[e-med] Revue de presse sur le VIH

[Source IRIN, d'département d'informations humanitaires des Nations Unies, mais qui ne reflètent pas nécessairement les vues des Nations Unies ou de ses agences. Archivés sur internet sous : http://www.Plusnews.org/fr.\]

1 - AFRIQUE : Les non-alignés s'engagent à protéger les femmes contre le VIH/SIDA
2 - CÔTE D IVOIRE : Les musulmans parlent pour vaincre les tabous sur le VIH/SIDA
3 - TANZANIE : Une campagne publicitaire pour promouvoir le dépistage du VIH/SIDA
4 - NIGERIA : Un nouveau centre de transfusion sanguine pour lutter contre le sida
5- Sao Tome-et-Principe : L'épidémie de VIH gagne du terrain, le tourisme et le pétrole en cause

1 - AFRIQUE : Les non-alignés s'engagent à protéger les femmes contre le VIH/SIDA

DAKAR, le 12 mai (IRIN) - Les pays membres du mouvement des non-alignés (MNA), dont 52 pays africains, ont promis de 'sauver les femmes' de la pauvreté, de la guerre, des abus sexuels et du VIH/SIDA, dans une déclaration rendue publique mardi au terme d'une réunion ministérielle tenue en Malaisie.

Selon les acteurs de lutte contre le sida présents à la réunion, 57 pour cent des personnes vivant avec le VIH en Afrique sub-saharienne sont des femmes, un groupe vulnérable bien souvent victime de rapports sexuels forcés.

«Des milliers de femmes n'ont pas accès au traitement anti-rétroviral parce qu'elles ne sont même pas diagnostiquées pour des symptômes liés au VIH/SIDA», a dit Marina Mahathir, la présidente du conseil de lutte contre le sida en Malaisie.

«Si les médecins ont l'habitude de consulter des hommes, ils auront du mal à reconnaître les manifestations de la maladie chez la femme», a-t-elle ajouté.

Pour Mahathir, la discrimination et la stigmatisation doivent être 'déracinées' et les gouvernements doivent s'atteler à améliorer l'éducation sexuelle, élargir l'accès aux modes de contraception féminine, notamment le préservatif féminin, et aider les femmes à devenir plus indépendantes financièrement pour combattre la propagation du virus.

Dans une lettre adressée aux ministres réunis en Malaisie, le secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan a souligné que les problèmes que rencontrent les femmes, notamment l'infection au VIH, peuvent être résolus. «Nous avons appris les années passées que les problèmes que rencontrent les femmes ne sont pas sans solutions», a-t-il dit.

Les 50 points de la déclaration finale ont trait notamment aux questions liées à la santé, à la pauvreté, aux conflits armés et à la violence faite aux femmes. Aux termes des travaux, les délégués ont proposé la mise en place d'un centre Genre et Développement du MNA, pour l'amélioration de la condition de la femme à travers l'éducation.

«Les pays du MNA n'ont pas les mêmes défis ni les mêmes expériences», a dit le ministre cambodgien de la femme, Ing Kantha Phavi. «Mais la déclaration de Putrajaya servira de force motrice pour que les pays du mouvement servent les intérêts et les besoins de la femme» a-t-elle ajouté.

[ENDS]

2 - CÔTE D IVOIRE : Les musulmans parlent pour vaincre les tabous sur le VIH/SIDA

ABIDJAN, le 12 mai (IRIN) - Les musulmans s'interrogent sur la position de l'Islam face à l'épidémie de VIH/SIDA et leurs responsables en Côte d'Ivoire ont décidé de leur répondre, sans détour ni tabous, au cours d'une campagne d'information d'envergure qui touchera sept communes de la capitale économique ivoirienne.

Initiée par la Coordination des musulmans d'origine nigériane et d'adoption en Côte d'Ivoire (Comonaci), cette campagne a débuté le 10 avril dans la commune du Plateau et se déroule chaque dimanche dans un quartier différent d'Abidjan.

"Un grand nombre parmi vous pense que le VIH/SIDA n'existe pas, d'autres pensent que parler de cette maladie qui est en rapport avec la sexualité - excusez-moi - est tabou", a expliqué Mufutahu Saka au public réuni dans la salle des mariages de Treichville, un quartier populaire d'Abidjan.

"Nous avons organisé ce programme pour sauver des vies", a poursuivi ce responsable de la Comonaci devant la centaine de personnes, hommes et femmes, qui était venue assister à cette séance d'information du dimanche soir.

