E-MED: Un labo chinois sort son �cocktail� antisida
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Un labo chinois sort son �cocktail� antisida
Une soci�t� priv�e va produire un traitement dix fois moins cher que ceux
import�s.
Par Pierre HASKI
samedi 18 janvier 2003
La Chine refuse toujours de s'engager dans la production de m�dicaments
g�n�riques.
Le �cocktail� de la soci�t� Desano est donc � base de deux mol�cules tomb�es
dans le domaine public et d'une autre dont le brevet a �t� achet�.
http://www.liberation.fr/page.php?Article=81892
Shanghai envoy� sp�cial
Les m�dicaments antisida �made in China� vont bient�t faire leur apparition
sur le march� chinois, mais pas dans des conditions qui permettront �
l'immense majorit� des malades d'y acc�der. Li Jinliang, le jeune PDG de
Desano, une soci�t� pharmaceutique chinoise priv�e, fait lui-m�me visiter �
Lib�ration son usine toute neuve du quartier de Pudong, � Shanghai, o� des
ouvriers sont en train d'installer les unit�s de production des composants
des trith�rapies antisida. Le �cocktail� produit par son entreprise sera
disponible fin janvier, mais Li Jinliang pr�cise aussit�t, pour dissiper
toute attente irr�aliste, que seuls 1,5 % environ du million de Chinois
officiellement contamin�s par le virus VIH y auront acc�s. La production
initiale sera de 20 000 doses, mais la capacit� de production
install�epourrait, selon le PDG, toucher 500 000 patients.
Abandon. Le traitement de Desano co�tera �entre 3 000 et 5 000 yuans� (entre
375 et 625 euros) par an, soit dix fois moins que les produits import�s,
mais toujours hors de port�e de la plupart des malades, en particulier les
centaines de milliers de paysans pauvres de la province du Henan, dans le
centre de la Chine, contamin�s en vendant leur sang dans les ann�es 90.
Selon certains m�decins, le gouvernement envisagerait de distribuer
gratuitement le �cocktail� de Desano dans le Henan.
Mais, jusqu'ici, les villages sinistr�s, auxquels ni la presse, ni les
humanitaires �trangers n'ont acc�s, restent priv�s de soins. Une situation
d'abandon en contradiction avec l'importance que le gouvernement chinois
affirme d�sormais accorder � cette �pid�mie qui, selon l'ONU, pourrait
toucher 10 millions de personnes avant la fin de la d�cennie.
C'est que la Chine refuse toujours de s'engager dans la production de
g�n�riques, ces copies de m�dicament vendues tr�s peu cher. Pour une raison
d'affichage politique et surtout d'int�r�ts industriels.
Pour contourner les brevets et produire ces g�n�riques, la Chine devrait
d�cr�ter un �tat de catastrophe sanitaire sur le sida, un pas que ses
dirigeants, en partie pour des raisons de prestige, n'ont pas voulu
franchir jusqu'ici. �Je ne peux pas dire s'il faut le faire, ce n'est pas �
moi de le faire, c'est au gouvernement de dire si cette �pid�mie menace les
fondements de la sant� publique�, commente prudemment le PDG de Desano, dont
le client est le minist�re de la Sant�. R�sultat, le �cocktail� de Desano,
� base de didanosine et de stavudine (deux mol�cules tomb�es dans le domaine
public) et de n�virapine (dont le brevet a �t� achet� par la soci�t�)
devrait �tre produit �dans le strict respect des droits de la propri�t�
intellectuelle�.
N�gociation difficile. Ce m�lange est d�j� critiqu� par les sp�cialistes du
sida, pour ses effets secondaires douloureux pour les malades. Li Jinliang
reconna�t qu'il serait effectivement pr�f�rable de produire de la lamivudine
� la place de la n�virapine, mais c'est le g�ant pharmaceutique
GlaxoSmithKline qui en d�tient le brevet. �Nous allons n�gocier avec Glaxo,
mais �a semble assez difficile�, redoute-t-il. Un autre laboratoire chinois
�galement habilit� � produire des trith�rapies, Northeast General
Pharmaceutical Factory, se trouve dans la m�me situation. Glaxo
s'appr�terait en effet � investir dans un centre de production � Tianjin, �
l'est de P�kin, afin de prendre sa part de ce vaste march�, la lamivudine
�tant utilis�e, outre le sida, pour le traitement de l'h�patite B. �Malgr�
ses prises de position officielles dans les n�gociations internationales,
P�kin semble plus int�ress� par l'investissement de Glaxo que par la
promotion des produits g�n�riques�, note un expert du dossier.
�Sup�riorit�. En plus de favoriser, sur son sol, l'investissement des
grands laboratoires �trangers, la Chine veut promouvoir l'�mergence de
grands groupes nationaux, et redoute que le choix des g�n�riques ne leur
ferme l'acc�s aux march�s des pays d�velopp�s. Le pays compte pas moins de 6
000 entreprises dans ce secteur, dont pas une n'a encore atteint la taille
critique. �D'ici cinq ans, de nombreux regroupements auront eu lieu, et
gr�ce � notre travail sur le sida, nous avons acquis une sup�riorit�,
confie le PDG de Desano. Cette toile de fond industrielle explique en partie
l'attitude prudente du gouvernement chinois, qui n'a reconnu qu'� reculons
l'existence, puis l'ampleur, de l'�pid�mie de sida. Il aura fallu la visite
du secr�taire g�n�ral de l'ONU Kofi Annan, cet �t�, pour que P�kin s'engage
plus s�rieusement. La journ�e mondiale du 1er d�cembre en a �t� la premi�re
d�monstration. Mais le passage � l'acte semble encore douloureux.
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