[e-med] Tuberculose : une première piste d'amélioration du traitement écartée (IRD)

Tuberculose : une première piste d'amélioration du traitement écartée
novembre 2014
Fiches d'actualité scientifique
http://www.ird.fr/la-mediatheque/fiches-d-actualite-scientifique/469-tuberc
ulose-une-premiere-piste-d-amelioration-du-traitement-ecartee

La tuberculose tue chaque année 1,5 million de personnes dans le monde. Le
traitement existant est efficace mais long. Nombre de patients
l¹interrompent avant son terme, accroissant le risque de récidive et
favorisant l¹émergence de résistances du bacille responsable. Réduire sa
durée est la priorité des chercheurs. Une équipe de l¹IRD et de plusieurs
institutions internationales vient de livrer dans New England Journal of
Medicine les résultats de 10 ans d¹essai clinique, mené dans cinq pays
d¹Afrique, sur un protocole plus court. Ce dernier se révèle cependant
moins efficace que le traitement standard. Les scientifiques poursuivent
leurs recherches d¹alternatives médicamenteuses, s¹appuyant sur le vaste
réseau de compétences développé lors de cet essai clinique, le premier
depuis plus de 30 ans.

Le traitement de la tuberculose actuel donne de bons résultats dans 95 %
des cas. Mais cette efficacité est remise en question par un taux
d¹abandon élevé, en particulier dans les zones les plus défavorisées,
souvent les plus touchées par la maladie. Raccourcir et simplifier le
traitement est donc une priorité. En ce sens, des chercheurs de l¹IRD et
de plusieurs institutions internationales ont testé pendant 10 ans un
nouveau protocole de traitement dans cinq pays d¹Afrique subsaharienne.
Ils viennent de livrer leurs résultats dans la revue New England Journal
of Medicine .

Un traitement bien toléré mais moins efficaceEn 2003, l¹IRD et ses
collaborateurs ont lancé un vaste essai clinique au Sénégal, au Bénin, en
Guinée, en Afrique du Sud et au Kenya, pour tester une nouvelle
combinaison de molécules incluant un antibiotique de la famille des
fluoroquinolones : la gatifloxine. Le traitement a été administré pendant
quatre mois, au lieu des 6 mois nécessaires avec l¹association
thérapeutique standard actuelle.

Mais au terme des 10 ans de test, cette piste s¹est avérée non concluante.
Si le traitement incluant la gatifloxine se révèle bien toléré par les 1
350 patients de l¹étude, il est moins efficace que le protocole classique
: le taux de réussite du traitement est équivalent à celui obtenu avec le
traitement standard de 6 mois ; en revanche le taux de rechute au cours
des mois suivants apparaît deux fois plus important. Par conséquent, la
combinaison testée ne peut pas constituer une alternative au traitement
standard actuel.

Lutter contre la récidive et les résistancesRaccourcir la durée du
traitement reste l¹une des voies privilégiées pour faire reculer la
maladie. Le régime standard préconisé aujourd¹hui par l¹OMS associe
plusieurs médicaments antibiotiques, administrés pendant six à huit mois.
Il est long, complexe et présente une certaine toxicité, ce qui explique
le non-respect du protocole par de nombreux patients. Plus de 10 % d¹entre
eux arrêtent le traitement avant son terme et nombreux sont ceux qui ne
respectent pas la fréquence des prises. Ce problème d¹observance accroît
le risque de rechute et favorise l¹émergence de souches résistantes de la
bactérie responsable, le bacille de Koch. Ce phénomène de résistance
contribue, avec l¹épidémie de sida (à laquelle plus de 30 % des nouveaux
cas de tuberculose sont associés en Afrique subsaharienne), à la
progression de la maladie dans le monde.

Les scientifiques doivent donc poursuivre leurs recherches de nouvelles
combinaisons parmi la variété d¹antibiotiques antituberculeux, qui
seraient efficaces en étant administrées sur des durées plus courtes et
bien tolérées. Ils peuvent désormais s¹appuyer sur le vaste réseau
d¹infrastructures et de compétences déployé grâce à ce premier essai
clinique depuis plus de 30 ans ­ les dernières études datant des années
1980.

PartenairesKenya Medical Research Institute (KEMRI), Medical Research
Council of South Africa (MRC-SA) , Programme National de Lutte
Anti-tuberculeuse du Bénin, de la Guinée et du Sénégal ainsi que cinq
institutions européennes : IRD, Assistance publique - Hôpitaux de Paris,
Institut de Médecine Tropicale d'Anvers (Belgique), St Georges Hospital
Medical School et London School of Hygiene et Tropical Medicine
(Royaume-Uni).
L¹essai clinique a été soutenu par l¹IRD et le Programme spécial de
recherche et de formation concernant les maladies tropicales (TDR) et
co-financé par la Commission européenne.
RéférencesMerle C., Fielding K., Bah-Sow O., Gninafon M., Lo M., Mthiyane
T., Odhiambo J., Amukoye E., Bah B., Kassa F., N¹Diaye A., Rustomjee R.,
de Jong B., Horton J., Perronne C., Sismanidis C., Lapujade O., Olliaro
P., Lienhardt Christian. A Four-Month Gatifloxacin-Containing Regimen for
Treating Tuberculosis, New England Journal of Medicine , 2014,
371:1588-1598. DOI: 10.1056/NEJMoa1315817

Actualité scientifique n°469 (PDF, 565 Ko)
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