Avant d'aborder le thème central de la discussion, "L'Islam face au sida", les femmes et les hommes ont dit une prière commune, pour demander à Allah "qu'il éloigne le sida de l'humanité".

Les conférences organisées lors de cette campagne, destinée en premier lieu aux musulmans d'origine nigériane, sont données en langue Yoruba mais aussi en Français, pour être accessibles aux autres musulmans vivant en Côte d'Ivoire.

"Le sida concerne tout le monde, il affecte aussi les croyants qui ne savent pas s'en prémunir", a dit Cissé Djiguiba, l'imam de la mosquée du quartier du Plateau lors du lancement de la campagne le 10 avril. "Même des imams sont séropositifs!".

Mamadou Ganyou, un technicien de 25 ans, a déjà assisté à plusieurs conférences sur le sida. Ce célibataire "à la recherche de la femme idéale" a dit avoir été particulièrement attiré par la campagne d'information de la Comonaci lorsqu'elle a été annoncée sur les ondes de la radio Al Bayane de l'imam Djiguiba.

C'est la première fois qu'il entendait parler du sida au sein de la communauté musulmane.

"Pour une fois, ceux qui parlent du sida sont des gens de notre religion et de notre culture", a dit Ganyou à PlusNews lors de la séance d'information à Treichville.

"Nous sommes dans un monde en danger, donc le croyant doit avoir un comportement différent. Mais pour cela il faut connaître les voies à suivre", a-t-il dit.

<b>"Vous ne serez pas une courroie de transmission du sida"</b>

Amener les leaders musulmans à attirer l'attention des fidèles sur la gravité de l'épidémie dans un pays où la propagation du virus est alarmante, tout en donnant aux croyants des réponses sur la position de l'Islam face à ce fléau font justement partie des objectifs de la campagne, selon Wahabi Oyelade, secrétaire du Comonaci.

L'imam Djiguiba s'est volontiers plié à l'exercice, expliquant à l'auditoire que "la religion musulmane préconise les relations sexuelles dans le cadre du mariage et vous demande l'abstinence pendant votre jeunesse".

"Vous serez soumis au test de dépistage avant le mariage et vous ne serez pas une courroie de transmission du sida", a poursuivi le chef religieux.

A Treichville, l'imam Alimi Miftahudeen a insisté sur le fait que le "sida comme d'autres maladies, existe dans le saint Coran, en parabole", sans donner plus de détails. Il intervenait sur le thème 'Musulman face au sida, quel comportement ?'.

Les moyens de se prémunir de l'infection au VIH ont aussi été évoqués lors de ces conférences.

"Le préservatif est un moyen pour ceux qui s'adonnent à la débauche, mais si dans un couple on constate qu'un conjoint est malade, le préservatif est aussi conseillé", a dit l'Imam Miftahudeen.

C'était la première fois que cet imam parlait du sida à des fidèles. "Ce n'est pas gênant pour moi, je n'ai pas de complexe puisque c'est pour sauver des vies", a-t-il expliqué à PlusNews.

Selon Djiguiba, il est regrettable que de nombreux fidèles enfreignent les préceptes divins mais que l'on ne parle du sida qu'au moment de leurs obsèques.

"Nous souhaitons maintenant sensibiliser les gens tant qu'ils sont vivants", a dit Djiguiba à l'assistance. "Il faut utiliser les préservatifs, mais ce n'est pas une excuse pour commettre des pêchés. Si vous avez le virus, venez nous voir pour qu'on vous aide avec des versets".

Pour évoquer les modes de transmission du virus et les moyens de s'en protéger, les conférenciers ont choisi leurs mots avec précaution, pour ne pas choquer et pour traduire des notions scientifiques qui n'existent pas toujours en langue Yoruba.

Lors de son intervention sur le thème "Le sida, c'est quoi même ?", le professeur de médecine Salami Kassanyou a dû recourir à des images pour expliquer ce qu'était un virus et des globules, utilisant par exemple la notion plus connue de 'microbes'.

<b>"Le musulman séropositif, que doit-il faire?"</b>

Avide d'informations sur cette épidémie qui l'inquiète, Fatoumata Nassirou, étudiante et jeune mariée enceinte de son premier enfant, s'est rendue à Treichville pour suivre les débats.

"Je voulais avoir des informations nouvelles sur le sida et surtout savoir comment l'Islam aborde le sujet", a-t-elle expliqué.

Auditrice assidue des émissions de santé à la radio, notamment 'Espace santé' diffusée par la radio musulmane Al Bayane, Nassirou a estimé qu'il était nécessaire de s'informer, d'autant plus que de nombreuses femmes musulmanes sont illettrées et donc plus exposées à l'infection au VIH.

