[e-med] (3)Programme de distribution des antipaludi ques au Sénégal à 150 FCFA pour les enfants et 300 FCFA pour les adultes....

Bonjour,

c'est un plaisir pour moi d'apporter ces quelques éléments de réponse.
Merci pour le partage.

Dr P.M . Thior
Coordonnateur Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP)
Fann Résidence, Rue Aimée Césaire, prés de l'école franco-sénégalaise
BP : 25 270 Dakar – Fann CP : 12 524
Tel : 221 33 869 07 99 (secretariat)
Fax : 221 33 864 41 20
E – mail : papethior@orange.sn / pape.thior@pnlp.sn
site web: www.pnlp.sn <http://www.pnlp.sn/&gt;

Bonjour,
Je commencerai par remercier le Dr Thior pour ses éclaircissements, mais il me donne l'occasion de parler de ce j'appelle la faiblesse de nos systèmes de santé.
La santé publique au Sénégal et même dans beaucoup de pays africains souffre de sa confusion d'avec la santé dans le secteur publique.
"Le médicament est le nerf de la guerre dans la santé". Ce médicament est protégé par un monopole qui est plus bafoué par qui se devait de le protéger en l'occurrence l'Etat. Dans nos pays la politique de santé est réduit à des programmes qui dépossèdent le pharmacien de son rôle dans le système de santé. Chaque programme utilise pour son approvisionnement le levier de la PNA(Pharmacie Nationale d'approvisionnement) qui a tendance à traiter en priorité les commandes de ces derniers dont les financements sont acquis au détriment de produits essentiels.
Au Sénégal perdure une rupture d'ampicilline, de poches à sang sans parler de celles d'immunoglobulines D, de vitamine K1 ou de diazépam; cela ne choque personne puisqu'on en attend pas de félicitations du Fonds Mondial qui seraient suivies de secondes tranches de financement en cas de règlement.
La supervision des dispensations au niveau postes et cases de santé ne saurait être faite ou du moins bien faite par un infirmier qui se forme au cours du programme par des séminaires.
Il n'existe aucune coordination des activités au niveau décentralisé entre le publique et le privé pour rendre les ruptures moins brutales et la pharmacovigilance plus efficace.
La pharmacovilance à mon avis est un système de chaîne à maillons constitués par tous les agents de santé dont le pharmacien s'il n'est le maillon essentiel!
Pour résumer l'absurdité de notre système de santé je me plaîs à parler l'anecdote suivante: étant étudiant j'ai rencontré des antitubercleux en officine, devenu jeune pharmacien dans un hôpital je ne les ai pas dispensés mêmes si cela se faisait dans la structure; aujourd'hui je suis en officne privée je n'espère plus en rencontrer sinon subir la sortie potentielle d'antihypertenseurs pour un nouveau programme.
Si l'on juge une profession inutile, arrêtons de former des "à jeter" juste pour l'embellie.
Je ne défends pas une profession je décrie le raisonnement par l'absurde car je garde toute la fierté de ma profession quand je rencontre des confrères de mon école de Dakar en France (l'un des système de santé les plus rigoureux au monde) bien insérés et responsabilisés. Analysons avec la rigueur scientifique qui sied nos systèmes de santé pour les améliorer.

Dr Talla diop

Merci Dr Thior pour votre intervention. Cependant je serais tenté de vous poser quelques questions en tant que coordonneur du pnlp.

1) Le projet pilote de prise en charge du paludisme à domicile (PECADOM) que le pnlp est en train d'expérimenter respecte-il la legislation en vigueur au Senegal qui confère le monopole de la dispensation aux seuls pharmaciens?

2) L'approvisionnement des dsdom se fait à travers le système de santé public où travaillent effectivement des pharmaciens. Est que ce sont eux qui supervisent la dispensation à ce niveau?

3) Les dsdom sont déjà formés sur la pharmacovigilance. Avez vous formé les ICP et les medecins à la pharmacovigilance?

4) Le système de santé se limite-il au secteur public?

