[e-med] Sénégal: soins "plus difficiles" sans les médicaments envoyés de France

[Apparemment le débat sur les médicaments non utilisés n'est pas clos.
Cet article relance le débat sur l'opportunité de leur envoi en
Afrique.Bien que l'article concerne le seul cas du Sénégal, il
pourrait s'appliquer à plusieurs autres pays africains. La suppression
des MNU se justifie certe, mais on les remplace par quoi pour faire
face aux besoins qu'ils contribuaient à résoudre tout de même? Simon
Kaboré]

Romandie News
Sénégal: soins "plus difficiles" sans les médicaments envoyés de France

DAKAR - L'arrêt de l'envoi des médicaments non utilisés en France vers
les pays en voie de développement va rendre "plus difficile" le
traitement de certaines maladies au Sénégal, a déploré mercredi un
responsable de l'institut de léproserie appliquée de Dakar (Ilad).

La France a arrêté, en janvier, la redistribution à des organisations
humanitaires des médicaments non utilisés mais encore utilisables, qui
doivent désormais être incinérés.

"Cela va surtout affecter les soeurs, qui dans les dispensaires,
soignent tout un champ de maladies grâce à ces dons. Les maladies
rares seront plus difficiles à prendre en charge", a déclaré le
directeur adjoint de l'Ilad, Alain Legendre, à quelques journalistes.

Au Sénégal, "18 tonnes de médicaments et de matériel médical (...)
sont envoyées deux fois par an", selon M. Legendre, qui dit coordonner
leur distribution "dans 25 dispensaires et centre de santé" du pays.

"Désormais nous ne recevons que des médicaments neufs", et cela ne
permet plus aux bénévoles "de prendre en charge" certaines maladies,
a-t-il ajouté.

L'envoi au Sénégal de médicaments non utilisés en France "était une
grande aide pour les malades du VIH/sida", selon soeur Xawiere, du
dispensaire Notre-Dame à Thiaroye, en banlieue de Dakar.

"Nous prenons en charge gratuitement 400 malades du sida. Désormais,
les antirétroviraux ne figurent plus sur les listes de médicaments des
dons et nous sommes obligés de les acheter nous-mêmes", a déploré la
religieuse.

L'Ordre de Malte France, organisme caritatif collectant des
médicaments non utilisés pour des centres de santé, avait expédié en
2007 56 tonnes de médicaments vers 14 pays, selon son service de
communication.

Cet organisme "espère collecter 2 millions d'euros en 2009 afin de
poursuivre son aide aux pays en voie de développement", a déclaré
Bertille Champenois, chargée des relations presse à l'Ordre de Malte.

La redistribution à des organisations humanitaires des médicaments non
utilisés mais encore utilisables a cessé en France à la suite de
problèmes mis au jour, comme le détournement des médicaments par des
pharmaciens qui les revendaient ou encore l'inadaptation des
médicaments récupérés aux besoins des populations du Sud.

((c)AFP / 21 janvier 2009 20h43)

--
Simon KABORE
Coordonnateur du Réseau Accès aux Médicaments Essentiels (RAME)
04 BP: 8038 Ouagadougou 04 Burkina Faso
Tel: bur (226) 50 34 55 32
         Cel: (226) 70 24 44 55
E-mail alternatif: simonkabore@rame-bf.org

Mais où est le développement de ces structures et l'autonomie de ces
bénéficiaires? Va-t-on les garder comme assistés en permanence?
Le Fonds mondial finance les ARV [antirétroviraux].
Il faudrait qu'un jour les dispensaires religieux entrent dans la carte
sanitaire des pays où ils travaillent et appliquent les lois nationales et
internationales

Dr REY JL santé publique

J'avais espéré la réaction de la Direction de la Pharmacie et des Laboratoires à la lecture de cette information. Mais en tant que Programme de Lutte contre le Sida, nous relevons deux contre-vérités majeures: (1) le Programme de lutte contre le Sida n'a pas répertorié ce site comme un site de prise en charge et ne reconnaît donc pas ces 400 patients VIH déclarés par l'article qui a cité la Soeur Xawière; (2) les ARV sont gratuits au Sénégal depuis 2003, par la volonté du Chef de l'Etat, et il n'y a qu'une seule porte d'entrée qui est la Pharmacie Nationale d'Approvisionnement; aucune structure à l'intérieur du Sénégal ne vend ni n'achète les ARV.
Cependant, si par extraordinaire l'information avait une part de vérité, notre devoir est de contrôler pour éviter que des patients naïfs et méconnaissant le système de santé ne soient mal pris en charge, car en plus des ARV gratuits, les médicaments contre les infections opportunistes sont donnés gratuitement, le contrôle biologique est également gratuit ainsi que la consultation médicale.
Lorsque je vois que l'article cite aussi M. Legendre qui déclare recevoir 18 tonnes 2 fois par an pour des dispensaires, je frémis car il est sûr qu'il ne sait pas combien de tonnes de déchets "toxiques" il a contribué à acheminer au Sénégal. Car on connait tous le contenu de ces livraisons de MNU: périmés, proche périmés, entamés, etc.
La politique sanitaire a toujours essayé de résoudre le problème d'accessibilité financière et géographique de médicaments de qualité. Ces populations ne sont pas abandonnées et ne le seront jamais.
Je pense que si ces deux personnes citées sont responsables des propos qui leur sont attribuées, elles devraient pouvoir poser les problèmes au niveau des responsables de la politique sanitaire.
Enfin, je pense que cet échange permettra aux responsables de prendre les dispositions idoines pour mieux gérer les dons et les patients dans un système qui assure la qualité des prestations et des produits.

Dr Abdoulahath Mangane
Pharmacien Inspecteur
Logisticien de la Division de Lutte contre le Sida et les IST
Dakar
mangane_abdou@yahoo.fr