Sida : les chercheurs prudents après l'échec en septembre d'un vaccin
http://afp.google.com/article/ALeqM5j5bUt_fRquva2wtDo87V3FN_ipDg
Il y a 23 heures
PARIS (AFP) Un quart de siècle après l'identification du virus du sida, la
communauté scientifique, prudente, est à la recherche d'un nouvel élan et se
refuse à se fixer une échéance pour parvenir à mettre au point un vaccin
moins d'un an après l'échec d'un projet prometteur.
Plusieurs centaines de chercheurs, épidémiologistes, médecins, dont les deux
auteurs de la découverte du virus, Luc Montagnier et Robert Gallo, se sont
réunis lundi à l'Institut Pasteur à Paris pour un colloque de trois jours
visant à faire le point sur "25 ans de VIH" et sur les efforts faits et à
faire pour juguler l'infection.
"Jamais pour une maladie autant d'argent et autant d'énergie n'ont été mis
dans la recherche", a souligné Alice Dautry, présidente de l'Institut
Pasteur.
Mais le triomphalisme n'était pas de mise, avec la poursuite de l'épidémie
-"l'équivalent d'un tsunami mensuel avec 200.000 morts par mois", a noté
Robert Gallo-, le manque d'accès des populations du sud aux médicaments, les
effets secondaires importants des trithérapies, et l'échec en septembre des
essais du vaccin le plus prometteur, de fait totalement inefficace.
Quelques recherches sont cependant en cours sur d'autres types de vaccins.
Les intervenants ont insisté sur l'extrême mutabilité du virus du sida.
"Dans une seule personne atteinte il y a plus de variations que dans une
épidémie mondiale de grippe", a souligné Gary Nabel, du Centre de recherche
sur les vaccins de Bethesda.
Et pourtant le grand public a tendance à considérer peu à peu le sida,
trithérapies aidant, comme une maladie chronique, "ce qui risque de le
banaliser", a fait valoir Jean-François Delfraissy, directeur de l'Agence
nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS), qui
coordonne la recherche française. Il a noté, même dans les pays du nord, des
prises en charge trop tardives et des recrudescences de l'épidémie.
La phase est difficile, mais il ne faut pas pour autant baisser les bras.
"Les efforts doivent redoubler", ont dit plusieurs intervenants. "Les
avancées ont été extraordinaires, mais nous serons jugés sur ce que nous
ferons dans les 25 prochaines années", a souligné Anthony Fauci, de
l'Institut national de l'allergie et des maladies infectieuses (NIAID,
Etats-Unis).
Se distançant des essais à grande échelle et des faux espoirs qu'ils
suscitent, la plupart des spécialistes, Robert Gallo au premier chef, ont
insisté sur la nécessité d'en revenir aux "fondamentaux".
"On a besoin d'idées nouvelles et d'équipes nouvelles, d'avoir un regard
nouveau sur la biologie cellulaire", a dit M. Delfraissy.
Pour Mme Dautry, "quand un problème est nouveau, il faut l'attaquer par tous
les points de vue". Elle a prôné à cet égard "une approche
pluridisciplinaire" permettant de "regarder le problème avec un autre oeil".
Il faut aussi bien sûr que les financements soient au rendez-vous. "L'argent
est toujours un problème, mais aujourd'hui c'est un plus grand problème",
selon le Dr Gallo. Et particulièrement en France, numéro 2 mondial de la
recherche sur le sida, où le budget annuel de la recherche sur les vaccins
est selon M. Delfraissy de 5 millions d'euros, contre 600 millions de
dollars aux Etats-Unis.
Ce qui est sûr, c'est qu'"il n'y aura pas de solution immédiate" et qu'"il
ne faut surtout pas se donner de délais", ont dit les spécialistes. "Le
tunnel va être long, mais il n'y a pas un trou noir au bout", a quand même
assuré Simon Wain-Hobson, de l'Institut Pasteur.
\\\\\\\\\\\\
Gallo et Montagnier : la lutte contre le sida doit s'intensifier
M. Me. (avec AFP)
19/05/2008 | Mise à jour : 23:52 |
.http://www.lefigaro.fr/sante/2008/05/20/01004-20080520ARTFIG00007-gallo-et-
montagnier-la-lutte-contre-le-sida-doit-s-intensifier.php
Luc Montagnier et Robert Gallo, tous deux à l'origine de la découverte du
virus du sida, ont déploré lundi, au début d'un colloque de trois jours à
Paris, la lenteur des progrès réalisés face à l'épidémie.
Luc Montagnier et Robert Gallo, tous deux à l'origine de la découverte du
virus du sida, ont déploré lundi, au début d'un colloque de trois jours à
Paris, la lenteur des progrès réalisés face à l'épidémie. Crédits photo :
AFP
Depuis la découverte du virus, il y a vingt-cinq ans, la maladie a fait 25
millions de victimes dans le monde.
Les professeurs Luc Montagnier et Robert Gallo, à l'origine de la découverte
du virus du sida à quelques mois d'écart, en 1983 et 1984, ont déploré lundi
la lenteur des progrès face à l'épidémie, à l'ouverture d'un colloque à
Paris pour le 25e anniversaire de l'identification de ce virus.
Cet anniversaire n'est «pas une célébration», mais «une commémoration», car
«le virus est toujours là», a regretté le professeur français Luc
Montagnier, qui fit, avec son équipe de l'Institut Pasteur, les premières
descriptions du virus dans la revue Science, le 20 mai 1983.
«J'aurais souhaité fêter avec vous la fin du sida, plutôt que le 25e
anniversaire de la découverte du virus», a-t-il déclaré devant plusieurs
centaines de spécialistes réunis à l'Institut Pasteur.
Le célèbre biologiste a ensuite regretté, devant la presse, «que les choses
n'aillent pas plus vite» et que les chercheurs ne soient pas «plus
novateurs». «Nous ne sommes pas satisfaits», a-t-il ajouté, espérant la
découverte à moyen terme d'un vaccin thérapeutique, qui restaure le système
immunitaire.
Le professeur américain Robert Gallo, qui avait confirmé, avec son équipe
du National Cancer Institute de Bethesda, l'isolation du virus en 1984, a
regretté pour sa part les essais à grande échelle du vaccin. «Il y a eu de
gros progrès, mais aussi de grandes erreurs, et il y a encore beaucoup à
faire», a-t-il souligné en déplorant également que les trithérapies
entraînent «moins d'implication politique».
Tous deux ont souligné aussi que les tensions de jadis, et les disputes
autour de la paternité de la découverte du virus, étaient loin derrière.
«Nous sommes collègues et amis», a assuré le Dr Gallo, estimant que «la
compétition entraîne la créativité».
La ministre française de la Santé, Roselyne Bachelot, a pour sa part
regretté au début de ce colloque, qui doit durer trois jours,
qu'«aujourd'hui, à l'heure où l'épidémie a fauché 25 millions de vies, le
discours stigmatisant subsiste encore».
«Priorité majeure»
La recherche sur le sida, selon elle «porteuse de grands espoirs», reste «la
priorité majeure» de son ministère. Elle a noté aussi qu'il fallait «se
mobiliser pour accompagner les malades», et défendre leurs droits.
De son côté, Jean-François Delfraissy, directeur de l'Agence nationale de
recherche sur le sida (ANRS), a prédit que cette maladie «va rester
l'épidémie du XXIe siècle» et a profité de cette commémoration pour appeler
les pouvoirs publics à maintenir les budgets de la recherche.