E-MED: Vih /sida discours de Jos� Sera (ministre de la sant� du Bresil)
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Br�sil. Expos� du ministre de la sant�, Monsieur le s�nateur Jos� Serra
� la Session sp�ciale de l'Assembl�e g�n�rale des Nations Unies sur le
VIH/sida, New York, 27 juin 2001.
� Il y a 20 ans que les premiers cas de ce qui allait �tre connu comme
sida ont �t� identifi�s. L'impact de l'�pid�mie a �t� d�vastateur en si
peu de temps. Environ 60 millions de personnes sont infect�es par le
VIH. Presque 22 millions de personnes sont mortes. 36 millions de
personnes vivent avec l'infection VIH/Sida et ont besoin de traitement.
Malheureusement, la diss�mination de l'�pid�mie et les taux de mortalit�
associ�s au sida augmentent rapidement dans le monde et cette tendance
ne sera pas invertie � moins que la communaut� internationale ne prenne
des mesures d�cisives pour faire face � ce d�fi. L'ann�e derni�re, plus
de 5 millions de personnes �taient infect�es et trois millions sont
mortes du sida.
On affirmait jusqu'� tr�s r�cemment que le VIH affectait le syst�me
immunitaire du corps humain de la m�me mani�re que l'�pid�mie affectait
le syst�me immunitaire d'une soci�t�, qui est compos� de ses
populations, de son �conomie et de ses syst�mes de sant� et d'�ducation.
De nos jours, cette affirmation ne tient plus la route. Bien qu'il
n'existe pas de cure pour le sida, nous savons que des politiques
consistantes et courageuses peuvent freiner la diss�mination de la
maladie et permettre aux personnes contamin�es par le virus d'avoir une
vie normale et digne. Pour atteindre ces objectifs, notre engagement
doit porter sur quatre points essentiels : pr�vention, traitement,
droits de l'homme et ressources.
La pr�vention et le traitement se renforcent mutuellement et doivent
�tre consid�r�s selon une approche int�gr�e. Pour ce qui concerne la
pr�vention, un grand nombre de mesures se sont r�v�l�es efficaces,
comme, par exemple, l'acc�s universel aux pr�servatifs, l'habilitation
(empowerment) des femmes, l'adoption de programmes relatifs � la
transmission m�re-enfant ; l'implantation de strat�gies destin�es aux
groupes les plus vuln�rables et aux groupes qui se trouvent dans une
situation de risque d'infection plus �lev�e, et l'inclusion de mati�res
relatives � l'infection VIH/sida dans les cursus scolaires.
Ces politiques ont donn� d'excellents r�sultats au Br�sil, nous
permettant de contr�ler le taux de transmission. Le nombre de personnes
vivant avec le VIH/sida est maintenant inf�rieur de la moiti� de ce que
l'on estimait jusqu'alors. Notre approche int�gr�e de la pr�vention et
du traitement a �t� essentielle pour atteindre ce r�sultat. Gr�ce �
notre politique d'assurer un traitement gratuit et universel, la
population est encourag�e � faire le test confidentiel et volontaire, ce
qui am�liore la notification des cas de sida au cours des premi�res
�tapes qui, sinon, auraient �t� cach�s. En outre, les gens vivant avec
l'infection VIH/sida sont en contact �troit avec le syst�me de sant�,
tant le syst�me de sant� gouvernemental que celui des ONG ayant acc�s �
l'information, aux recommandations (counseling) et aux programmes de
pr�vention ; et, en suivant le traitement anti-r�troviral, les patients
infect�s ou les malades voient leur charge virale abaiss�e. Leur
auto-estime augmente ; ils se sentent davantage capables et pr�ts �
prendre de pr�cautions que dans le pass� pour �viter la contamination
d'autres personnes. Le traitement a donc un impact positif important sur
la pr�vention, ce qui a d'ailleurs �t� reconnu par cette Session
sp�ciale.
1996 repr�sente un point de rep�re important dans l'histoire du sida.
C'est l'ann�e o� l'efficacit� de la th�rapie anti-r�trovirale a �t�
attest�e. Depuis lors, chaque br�silien vivant avec le VIH ou avec le
sida a libre acc�s � cette th�rapie. Environ 100 000 personnes prennent
actuellement ces m�dicaments au Br�sil. Notre strat�gie a �t� pay�e de
r�sultats. Le taux de mortalit� ont diminu� d'environ 50 %. Les
hospitalisations ont diminu� de 75 %. Les maladies opportunistes ont
diminu� de mani�re substantielle. L'�pid�mie a �t� stabilis�e et nos
services de sant� publique sont moins surcharg�s. Le fait de fournir un
traitement ad�quat nous a m�me permis de les am�liorer.
La production locale de m�dicaments est ce qui nous permet de mener �
bien cette politique. Le Br�sil produit � un co�t inf�rieur huit
versions g�n�riques de m�dicaments non couvertes par un brevet. La
plupart des m�dicaments fabriqu�s par les laboratoires br�siliens
co�tent moins cher que ceux qui sont import�s. L'ann�e derni�re, deux
m�dicaments import�s repr�sentaient � eux seuls 36 % du co�t total des
m�dicaments anti-r�troviraux. Toutefois, la comp�tition effective ou
potentielle des industries locales pousse les industries �trang�res �
baisser leurs prix d'environ 70 %. Il est n�cessaire de signaler que la
production locale est contr�l�e par le biais de l'application des Bonnes
Pratiques de Fabrication, de l'inspection des plantes pharmaceutiques et
des tests de bio-�quivalence. Aucun probl�me relatif � la qualit� des
m�dicaments n'a jamais �t� rapport�.
