[e-med] (2)Un test de diagnostic rapide et un traitement plus court et moins cher donnent un nouvel espoir aux patients atteints de tuberculose multirésistante (OMS)

Traitement plus court de la TBC multirésistante grâce aux travaux de recherche pionniers d'un chercheur belge

12 mai. 2016 - 11:00

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Il n'existe que très peu de chercheurs à travers le monde à qui ont accru considérablement les chances de survie de milliers de patients. Le Dr Armand Van Deun, chercheur à l'Institut de Médecine Tropicale (IMT), est l'une de ces personnes. L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a lancé, le 12 mai 2016, une association thérapeutique, développée par le Dr Van Deun, en tant que traitement de référence de la tuberculose multirésistante. Ce traitement permet de soigner plus rapidement un plus grand nombre de patients. Lorsqu'il s'est attelé à cette tâche il y a 20 ans, cette maladie était encore considérée comme incurable.

Chaque année, neuf millions de personnes sont atteintes de tuberculose dans le monde, dont un million et demi souffrant de l'infection causée par la mycobacterium M. tuberculosis n'y survivent pas. La plus grande menace dans la lutte contre la tuberculose est une épidémie croissante d'une souche tuberculeuse multirésistante. En 2014, il y avait environ 450 000 cas de résistance aux médicaments courants.

Une personne atteinte de tuberculose multirésistante (MDR-TB) doit suivre un traitement de quasiment deux ans, notamment par des médicaments de seconde intention aux effets indésirables toxiques. C'est ainsi qu'un patient sur trois développe une surdité à la suite de ce traitement. En moyenne, seule la moitié des patients atteints de MDR-TB survivent.

Après des pérégrinations en Tanzanie et au Rwanda, le Dr Van Deun a fini son voyage en participant à un projet de l'Action Damien au Bangladesh. En tant que jeune médecin, diplômé en médecine tropicale et biologie clinique, il avait déjà acquis une grande expérience en Afrique en matière de lutte contre la tuberculose et la lèpre. « À l'époque, il n'y avait que très peu de cas de MDR-TB et on me rapportait que cette maladie était incurable. Pourtant, quelque infirmiers dévoués, ainsi que moi-même, ne nous avouions pas vaincus », se souvient le Dr Armand Van Deun.

Bien que la direction de l'Action Damien émit quelques réserves à ce sujet, le Dr Van Deun et ses confrères se lancèrent à la recherche de l'association thérapeutique, la posologie et la durée optimales permettant d'améliorer le traitement. Grâce à la dévaluation du dollar américain par rapport par rapport aux monnaies européennes, les chercheurs ont pu bénéficier soudainement d'une marge de manœuvre financière plus importante afin de poursuivre leur projet. Dans un certain sens, le développement d'un nouveau schéma thérapeutique est une véritable course contre la montre, étant donné que l'on ignore quand cette résistance va survenir. Une résistance aux médicaments apparaît en cas de mauvaise utilisation et d'utilisation non contrôlée des médicaments. Il s'agit là d'un problème croissant, en particulier, dans les pays émergents du Sud.

Entre 1996 et 2008, l'IMT d'Anvers a analysé l'ensemble des échantillons prélevés sur des patients bangladais pour rechercher une éventuelle résistance contre les médicaments. Depuis 1999, le Dr van Deun travaille au sein du service de mycobactériologie, qui dirige un laboratoire de référence des mycobactéries de l'OMS (TBC, ulcère de Buruli, lèpre). « En nous appuyant sur les données provenant de milliers d'analyses de laboratoire, nous avons été en mesure de mettre au point peu à peu notre traitement », indique le Dr Van Deun. Les expériences menées dans le laboratoire du Pr Françoise Portaels lui ont, également, suggéré d'ajouter la clofazimine au traitement. « Ce médicament n'était, toutefois, pas reconnu à cette époque par l'OMS. De plus, il se révélait inefficace à court terme. Toutefois, certains signes montraient que ce médicament commençait à agir après quelques semaines d'utilisation pour la durée totale du traitement. Ce qui s'est, en effet, révélé être le cas. »

En 2006, le « schéma thérapeutique bangladais » était un fait. Il a été mis au point à partir de sept médicaments existants dont la gatifloxacine à action antibactérienne. La durée du traitement est d'à peine 9 mois au lieu des 18 à 24 mois recommandés par l'OMS. En 2010, le Dr Van Deun et ses confrères ont indiqué que ce traitement permettait d'augmenter le taux de guérison de 65 % à 88 % chez les patients atteints de MDR-TB au Bangladesh. Contrairement au schéma thérapeutique de l'OMS, ce nouveau traitement permet d'éviter le développement d'une résistance aux médicaments même en cas d'échec au traitement. De plus, ce traitement à court terme est nettement moins cher.

En 2014, ces résultats remarquables ont été confirmés lors d'une autre étude menée par des scientifiques. Malgré la hausse sévère de la résistance aux médicaments de seconde intention, les chercheurs ont obtenu un résultat positif dans environ 85 % des cas. Une plus petite étude réalisée, par la suite, au Niger a permis de confirmer les résultats de ce traitement à court terme. Ce plan de survie est, actuellement, testé en Éthiopie, au Vietnam et en Afrique du Sud, des pays dont le taux d'infection au VIH/TBC est plus élevé par rapport à celui du Bangladesh. Une étude menée par The Union dans huit pays francophones d'Afrique a, également, utilisé ce nouveau schéma thérapeutique.

Le 12 mai 2016, l'OMS a annoncé l'adoption de directives internationales appropriées pour la MDR-TB en s'appuyant sur le schéma thérapeutique dont le Dr Armand Van Deun a été l'instigateur. « Nous avons montré qu'il est possible, à présent, de traiter la tuberculose multirésistante. Toutefois, nous devons rester sur le qui-vive afin d'éviter que la résistance ne continue de se développer en associant les médicaments de manière optimale. Cela implique que les recommandations d'utilisation des médicaments doivent être respectées au niveau mondial. De plus, cela permettra aussi aux nouveaux traitements contre la TBC d'être efficaces plus longtemps s'ils sont utilisés de manière optimale. »