Dr Aline KANE
pharmacien
00221776443171
badoukane64@hotmail.com

Bravo pour la différentiation entre santé publique et médecin du secteur
public c'est effectivement une base ce n'est surement pas parce que son
activité se situe dans le secteur publique que cette activité est de la
santé publique (la PNA ne fait pas de santé publique si elle privilégie les
médicaments financés par l'extérieur, ce qui ne peut pas être un critère de
santé publique).
La santé publique est une discipline dans laquelle le souci du bien être da
la communauté est prise en compte et pas seulement le bien être d'un sujet
(patient ou non)

Mais les définitions sont multiples et il ne servirait à rien de discuter
sans fin la définition précédente pourrait être considérée comme une base
générique

La suite du texte de Talla Diop pose au moins deux problèmes

1 la santé n'est pas l'absence de maladie donc le médicament ne peut pas
être le nerf de la guerre de la santé ; il pourrait être celui du soin, ce
qui est différent.

2 le monopole du médicament est une notion relative, les pharmaciens n'ont
jamais eu le monopole du médicament dans les PED. Les infirmiers ont
toujours dispensé des médicaments dans les dispensaires périphériques ; ce
qui est une absolue nécessité pour permettre l'accès aux médicaments "pour
tous".

Le fait que chaque programme vertical mette en place ses propres structures
de dispensation est un fait contre lequel il faut lutter mais pour cela il
faut proposer des solutions pharmaceutiques de santé publique. Cela
nécessite une réflexion scientifique, un engagement professionnel, des
propositions constructives et un plaidoyer très argumenté.

Prenons l'exemple du paludisme l'objectif premier du programme actuel est de
réduire la létalité due à cette parasitose. Il existe un traitement
efficace, validé et accessible financièrement grâce aux aides
internationales, ce sont les ACT.

Pour réduire la létalité du paludisme il faut traiter les patients atteints
le plus rapidement possible. Il faut que tout sujet souffrant de cette
affection soit mis sous ACT dans les 6 heures. Pour cela il faut que les ACT
soient le plus proche possible des patients, proches géographiquement,
proches financièrement et proches sociologiquement. Les agents de santé
villageois sont donc les acteurs les plus aptes à répondre à ces critères
mais en fait ils ne sont pas les seuls tout le niveau primaire de soins
(dont l'officine) doit être impliqué. C'est pourquoi il est même envisagé de
confier des ACT aux "épiciers de village" ceci concerne pour l'instant
l'Afrique de l'Est mais si les différents acteurs de santé ne proposent pas
d'autres alternatives cela arrivera en Afrique francophone aussi.

Il faut que (1) les pharmaciens proposent des solutions pour apporter au
niveau des villages ruraux et des quartiers périphériques les ACT dont les
habitants auront besoin un jour. Il faut que dans les mois qui viennent (2)
ces ACT soient disponibles à un prix acceptable par les populations (sachant
qu'ils sont fournis gratuitement aux pays) et (3) qu'ils soient dispensés
par des acteurs de santé compétents et formés.

La profession pharmaceutique a des enjeux à relever il faut multiplier les
dépôts périphériques, inventer des officines mobiles, s'associer aux
"épiciers" ou autres commerces (essence) pour y mettre des dépôts, revoir ou
créer la législation sur les dépôts, former des assistants (revoir les lois
sur préparateurs), former les infirmiers et agents de santé, organiser une
pharmacovigilance, etc...

Il y a du travail à l'officine mais il faut surtout sortir des officines et
aller au devant des patients si on veut répondre aux problèmes de santé
(publique?).

Et pour participer à la prévention la démarche sera similaire.

Dr Jean Loup Rey, santé publique

-----Message d'origine-----
part de Talla diop
Envoyé : vendredi 19 décembre 2008 00:08
à 150 FCFA pour les enfants et 300 FCFA pour les adultes....