"Beaucoup de nos parents illettrés ne comprennent pas l'Islam, ils pensent qu'on ne doit pas parler du sida" a-t-elle regretté.

"Quand vous regardez la télé, on vous dit que si vous êtes séropositif et que vous n'avez plus d'espoir, il faut donner votre vie à Jésus. Et le musulman que doit-il faire? Les émissions islamiques ne parlent jamais de sida!", a ajouté Nassirou.

Soutenus par le Conseil supérieur des imams, le Conseil national islamique et le ministère de la Lutte contre le sida, les programmes de la Comonaci ne bénéficient d'aucune subvention, selon Saka, le secrétaire de l'organisation.

"Notre plus grand défi, c'est de réussir à intéresser le maximum de musulmans aux programmes de lutte contre le sida", a-t-il expliqué.

Selon Saka, la Comonaci n'a pas encore eu l'affluence escomptée lors des séances de sensibilisation dans les quartiers du Plateau, de Koumassi, d'Adjamé et de Treichville, mais il espère avoir plus de succès dans le plus grand quartier musulman d'Abobo lors de la clôture de la campagne le 21 mai.

L'organisation envisage désormais un autre programme pour former des imams à la sensibilisation sur le VIH/SIDA, dans un pays où les dernières études réalisées par des organisations humanitaires révèlent une hausse alarmante du nombre des infections sexuellement transmissibles et des infections au VIH.

Selon ces études, la situation est particulièrement critique dans le nord à majorité musulmane du pays sous contrôle rebelle, où les structures sanitaires sont quasi inexistantes depuis le coup d'Etat manqué de septembre 2002 et la partition du pays, le sud étant contrôlé par les partisans du président Laurent Gbagbo.

Une enquête nationale est en cours pour déterminer le taux de prévalence, estimé à sept pour cent avant 2000.[ENDS]

3 - TANZANIE : Une campagne publicitaire pour promouvoir le dépistage du VIH/SIDA

DAR ES SALAAM, le 12 mai (IRIN) - L'Association pour la médecine et la recherche en Afrique (AMREF), une ONG médicale internationale, a lancé mardi la troisième phase d'une campagne médiatique pour promouvoir le dépistage volontaire du VIH et le conseil en Tanzanie.

«Nous devons briser le silence et inciter la population à faire quelque chose de positif pour empêcher la maladie mortelle de se transmettre davantage», a déclaré l'ex-président tanzanien Ali Hassan Mwinyi lors du lancement de la campagne à Dar Es-Salaam, la capitale de la Tanzanie.

Financée par l'Agence américaine pour le développement (USAID), cette ambitieuse campagne d'information utilisera des posters et des publicités télévisées et radiodiffusées pour inciter la population à se faire dépister et assister.

Le thème de la nouvelle campagne est «Prenez la bonne décision. Connaissez votre statut sérologique».

Il y a trois ans, AMREF a initié le programme «Angaza», un terme Kiswahili signifiant «éclairé». Le programme a permis l'ouverture de centres de dépistage volontaire et d'information partout dans le pays. Quarante centres ont été créés en Tanzanie.

Mwinyi a déclaré que la pandémie de VIH/SIDA minait l'économie en privant la nation de ses jeunes travailleurs. Il a affirmé que la meilleure approche pour contrer la maladie nécessitait un changement de comportements, particulièrement en favorisant la fidélité au détriment de partenaires multiples.

«Si nous ne prenons pas nos précautions, la nation périra bientôt», a déclaré Mwinyi, âgé aujourd'hui de 80 ans.

Une étude récente a démontré que sept pour cent des Tanzaniens adultes, soit près de deux millions de personnes, seraient séropositifs.

Selon Mwinyi, il faut faire davantage d'efforts pour éviter que les 93 pour cent restant ne contractent le virus.

«Cette campagne nécessite le soutien de tous et non pas seulement celui des professionnels de la santé et des politiciens. Tout le monde doit faire sa part», a-t-il dit.

Les centres de dépistage offriront des conseils aux personnes séronégatives pour minimiser les risques d'infection au VIH, tandis que ceux dont le test se révèlera positif se verront prodiguer des conseils sur la manière de réduire les risques d'infection et de vivre positivement leur statut.

«Les services offerts par Angaza sont prodigués dans un environnement amical et accueillant. Respect de la vie privée, confidentialité et exactitude des résultats sont garantis», a expliqué Paul Wibale, le directeur national de AMREF.

