Tous contre les faux médicaments : Le Mali, à une longueur davance sur
Chirac
Aurore, 15/10/2009
http://www.maliweb.net/category.php?NID=51651&intr=
Malgré la volonté politique consistant à la baisse des prix des médicaments
dans les pharmacies et la très forte campagne médiatique qui sen est
suivie, le Mali ne peut encore se réjouir davoir vaincu le phénomène. Les
« pharmacies parterres » poussent toujours et, le comble, les « patients »
ont plus souvent recours à ces redoutables apothicaires, au propre comme au
figuré, quaux traditionnels pharmaciens.
En 2005, le Mali procédait à la réduction du prix des produits
pharmaceutiques à concurrence de 50% pour certains médicaments. Cette mesure
visait un accès du plus grand nombre à des soins de qualité et aux produits
de première nécessité. Il sagissait en outre de lutter contre le commerce
illicite des produits pharmaceutiques. Preuve de son engagement, le
gouvernement malien fit publier dans la quasi-totalité des journaux, la
liste complète des médicaments concernés par la mesure. Des sketches télé et
messages radiophoniques furent également diffusés sur toute létendue du
territoire national. Parallèlement, des agents de la santé et des forces de
lordre réprimèrent toutes les personnes sadonnant à cette activité.
Dans les faits et à ce jour, les marchés maliens sont toujours bondés de ces
produits et nos pharmaciens ambulants ne sen cachent plus. Tout était
redevenu en létat. Les protagonistes ont juste laissé le vent passé et ont
repris de plus belle. Et çà marche comme si de rien nétait. Les patients
réclament encore et toujours la marchandise. Un gâchis donc ? En terme
financier, certainement, si lon sait que lopération a nécessité des
milliards de F CFA au contribuable malien et aux partenaires au
développement et de la santé en particulier.
A ces produits concernés par la baisse, il fallait ajouter ceux déjà à la
portée de la bourse la plus modeste à savoir, les médicaments avec
Dénomination Commune Internationale communément appelés DCI. Cest donc une
large gamme de produits qui se trouvent encore de nos jours à disposition
des consommateurs à des prix très compétitifs. Mais rien ny fit! Les
consommateurs préfèrent encore et toujours les «pharmacies ambulantes».
Cest à ny rien comprendre! Nous avions interrogé quelques «accrocs». Leurs
motivations savèrent très instructives.
Il ressort des différents témoignages recueillis auprès des intervenants que
ce nest plus laccès aux produits pharmaceutiques de qualité et à moindre
frais qui constitue désormais le problème. Mais plutôt, laccès facile aux
soins de santé de façon générale. Explications dun consommateur abonné:
«Cest une véritable salle de torture que le patient emprunte afin dobtenir
une simple consultation dans les hôpitaux publics : réveil au premier chant
du coq; payement dun ticket daccès au centre hospitalier; pied de grue
devant la salle; consultation; établissement de lordonnance médicale;
achat du médicament
, un médicament qui savère des fois, disponible au même
prix ou presque chez le «pharmacien ambulant» que dans les officines». Ces
détours indispensables sont visiblement de nature à encourager
lautomédication, bien entendu avec ses corollaires. En clair, si les
produits pharmaceutiques coûtent aujourdhui moins chers, laccès au soin de
santé dune manière générale ne semble pas encore à la portée de tous. Nos
patients préfèrent donc, sur conseil dun tiers connaissant peu ou prou les
signes cliniques de leur mal ou même du «pharmacien ambulant», se faire
«observer» et livrer le produit. Une seule réussite même par miracle ou par
pur hasard, contribue à labéliser le produit en question et à accréditer le
pseudo-pharmacien. Le principe vaut pour les traditerapeutes et autres
charlatans avides de publicité et de recettes
La question serait peut-être daccentuer les efforts en terme daccès facile
aux soins de santé, donc dagir sur tous les compartiments de la santé, de
la consultation à la prise en charge des patients. Cest bien pour cette
raison que le gouvernement malien a initié une nouvelle approche :
«lAssurance Maladie Obligatoire et Régime dAssistance Médical» (lire
communiqué). Cest à ce prix que les activités des pharmaciens ambulants et
le trafic des médicaments contrefaits seront certainement amoindris dans
notre pays. Pas éradiqués! Ce, pas avant que les pays concernés nadoptent
la même politique sanitaire.
B.S. Diarra