Le temps est en effet venu de réfléchir à la nature et aux objectifs du FMSTP
C'était une initiative absolument nécessaire afin de permettre aux patients
des pays à ressources limitées d'accéder au traitement ARV.
Mais à ce jour n'est-il pas contre productif?
L'infection par VIH est devenue dans la très grande majorité des cas une
affection chronique comme les autres.
L'existence de ces trois programmes verticaux et riches (par rapport au
budget global de la santé) déstabilise les systèmes de santé nationaux (il
suffit de visiter les locaux de ces programmes pour s'en rendre compte).
Une bonne prise en charge de ces patients (STP) demandent maintenant
essentiellement que le système de santé national soit efficace (à quoi sert
de bénéficier d'un bon traitement palu ou VIH si on ne peut pas être soigné
pour son diabète ou pour une intervention chirurgicale banale?).
Bien sûr il restera nécessaire d'avoir des fonds importants pour les
médicaments et autres intrants mais il faut que ces acquisitions se fassent
selon les règles communes et soient un réel complément au système.
J'ai travaillé suffisamment longtemps à FSTI et ESTHER pour reconnaître la
rôle essentiel joué par ces institutions spécifiques mais justement il est
sain de réfléchir, de réformer si nécessaire et ne pas reproduire sans
remise en question.
Sinon on devra ajouter régulièrement des maladies aux trois actuelles : STP.
Amicalement
Jean loup Rey
Médecin de santé publique (ex FSTI et ESTHER)
Hier soir, j'ai pris plaisir à vous lire, vous dénoncez à juste raison
l'effet contre-productif des programmes verticaux. Tous ceux qui
travaillent en Afrique constatent les effets délétères de ces programmes
qui couvent par auto-combustion financière et perfusion.
J'avais écris ceci en 2014 et pourtant nous constatons les mêmes effets
et qui proviennent des mêmes causes.
Avant que d'aller plus loin, la santé a un coût dès lors qu'elles est
comprises dans son sens global, c’est-à-dire la réduction des inégalités et
l'amélioration de l'efficience humaine au sens stricte économique. Ce
serait des valeurs mieux comprise par les citoyens.
La part du PIB consacré à la santé doit être accrue (en dehors même des
notions de prévention plus qualitative mais plus onéreuse que l'aspect
curatif et nécessitant un état d'esprit vertueux)
-Une réflexion appropriée sur ce que doit être un système de santé dans des
pays chauds et comportant à proportion des maladies endémiques et
épidémiques couplées aux maladies dites de civilisation.
-Une réflexion appropriée sur le comment bâtir des hôpitaux et des centres
de santé sur le plan architectural et placé dans un environnement ad hoc (
eau, électricité , aménagement du territoires ( écoles etc..)
-Les problèmes de prise en charge
-Les médicaments, MEG
- La pénurie de spécialistes et de médecins (dont beaucoup ne retourne pas
au pays)
-Une gouvernance qui présente des déséquilibres patents
-etc...
Force est de constater que ces points sont remis en question un peu partout
dans le monde face à des critères de performances en France la T2A;
La santé ce devrait être aussi lié à un droit sanitaire international,
voici ci-joint une ancienne contribution parue dans un autre site
relationnel de l'OMS mais que j'avais mis sur le www. Vu l'état de la santé
et d'une continuité sans faillir de ces maux, l'on peux supposer que
celles et ceux qui tentent de comprendre sont pénalisés comme sur un dark
web.