4 - NIGERIA : Un nouveau centre de transfusion sanguine pour lutter contre le sida

ABUJA, le 13 mai (IRIN) - Le président Olusegun Obasanjo s'est rendu jeudi dans le nouveau centre de transfusion sanguine de la capitale du Nigeria pour donner son sang et le feu vert à une remise en ordre du système jusque-là chaotique de la banque de sang afin d'éviter une propagation du VIH/SIDA.

Selon la dernière étude sentinelle, réalisée sur des femmes enceintes de moins de 50 ans, le taux de prévalence du VIH/SIDA est estimé à cinq pour cent, pour une population estimée à plus de 126 millions d'habitants.

Sur un million d'échantillons d'analyses de sang effectuées dans ce pays ouest-africain, le plus peuplé du continent, dix pour cent sont contaminés par le VIH/SIDA, a dit Jeff Busch, le directeur de Safe blood for Africa (Du sang sain pour l'Afrique), une organisation caritative américaine qui a participé, avec le gouvernement, au financement du centre.

Le nouveau centre de transfusion sanguine, l'un des sept prévus au Nigeria, délivrera des certificats garantissant la sécurité du sang livré aux hôpitaux. Auparavant, chaque hôpital gérait sa propre banque du sang, rendant difficile la standardisation des examens sanguins.

«Par les temps qui courent, compte tenu des maladies encore inconnues et de la pandémie du sida, il est important d'avoir du sang sécurisé et propre pour sauver des vies», a dit Obasanjo.

Au Nigeria, les gens sont souvent payés pour donner leur sang et le système de contrôle des échantillons n'est pas réglementé.

Parfois, des échantillons de sang non analysés sont vendus aux hôpitaux avec la mention «testés à la syphilis, à l'hépatite et au VIH/SIDA», des maladies qui peuvent être contractées lors d'une transfusion sanguine, a dit Busch.

Le président Obasanjo a profité de l'inauguration du centre pour lancer un avertissement contre cette pratique, exigeant que les Nigérians cessent «de dépendre des racoleurs, des vendeurs de sang ou d'autres sources encore plus douteuses».

Selon Busch, six autres centres de transfusion sanguine, d'un coût de 20 millions de dollars, seront construits à travers le pays au cours des cinq prochaines années.

«Lorsque le projet sera pleinement opérationnel, nous éviterons chaque année à des centaines de milliers de personnes de contracter des maladies infectieuses», a-t-il ajouté.

Le ministre de la santé Eyitayo Lambo a reconnu que, par le passé, le gouvernement avait tenté de résoudre le problème mais en vain.

«Mon ministère a essayé de prendre plusieurs mesures ad hoc pour améliorer les services de transfusion sanguine du pays, mais aucune d'entre elles n'a eu d'impact», a dit Lambo. «Le sang est devenu de plus en plus rare et de nombreuses personnes sont mortes alors que nous aurions pu l'éviter».

