SENEGAL/BRESIL : Coopération pour la fabrication de médicaments
antirétroviraux
DAKAR, le 12 avril (IRIN) - Le Brésil et le Sénégal se sont engagés à
collaborer dans le domaine de la fabrication de médicaments antirétroviraux
génériques contre le VIH/SIDA, a dit mardi Sergio Arruda de l'ambassade du
Brésil au Sénégal à la veille de la visite à Dakar du président brésilien
Luiz Inacio Lula da Silva.
Deux missions techniques ont déjà eu lieu qui vont aboutir dès le mois de
juin à des accords de coopération médicale, a dit Arruda lors d'une
conférence de presse dans la capitale sénégalaise.
«Nous essayons de partager notre expérience, qui est considérable car nous
avons su maîtriser la situation grâce notamment à la distribution
d'anti-rétroviraux génériques», a-t-il dit.
En 1997, le Brésil a lancé sa propre production de médicaments génériques et
a réussi à diminuer de 80 pour cent le prix des traitements contre les
maladies opportunistes, réduisant de 50 pour cent les décès liés à cette
maladie.
Cette politique, qui permet à tous les Brésiliens de bénéficier de l'accès
universel et gratuit aux médicaments antirétroviraux, sert de modèle à la
nouvelle politique de l'Organisation mondiale de la santé qui sera implantée
d'ici 2008.
Le ministre brésilien de la Santé, qui voyage avec la délégation
présidentielle, devrait discuter des modalités de la fabrication des
génériques avec son homologue sénégalais, a dit Sergio Arruda. «Nous
essaierons de fabriquer au Sénégal des médicaments génériques dont nous
avons obtenu la licence», a-t-il ajouté.
Sur les 250 Brésiliens qui résident au Sénégal, 12 sont médecins et ont une
bonne connaissance des besoins de la société sénégalaise en matière de lutte
contre le sida, a dit Arruda.
«Ces médecins prendront contact avec le ministre brésilien de la Santé pour
lui suggérer des actions concrètes», a-t-il expliqué.
Au Sénégal, grâce à l'initiative nationale d'accès aux antirétroviraux
(ISAARV) mise en place en 1998, 2 700 personnes reçoivent des traitements
gratuits dans un pays qui fait désormais figure d'exemple en matière de
politiques de prise en charge des personnes infectées en Afrique.
«Le Sénégal est toujours considéré comme un pays de référence dans la lutte
contre le sida et cette action aura un rayonnement dans la sous-région», a
conclu Arruda.
Pourtant, l'OMS estime à 12 000 le nombre de personnes qui devraient
bénéficier d'un traitement antirétroviral au Sénégal mais pour qui le coût
des examens de laboratoire, qui déterminent l'accès au traitement, est trop
élevé.
Selon une étude de l'Agence nationale de recherche sur le sida (ANRS), le
coût des dépenses médicales par patient et par jour est de 5 200 francs CFA
(10,5 dollars), dans un pays où 50 pour cent de la population vit avec moins
de 600 dollars par an.
Le sida a fait l'objet de la signature de plusieurs accords de coopération
entre le Brésil et les pays visités au cours de cette tournée africaine qui
a mené le président Lula au Cameroun, au Nigeria, au Ghana, en Guinée Bissau
et doit se terminer jeudi au Sénégal.