Après avoir été le laboratoire des soins de santé primaires en Afrique, la
situation sanitaire en Guinée accuse le coup d'un manque chronique de
médicaments dans les formations sanitaires. Les fluctuations de la monnaie,
l'inflation et d'autres facteurs liés à la gouvernance ont fait fondre les
réserves de trésorerie des formations sanitaires. Elles éprouvent d'énormes
difficultés pour s'approvisionner auprès d'une centrale d'achat nationale
(la Pharmacie Centrale de Guinée : PCG) qui elle-même manque cruellement de
liquidité. A cela s'ajoutent les difficultés de l'Etat à financer le
secteur. La santé représente 2,5% du budget national avec un taux de
décaissement global de 60% (dont 40% hors salaire). Aussi, pour palier à l'insuffisance
de subvention de l'Etat, les hôpitaux en particulier on dû utiliser leurs
fonds destinés au réapprovisionnement en médicaments pour couvrir les autres
postes de dépenses. Ils se retrouvent dépourvus de fonds de roulements, ce
qui les rend incapables de rembourser les avances de médicaments contractées
auprès des fournisseurs locaux dont la PCG.
Une étude réalisée par l'Union Européenne en 2006, a déjà attiré l'attention
sur le problème et a proposé de redynamiser l'approvisionnement en
médicaments mais rien n'a concrètement été fait depuis lors. Un atelier pour
la relance des soins de santé primaires a eu lieu à Kindia en décembre 2008.
Un plan d'opérationnalisation budgétisé de relance des soins de santé
primaires en Guinée a été finalisé en mars 2009 en collaboration avec l'ensemble
des partenaires présents dans le pays. La Guinée a prévu dans sa proposition
au fonds global pour le round 9, un soutien au développement du système de
santé mais n'a pas pu obtenir ce round.
Les partenaires au développement présents en Guinée sont d'accord pour
appuyer la relance des Soins de Santé primaires dans une approche globale
multi-bailleurs. Ensemble avec un noyau dur du niveau central bien décidé à
réaliser quelque chose malgré les difficultés, L'UNICEF, la GTZ, l'OMS, Plan
Guinée, l'UNFPA ainsi que l'Etat Guinéen ont entamé la relance des Soins de
Santé Primaires en Guinée.
Dans une vision d'ensemble, la revitalisation des formations sanitaires
passant par la fourniture des médicaments essentiels, la mise en place de
comités de santé qui sont désormais des sont directement liées aux
collectivités territoriales décentralisées, la formation des acteurs et
surtout l'information de la population ainsi que la réforme de la pharmacie
centrale de Guinée sont pèle-mèle quelques activités en cours.
L'approche séduit par son pragmatisme et le fait d'être ourdie par les
cadres du Ministère de la Santé et du Ministère de la décentralisation et
aussi par sa simplicité dans le financement. Il ne s'agit si d'un SWAp ni d'une
réforme sectorielle très coûteuse avec de nombreux experts et des études à n'en
plus finir. Il s'agit plutôt de faire avec les moyens disponibles et le
savoir faire qui est déjà présent. La motivation est très forte au sein du
personnel de santé qui s'est engagé dans les activités pour la réussite sans
les réclamations habituelles de perdiems etc.
Le lancement officiel aura lieu le 3 mai mais l'essentiel des préparatifs
est déjà fait ou en cours.
Souhaitons bonne chance à la Guinée. Peut-être est-ce une alternative aux
modèles classiques de financement des réformes?!?
Dr AHAWO Komi M. Alain
Directeur
Programme Santé et Lutte contre le SIDA (PSS)
Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit (GTZ) GmbH
B.P. 4100, Conakry, République de Guinée
Tel.: +224 - 30 468844 /+224 66218729
Email : aahawo@yahoo.fr