5- Sao Tome-et-Principe : L'épidémie de VIH gagne du terrain, le tourisme et le pétrole en cause
Sao Tome, 10 mai (Plusnews) - Le taux d'infection au VIH à Sao Tome et Principe pourrait tripler d'ici cinq ans en raison du développement touristique et pétrolier de cette petite île isolée du golfe de Guinée, selon l'un des principaux acteurs de la lutte contre le sida.
"A moins que des mesures de prévention soient immédiatement prises, le nombre de personnes séropositives dans ce pays pourrait tripler d'ici cinq ans", a dit lors d'une conférence de presse Antonio Amado Vaz, le directeur exécutif de l'association de Sao Tome pour la protection de la famille (ASPF), une ONG très impliquée dans les campagnes de sensibilisation contre le sida.
Le programme national de lutte contre le sida (PNLS) a pour l'instant beaucoup de mal à faire face à la situation.
Son directeur, Amado Vaz, un médecin formé à Cuba, a démissionné en décembre pour protester contre les lourdeurs bureaucratiques qui ont conduit la Banque mondiale à suspendre les financements destinés à la lutte contre l'épidémie.
Il s'est insurgé, la semaine dernière, contre les incohérences d'une politique qui empêche aujourd'hui de nombreux patients de bénéficier des traitements antirétroviraux (ARV) qui prolongent leur vie.
Ainsi, bien que le Brésil ait offert à Sao Tome suffisamment de médicaments pour soigner 100 personnes dans un département spécial de l'hôpital principal, moins de 30 patients sont aujourd'hui sous traitement.
Selon Amado Vaz, le taux de prévalence dans cet ilôt endormi à 300 kilomètres des côtes du Gabon pourrait être beaucoup plus élevé que l'estimation officielle de un pour cent de personnes infectées.
Il a affirmé que 159 cas de sida ont été enregistrés sur l'île de Sao Tome, mais aucun sur la petite île voisine de Principe, 150 kilomètres plus au nord.
Mais selon Vaz, entre 3 000 et 6 000 personnes pourraient être infectées par le VIH/SIDA soit deux à quatre pour cent des 140 000 habitants de l'archipel, un chiffre supérieur au taux officiel de prévalence, estimé en 2002, à 1,5 pour cent.
Quelques soient les chiffres, Amado Vaz et les agences des Nations Unies se disent inquiets du risque de progression rapide de la pandémie qui coinciderait avec l'arrivée de visiteurs étrangers.
Dans un rapport publié l'année dernière, le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (Unicef) avait dit craindre une augmentation sensible du taux d'infection au VIH au cours des prochaines années, qui pourrait alors atteindre cinq pour cent de la population générale.
Un taux de cinq pour cent de personnes infectées signifie que l'épidémie est "généralisée" et donc difficilement contrôlable.
Les touristes sont de plus en plus attirés par l'archipel poissonneux de Sao Tome et Principe, dont les quelques stations balnéaires ne dénaturent pas un paysage et une vie animale toujours préservés.
Touristes et pétroliers
Mais à Sao Tome, on s'inquiète du risque de développement du tourisme sexuel avec la venue de voyageurs venus du Portugal et d'Afrique du sud grâce à des vols réguliers avec Lisbonne et Johannesbourg -- un pédophile portugais a d'ailleurs été condamné et emprisonné par les autorités l'année dernière.
De plus en plus d'hôtels se construisent à présent sur les plages vierges bordées de cocotiers et si les touristes ne sont aujourd'hui qu'une poignée, Amado Vaz craint qu'ils soient rapidement des centaines et que les infections sexuellement transmissibles (IST) commencent à se propager dans l'archipel.
Ce flux croissant de voyageurs est alimenté par celui des pétroliers, venus explorer les eaux profondes de la zone conjointe de développement partagée avec le géant nigérian.
"Le pays n'est pas du tout préparé à cela", a estimé Amado Vaz.
Le premier bloc de la zone pétrolifère commune, en réalité une extension des champs du Nigeria, a été accordé en février à un consortium conduit par le pétrolier américain Exxonmobil qui prévoit les premiers forages pour 2007.
Du coup, le gouvernement américain pourrait étendre la piste du petit aéroport de Sao Tome et construire un nouveau port en eaux profondes pour un coût estimé à 500 millions de dollars, autant que Sao Tome pourrait gagner en 100 ans d'exportation de fèves de cacao, sa principale source de devises.
Pour les acteurs de la lutte contre le sida, le risque est grand d'assister à une explosion de l'épidémie de VIH/SIDA à Sao Tome, comme cela s'est passé en Guinée équatoriale voisine qui a vu, après le début de l'exploitation pétrolière en 1991, son taux de prévalence bondir à 7,2 pour cent.
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le taux d'infection au VIH en Guinée équatoriale ne cesse de grimper au point de frôler les 10 pour cent.
Or, à Sao Tome, aucune association de personnes vivant avec le VIH/SIDA ne défend les droits des séropositifs et la pandémie prospère sans que rien ne vienne briser les tabous qui l'entourent, selon Amado Vaz.
Il a ajouté que les personnes infectées sont souvent rejetées par leurs communautés et leurs propres familles.
Seule l'ASPF tente de faire passer des messages de prévention via un réseau d'activistes volontaires, qui distribuent gratuitement des préservatifs. Rares sont ceux qui savent comment se protéger et, selon l'Unicef, seulement 30 pour cent de la population utilisent une méthode de contraception.
Une jeune fille de 18 ans interrogée dans la rue a dit ne pas savoir comment le sida se transmet, ajoutant qu'elle et son ami utilisaient des préservatifs pour éviter une grossesse malencontreuse.

Sao Tome a enregistré un premier cas de sida en 1987 mais il y a eu une rapide accélération du nombre de personnes infectées en 1998 à la suite de l'expulsion par les autorités gabonaises de 3 000 Sao Toméens, selon Adamo Vaz.
Le taux de prévalence du VIH/SIDA est particulièrement élevé dans ce petit Etat pétrolier d'Afrique centrale, où 8,1 pour cent de la population sont infectés par le virus.
Ainsi, Amado Vaz a admis que, contrairement à ce que l'on constate dans la plupart des pays africains, plus d'hommes que de femmes étaient séropositifs dans l'archipel, en raison de la forte mobilité de la population masculine.