des médicaments disponibles sont obsolètes et ils
nécessitent un personnel formé spécifiquement à leur utilisation et une
logistique onéreuse, ce qui limite les progrès de la lutte. En Afrique de
l’est, par exemple, le traitement de référence du kala-azar s’appuie sur un
médicament toxique qui date des années 30 et qui nécessite de nombreuses et
douloureuses injections

La mise sur le marché en 2009, pour la première fois depuis 25 ans, d’une
nouvelle thérapie pour le stade avancé de la maladie du sommeil, a
constitué une avancée. Mais les patients ont toujours besoin de 14
perfusions qui doivent être administrées dans un hôpital. L’avenir de la
lutte contre la maladie repose sur un médicament par voie orale, efficace
et sûr, pouvant être administré de manière ambulatoire.

D’une manière encourageante, un regain d’attention, au plan international,
a été observé pour les maladies tropicales négligées. En janvier 2012 à
Londres, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a rendu publique une
feuille de route visant à mieux contrôler et éliminer certaines maladies
négligées. Ce plan a reçu l’appui de la Fondation Bill et Melinda Gates et
de pays bailleurs de fonds tels que les Etats-Unis et le Royaume-Uni.

Mais les résultats concrets se font toujours attendre. Les programmes de
prise en charge n’ont pas encore pris de l’ampleur. Le plan n’apporte pas
de solutions nouvelles ou de financements supplémentaires pour
démultiplier les interventions existantes les plus efficaces contre la
maladie de Chagas et la maladie du sommeil. Et récemment à l’OMS, les
Etats-Unis et l’Europe se sont opposés à un projet qui visait à stimuler
l’innovation médicale contre les maladies négligées, : ils ont essayé de
bloquer des propositions d’autres Etats en faveur d’un nouveau dispositif
mondial qui permettrait de mieux orienter la recherche et le développement
vers les besoins des patients dans les pays pauvres.

“Pour que de meilleurs diagnostics et de meilleurs traitements soient
développés, nous avons besoin non seulement de plus de ressources destinées
à l’innovation, mais nous devons revoir très sérieusement aussi la manière
dont on fait la R&D et nous assurer que l’innovation répond bel et bien
aux besoins de santé publique dans les pays en développement”, conclut
Judit Rius, responsable aux États-Unis de la Campagne de MSF pour l’Accès
aux Médicament Essentiels. Ce dont nous avons besoin pour lutter contre ces
maladies mortelles, c’est d’action, et non pas une nouvelle fois de belles
paroles ».