[e-med] Record de fonds consacrés à la lutte contre le sida, mais...

NAIROBI, 10 juillet (IRIN) -

Les fonds consacrés à la lutte contre le
VIH/SIDA dans les pays à revenus faible et intermédiaire ont atteint un
niveau record en 2007, selon un nouveau rapport publié par le Programme
commun des Nations Unies sur le sida, ONUSIDA.

Les sommes dépensées pour la lutte contre le sida par le G8 (groupe des
huit pays les plus industrialisés de la planète), la Commission européenne
et d'autres bailleurs de fonds s'élevaient à 6,6 milliards de dollars
l'année dernière, contre 5,6 milliards de dollars en 2006.

Malgré cette largesse, il reste, selon l'ONUSIDA, un manque de 8,1
milliards de dollars à combler pour financer des programmes essentiels de
lutte contre le VIH/SIDA.

Les Etats-Unis sont le principal bailleur, puisqu'ils fournissaient 20
pour cent des ressources en 2007, suivis du Royaume-Uni. Certains Etats
non-membres du G8 ont également versé une aide considérable, notamment les
Pays-Bas, la Suède, l'Australie et l'Irlande.

Ce rapport intervient alors même que le G8 -composé de la Grande-Bretagne,
du Canada, de la France, de l'Allemagne, de l'Italie, du Japon, de la
Russie et des Etats-Unis- réitérait son engagement, pris au sommet de
Gleneagles, en Ecosse, en 2005, à consacrer 60 milliards de dollars à la
lutte contre les maladies en Afrique. En réitérant leur engagement, ils
ont ajouté un délai de cinq années de plus à cette initiative.

Au sommet du G8, du 7 au 9 juillet à Hokkaido, au Japon, les dirigeants
ont annoncé qu'ils fourniraient 100 millions de moustiquaires imprégnées
d'insecticide d'ici à l'an 2010 pour contenir la propagation du paludisme
sur le continent africain, et qu'ils travailleraient à accroître le
personnel de santé dans les pays qui pâtissent de graves pénuries de
travailleurs de la santé.

« Le G8 prendra des mesures concrètes pour travailler à l'amélioration du
lien entre les activités VIH/SIDA et les programmes de santé sexuelle et
reproductive et de planification familiale volontaire, pour améliorer
l'accès à la santé, notamment à la prévention de la transmission de la
mère à l'enfant, et pour atteindre les OMD [Objectifs du millénaire pour
le développement, fixés par les Nations Unies] en adoptant une approche
plurisectorielle et en favorisant l'engagement et la participation de la
communauté », pouvait-on lire dans un communiqué du G8.

L'annonce de l'allocation de ces fonds est un soulagement pour les
organisations qui s'efforcent de lutter contre les maladies et la pauvreté
en Afrique ; plusieurs rapports de presse avaient en effet laissé entendre
que le communiqué préliminaire devant être publié par le G8 ne traiterait
pas des objectifs en matière de VIH/SIDA.

Pour certaines organisations, malgré tout, ces engagements ne sont pas à
la hauteur des attentes ; ActionAid, une organisation non-gouvernementale
(ONG) qui lutte contre la pauvreté, a même qualifié le communiqué du
sommet sur l'Afrique de « mélange de promesses recyclées et de remèdes
inefficaces ».

Et bien qu'elles aient favorablement accueilli le nouveau délai de cinq
ans fixé pour le versement des 60 milliards de dollars consacrés à la
santé, « on ne sait toujours pas qui va payer et quand, précisément ».

« Les propositions de renforcement des services de santé sont également
considérées comme défaillantes par ActionAid, à moins qu'on ne prenne
davantage de mesures en vue de freiner l'exode des personnels qualifiés
hors des pays d'Afrique », selon un communiqué de presse.

Des fonds là où on en a besoin

« Il ne sert à rien de former davantage de travailleurs de la santé si la
fuite des cerveaux se poursuit », a en effet estimé le spécialiste de la
sécurité alimentaire d'ActionAid-Malawi. « Il y a plus de médecins
malawites dans la ville de Manchester que dans tout le Malawi ».

« C'est un bon progrès qu'ils fournissent le niveau de fonds promis », a
déclaré à IRIN/PlusNews Leonard Okello, chef de l'équipe internationale de
lutte contre le VIH/SIDA d'ActionAid. « Nous espérons néanmoins qu'ils
tiendront ces engagements, car l'un des gros problèmes en termes de
financement de la santé, c'est que beaucoup de promesses de subvention
sont faites et que seule une partie d'entre elles sont tenues ».

« Le G8 et d'autres leaders des pays développés travaillent généralement
en fonction d'un calendrier politique ; leurs financements s'adaptent donc
aux moments où ils arrivent au pouvoir et quittent leurs fonctions, et non
aux besoins des populations qu'ils ciblent », a-t-il ajouté.

« L'autre problème avec les fonds consacrés au VIH/SIDA, c'est qu'ils
parviennent rarement aux populations qui en ont le plus besoin, qui se
trouvent à l'échelle de la communauté », a poursuivi M. Okello. « Les
recherches montrent qu'en Afrique, plus de 70 pour cent du travail
effectué dans le domaine du VIH est réalisé par des organisations
communautaires, pourtant seuls 11 pour cent des fonds leur parviennent ».

« De plus, les organisations qui bénéficient de ces fonds doivent
satisfaire à des normes strictes -généralement, seules les grandes
organisations internationales, qui n'ont pas une idée précise du contexte
dans lequel elles opèrent, sont en mesure de remplir ces critères, alors
l'argent finit par être dépensé là où l'on n'en a pas besoin », a-t-il
ajouté.

D'importantes sommes d'argent sont dépensées dans des hôtels de luxe, dans
le cadre de rencontres de haut niveau, a-t-il également noté ; cet argent
pourrait être utilisé à meilleur escient, s'il était directement versé à
la communauté.

« Il n'est pas étonnant que malgré tous les fonds versés, l'intervention
[contre le sida] reste à la traîne face à l'épidémie », a conclu M.
Okello.

L'association de formation permanente "Développement et santé" qui travaille
depuis 30 ans à la formation des soignants du premier niveau du système de
santé des PED vient de réaliser un "guide de gestion des médicaments pour
l'infirmier isolé" destiné à tous les soignants des centres de santé de
premier niveau.
Ce guide est une appropriation du guide élaboré par différentes institutions en 2006 et destiné à être adapté à chaque pays*

Ce guide est disponible sur le site www.devsante.org

Développement et santé édite depuis 30 ans une revue du même nom (dont tous
les articles sont accessibles sur le site) et développe depuis 2 ans une
formation sous forme de modules adaptables disponibles sur son site et
utilisables soit en autoformation par internet soit en atelier avec
différents outils dont l'ordinateur.

* "le "manuel de gestion de l'approvisionnement des structures sanitaires de
premier niveau" est publié par OMS sur le site
(www.who.int/hiv/amds/HandbookFeb2007.pdf) en anglais et
www.who.int/hiv/amds/HandbookFrenchFeb2007.pdf
en français