Cf : https://fr.slideshare.net/JosManuelBoudey/post-ebola-oms-determinants-sociau
x-de-la-sant-jos-manuel-boudey
Bonjour
J'ai lu les réactions du Dr Boudey et du Dr Rey qui font beaucoup de
reproches aux programmes verticaux de santé. Je suis d'accord avec leur
développement là-dessus, mais je pense que ce qu'il y a à dénoncer est plus
haut, et sont les causes de la mise en place des programmes verticaux. Nous
sommes dans des situations où dans des pays de nombreuses personnes meurent
de pathologies qui peuvent être évitées ou traitées. Vous avez d'une part
des gouvernements du Sud qui, en réaction, pleurnichent sur les faiblesses
de leurs systèmes de santé et la pauvreté du pays en général, et d'autre
part, de grandes puissances dont la sensibilité sur la santé en générale
est difficile à obtenir, mais qui manifestent des sensibilités sélectives.
Dans ce contexte, les programmes verticaux deviennent une alternative pour
mobiliser les ressources au Nord et créer des ponts sanitaires au Sud
(c'est comme cela que je pense qu'il faut appeler les programmes verticaux)
pour sauver les populations touchées. Dans ce schéma, il y a même une
véritable bataille à livrer pour protéger ces ponts sanitaires contre les
attaques de détournements, de malversation et de raquettes diverses,
provenant non seulement du secteur public, mais également et
malheureusement d'acteurs de la société civile. Ne nous voilons pas la
face, l'Afrique est en urgence sanitaire permanente depuis toujours et les
programmes verticaux sont des programmes d'urgences sanitaires
malheureusement.
Mais les dirigeants et la société civile du Sud, ne sont pas seuls à être
condamnables dans ce schémas. Au niveau des pays donateurs et des
institutions internationales, la sensibilité sélective qui conduit aux
programmes verticaux sont liés à des intérêts, des pouvoirs d'influence, ou
simplement à la hantise de certains fonctionnaires de se retrouver au
chômage ou de perdre certains avantages.
Le drame, qui fait que nous ne sommes pas encore sortis de l'auberge, est
que le plus souvent, la grande majorité d'entre nous entretient ce
schémas, sans souvent même le savoir. Il nous arrivent par conséquent de
reprocher l'existence d'un trou sur la voie, sans savoir que c'est en
réalité nous qui l'avions creusé lors d'un passage précédent. C'est comme
cela que beaucoup de débats se mènent sur la santé en Afrique, sans qu'il
n'y ait de gros changement dans les pratiques.
Cordialement!
Merci beaucoup pour votre message
Je pense qu'il est inutile d'affronter vertical contre horizontal cela est stérile depuis des décennies, même si la question reste d'actualité.
Mon propos était plutôt de dire que le programme mondial STP doit être reformé dans ses objectifs et ses méthodes
Il faut globaliser les actions et accentuer la prévention (fournir des préservatifs c'est très bien mais ce n'est pas suffisant) il faut envisager des interventions globales de prévention (le risque, le plaisir, l'insouciance, etc.).
Il est clair qu'à l'heure actuelle on meurt plus de diabète, HTA ou violences que de sida ou de tuberculose.
Les fonds mondiaux doivent donc agir sur les systèmes, ils ne pourront pas ajouter des maladies à leur intitulé : palu et Tub pour le FM; hépatites pour l'ANRS, etc.
Idem pour UNITAID qui n'a jamais tranché et dont les objectifs restent flous : ce n'est pas en s'intéressant à HPV que ce fonds va devenir efficient.
Bonsoir Dr Rey
L'objectif justement de ma publication était de dire que cette opposition
de programme verticale vs horizontal ne nous avance pas. Ce que vous dites
par rapport au diabète, à l'HTA et aux hépatites est juste, et cela a été
répété plusieurs fois, rien que sur ce forum. Je ne pense pas que quelqu'un
conteste cela aujourd'hui. Mais nous sommes confrontés à des réalités que
j'ai exposées dans mon message précédent. Nous devons faire des
propositions prenant en compte ces réalités en faisant évoluer nos discours
et nos critiques. Parlons de la gouvernance mondiale la santé qui mérite
d'être revue. Constituons des forces d'influence pour une approche globale
de la santé et ne laissons pas les groupes d'intérêt seuls sur le terrain.
Cordialement!