Il est important de signaler en outre que cette production est conforme
� l'engagement sur les droits de propri�t� intellectuelle li�s au
commerce de l'Organisation mondiale du Commerce. Le Br�sil est l'un des
membres fondateurs de cette engagement et a d'ailleurs adapt� sa
l�gislation en 1997, soit huit ans avant la date limite de 2005.
Personne ne conteste l'importance des accords internationaux sur les
droits de propri�t� intellectuelle. Les r�gles sur les brevets
permettent un �quilibre entre deux objectifs d�sirables : d'un c�t�,
l'int�r�t priv� de cr�ateurs individuels, la n�cessit� de fonds pour les
innovations et la recherche de possibilit�s pour exploiter leurs
inventions ; d'un autre, l'int�r�t public de la diss�mination imm�diate
et g�n�ralis�e d'une technologie de sauvetage. La convention TRIPS
elle-m�me, pour toutes ses dispositions relatives � la protection de la
connaissance scientifique, renferme des mesures permettant la promotion
de la sant� publique. Nous sommes heureux que cette Session sp�ciale ait
reconnu les efforts des pays pour d�velopper des industries domestiques
de mani�re � augmenter l'acc�s aux m�dicaments et � prot�ger la sant� de
leurs populations. Elle a aussi reconnu que la mise � disposition des
m�dicaments est un facteur crucial dans la lutte contre l'�pid�mie.
Un autre facteur essentiel dans la lutte contre l'infection VIH/sida est
le strict respect des droits de l'homme. Cette approche est double. D'un
c�t�, nous devons lutter contre la stigmatisation qui, malheureusement,
est encore associ�e � l'infection VIH/sida et �liminer les autres formes
de discrimination qui contribuent � la diss�mination de l'�pid�mie. De
l'autre, nous devons consid�rer que l'acc�s aux m�dicaments est
fondamental pour atteindre la r�alisation pleine du droit humain d'un
standard de sant� physique et mentale plus �lev�.
Au Br�sil, nous avons aussi pris conscience que les puissantes ONG, en
particulier celles des gens vivant avec l'infection VIH-sida, doivent
participer � cet effort. Au cours des sept derni�res ann�es, plus de 1
500 associations avec des organisations non-gouvernementales ont �t�
mises en place. Cette coop�ration, pour laquelle le gouvernement a
investi plus de 40 millions de dollars, s'est montr�e cr�atrice et
efficace. Plus de 600 ONG travaillent maintenant avec le gouvernement,
mettant en lumi�re les probl�mes et contribuant � l'�laboration et �
l'implantation des politiques publiques.
De fait, la coop�ration est fondamentale tant au niveau national
qu'international. Sur la base de notre propre exp�rience nationale, le
gouvernement br�silien a �tabli une coop�ration technique avec les pays
de l'Am�rique latine, les Cara�bes et les pays africains.
Cependant, on attend des pays d�velopp�s un plus grand effort qui peut
permettre d'atteindre les buts �tablis par cette Session sp�ciale. A ce
sujet, le Br�sil soutient pleinement la cr�ation d'un fonds global sur
le sida - les ressources doivent �tre compatibles avec l'immensit� du
probl�me - pour financer la pr�vention et le traitement,
particuli�rement pour ceux qui sont le plus dans le besoin.
Je suis aussi heureux que cette Session sp�ciale ait reconnu le principe
des prix diff�renci�s. Les pays en voie de d�veloppement ne doivent pas
payer le m�me prix les drogues contre le sida que les pays d�velopp�s.
J'esp�re que les entreprises pharmaceutiques prendront ce principe en
compte.
Une autre initiative qui doit �tre poursuivie - et qui a �t� implant�e
avec succ�s au Br�sil - est l'installation d'une banque de donn�es
�lectronique visant � diss�miner les prix des m�dicaments
anti-r�troviraux dans les diff�rents pays, ce qui devrait stimuler la
comp�tition et la baisse des prix.
Pour conclure, je voudrais insister sur le fait que cette Session
sp�ciale repr�sente un pas important dans la mesure o� la communaut�
internationale s'est mise d'accord sur un ensemble de principes et de
strat�gies globaux concernant l'infection VIH/sida, malgr� les
circonstances sp�cifiques de chaque pays. Cette r�union a montr� qu'il
est possible de lutter contre l'�pid�mie m�me dans les pays les plus
pauvres.
Cette Session sp�ciale ne doit pas �tre un point final. Elle est au
contraire un point de d�part (...), particuli�rement pour les pays les
plus affect�s. Le document final de la Session sp�ciale sera la
D�claration d'engagement. Tout d�pend actuellement de notre engagement.
Un engagement pour les droits humains, la pr�vention, le traitement et
pour des m�dicaments accessibles. En un mot, un engagement pour la vie
�.
[traduit par Dominique Buchillet, IRD Br�sil]
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