[Les délais ont été voté à 18 mois mercredi dernier, voir e-med "Médicaments non utilisés: le délai de récupération fixé au 31 décembre 2008 PARIS, 5 fév 2008". Pouvez-vous nous aider à faire une réponse au Journal de l'Humanité ? CB]
Société Quels médicaments pour les pays les plus pauvres ? :
http://www.humanite.fr/spip.php?article867411 :
le 5 février 2008
Quels médicaments pour les pays les plus pauvres ?
Humanitaire . Les députés risquent de confier à l’industrie pharmaceutique l’approvisionnement des ONG en médicaments .
Les associations pharmaceutiques humanitaires françaises envoient dans les pays en voie de développement plus de quatre cents tonnes de médicaments triés, avec des dates de péremption supérieures à dix-huit mois, répondant ainsi aux demandes précises des personnels médicaux sur place. Elles ne se débarrassent pas de stocks de produits périmés, entamés, inutiles aux pathologies locales : sur cent kilos reçus, quinze seulement seront utilisés.
En 2007, Xavier Bertrand, via un amendement, a mis fin à cette collecte des médicaments à des fins humanitaires par les pharmaciens, s’appuyant sur l’engagement de l’industrie pharmaceutique d’approvisionner les ONG. « Le ministre nous a reproché que des médicaments contre le diabète ou contre les maladies cardiaques soient envoyés en Afrique, explique Patrick Angelvy, secrétaire général de Pharmacie humanitaire internationale 94. Comme si, au Togo, il n’y avait pas de centre contre le diabète ou comme si tous les Africains mouraient avant d’être atteints de maladies cardiaques… »
Mais devant l’inefficacité du texte, le ministère de la Santé propose maintenant de revenir sur l’amendement et de proroger de trente mois l’application du texte précédent, histoire de trouver « des solutions pérennes ». Le lobby de l’industrie pharmaceutique et le conseil de l’ordre des pharmaciens tentent, aujourd’hui, de faire reculer le Parlement sur ce dernier amendement qui prolonge, pour un temps, l’action des pharmaciens bénévoles.
« De toute façon, dénonce Patrick Angelvy, les industries pharmaceutiques sont incapables de répondre aux besoins. Quand on leur demande des antibiotiques, elles envoient de la pommade pour érythème fessier pour bébés. Elles envoient leurs surplus. Il y a un autre aspect à cette logique : ces envois seraient des dons, qui permettraient aux entreprises d’être exonérées d’une partie de leurs impôts. Donc leur confier cet approvisionnement des ONG, cela revient à augmenter leur marge de profit. Alors qu’on sait qu’elles sont particulièrement réticentes à engager des recherches sur des maladies spécifiquement africaines, par exemple, sous prétexte que les pays concernés seront incapables d’en payer le prix. »
« Jamais, renchérit Patrick Angelvy, l’industrie ne sera capable, à court ou moyen terme, de fournir quatre cents tonnes de médicaments qui répondront aux besoins réels. Elle le reconnaît elle-même. Une plaquette de médicament pèse trente grammes, pour sept euros en moyenne. Mesurez-vous ce que représentent quatre cents tonnes ? Il faut vraiment que les députés prennent conscience de l’enjeu de leur vote aujourd’hui. »
Émilie Rive