[e-med] Unitaid ou le vol générosité

Sida : quatorze pays vont taxer les voyages aériens
Martine Perez
08 juin 2006, (Rubrique Sciences & Médecine)

Hier, la campagne de promotion de cette initiative, dénommée Unitaid, a été
présentée au Quai d'Orsay.
http://www.lefigaro.fr/sciences/20060608.FIG000000068_sida_quatorze_pays_vont_taxer_les_voyages_aeriens.html

LE PRÉSIDENT de la République, Jacques Chirac, a réussi à rallier treize
pays en plus de la France au projet qui lui tient à coeur depuis le début de
son dernier mandat électif, en 2002 : taxer les billets d'avion pour
financer l'achat de médicaments contre le sida, le paludisme et la
tuberculose. A partir du 1er juillet, tous les départs à partir de la France
seront soumis à une nouvelle taxe, qu'il s'agisse de vols intérieurs,
européens ou internationaux, taxe approuvée par l'Assemblée nationale le 22
décembre 2005.

Cette contribution de solidarité sera acquittée sur les billets d'avion au
moment de l'achat et variera selon la destination du vol et la classe de
voyage. Pour les destinations nationales et européennes, le prélèvement sera
de 1 euro par passager en classe économique et de 10 euros en classe
affaires et en première. Pour les autres vols, les prélèvements seront
quatre fois plus élevés (4 euros en classe éco et 40 en première).

Selon le ministre des Affaires étrangères, cette taxe devrait permettre de
dégager 200 millions d'euros rien qu'en France. Le dispositif, qui dans un
premier temps a suscité un tollé chez Air France, est conçu selon le quai
d'Orsay pour ne pas pénaliser le transport aérien : les taxes retenues pour
les vols où il existe une concurrence avec le train sont particulièrement
faibles, explique-t-on au ministère. Afin de ne pas provoquer de distorsion
de concurrence entre compagnies aériennes, la contribution s'appliquera à
tous les vols au départ des aéroports français, quelles que soient la
destination du voyage et la compagnie choisie. Les passagers en transit
seront exonérés de cette contribution.

Spots télévisés

Hier, la première campagne de promotion de cette initiative, dénommée
Unitaid, a été présentée à Paris, au Quai d'Orsay, par le ministre des
Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, avec le soutien de nombreuses
personnalités : Bernard Kouchner, Bill Clinton - représenté par un des
membres de sa fondation - ou encore l'attaquant vedette du FC Barcelone,
Samuel Eto'o, d'origine camerounaise : «Pendant que je m'adresse à vous, il
y a un enfant qui meurt faute de médicaments, a déclaré ce dernier,
visiblement très ému. Depuis quel ques années, je me donne corps et âme pour
améliorer le quotidien des jeunes Africains, J'espère que l'on saura se
servir de l'opportunité qui nous est offerte aujourd'hui. Merci au nom de
tous les Africains. Merci beaucoup.»

Des spots télévisés réalisés avec de nombreux artistes, ainsi qu'un
partenariat avec la Fédération internationale de football (Fifa) durant le
Mondial, doivent contribuer au cours des prochaines semaines à populariser
cette initiative. Un site internet (www.unitaid.eu) et une pétition par SMS
sont également prévus : il s'agit de convaincre les pays qui n'ont pas
adhéré à cette initiative de la rejoindre afin d'en accroître le poids.
Unitaid, formellement présentée vendredi dernier au siège de l'ONU, à New
York, vise à acheter des médicaments à prix réduit pour les pays en voie de
développement pour combattre le sida, la tuberculose et le paludisme, trois
maladies qui font au total entre 6 et 8 millions de morts chaque année. Une
hécatombe d'autant moins admissible que des médicaments existent, dont
bénéficient essentiellement les pays riches.

L'idée repose sur le fait que pour qu'une solidarité internationale
s'installe dans la durée il faut qu'elle repose sur un financement pérenne
et pas seulement sur des dons qui, aussi généreux soient-ils, sont soumis
aux aléas de la vie économique. Si la France est le premier pays à mettre en
oeuvre cette taxe, elle sera rapidement suivie par quatorze autres pays
(Brésil, Chili, Norvège, Royaume-Uni, Nicaragua...).

Comment va fonctionner Unitaid ? Pour l'heure, les choses ne sont pas encore
clairement définies. L'objectif est de constituer une sorte de centrale
d'achat des médicaments en négociant notamment avec les firmes
pharmaceutiques des programmes volumineux de vente permettant d'obtenir des
réduction de coûts significatives. «Il ne s'agit pas de dupliquer les
actions des autres institutions internationales qui oeuvrent dans ce
domaine, a précisé le ministre. Nous allons travailler en accord avec l'OMS,
avec Onusida, avec le Fond global de lutte contre le sida, le paludisme et
la tuberculose. Pour développer des activités sans générer une nouvelle
bureaucratie, Unitaid nouera des partenariats avec les organismes et les
initiatives existantes.» Mais le mode de gouvernance d'Unitaid, son statut
juridique, son conseil d'administration, voire la désignation de son
président ne sont pas encore finalisés.

Pour soutenir Unitaid, le site internet de l'opération.
http://www.unitaid.eu/