Bonjour,
Je commencerai par remercier le Dr Thior pour ses éclaircissements, mais il
me donne l'occasion de parler de ce j'appelle la faiblesse de nos systèmes
de santé.
La santé publique au Sénégal et même dans beaucoup de pays africains souffre
de sa confusion d'avec la santé dans le secteur publique.
"Le médicament est le nerf de la guerre dans la santé". Ce médicament est
protégé par un monopole qui est plus bafoué par qui se devait de le
protéger en l'occurrence l'Etat. Dans nos pays la politique de santé est
réduit à des programmes qui dépossèdent le pharmacien de son rôle dans le
système de santé. Chaque programme utilise pour son approvisionnement le
levier de la PNA(Pharmacie Nationale d'approvisionnement) qui a tendance à
traiter en priorité les commandes de ces derniers dont les financements sont
acquis au détriment de produits essentiels.
Au Sénégal perdure une rupture d'ampicilline, de poches à sang sans parler
de celles d'immunoglobulines D, de vitamine K1 ou de diazépam; cela ne
choque personne puisqu'on en attend pas de félicitations du Fonds Mondial
qui seraient suivies de secondes tranches de financement en cas de
règlement.
La supervision des dispensations au niveau postes et cases de santé ne
saurait être faite ou du moins bien faite par un infirmier qui se forme au
cours du programme par des séminaires.
Il n'existe aucune coordination des activités au niveau décentralisé entre
le publique et le privé pour rendre les ruptures moins brutales et la
pharmacovigilance plus efficace.
La pharmacovilance à mon avis est un système de chaîne à maillons constitués
par tous les agents de santé dont le pharmacien s'il n'est le maillon
essentiel!
Pour résumer l'absurdité de notre système de santé je me plaîs à parler
l'anecdote suivante: étant étudiant j'ai rencontré des antitubercleux en
officine, devenu jeune pharmacien dans un hôpital je ne les ai pas dispensés
mêmes si cela se faisait dans la structure; aujourd'hui je suis en officne
privée je n'espère plus en rencontrer sinon subir la sortie potentielle
d'antihypertenseurs pour un nouveau programme.
Si l'on juge une profession inutile, arrêtons de former des "à jeter" juste
pour l'embellie.
Je ne défends pas une profession je décrie le raisonnement par l'absurde car
je garde toute la fierté de ma profession quand je rencontre des confrères
de mon école de Dakar en France (l'un des système de santé les plus
rigoureux au monde) bien insérés et responsabilisés. Analysons avec la
rigueur scientifique qui sied nos systèmes de santé pour les améliorer.

Dr Talla diop

Chers e-médiens,

à la lecture du message de Dr Rey, je crois que de nouveaux chantiers sont à initiés, de nouvelles initiatives à prendre...
j'adhère vraiment à ses propos et je me permets de poursuivre sa réflexion...

"Il faut que (1) les pharmaciens proposent des solutions pour apporter au niveau des villages ruraux et des quartiers périphériques les ACT dont les
habitants auront besoin un jour. Il faut que dans les mois qui viennent (2) ces ACT soient disponibles à un prix acceptable par les populations (sachant qu'ils sont fournis gratuitement aux pays) et (3) qu'ils soient dispensés par des acteurs de santé compétents et formés." dixit Dr Rey...

Déjà des partenaires tels que le Fonds Mondial et Roll Back Malaria ont pris des initiatives, notamment l'AMFm, cette initiative qui a pour objectif d'"inonder" le secteur privé par les ACT sûrs, efficaces, de qualité et à moindre prix... ces médicaments seront fortement subventionnés pour que la population y ait accès. Mais Jean Loup soulève le problème de la dispensation... de la qualité de cette dispensation... domaine de prédilection du pharmacien. Une réflexion devrait être effectivement menée sur la place du pharmacien dans ces initiatives... à sillonner les pistes africaines, des pharmaciens motivés, dynamiques, s'impliquent énormément pour défendre la profession... toutefois, il me semble qu'il manque un peu de synergie entre ces différentes initiatives... il est urgent de fédérer ces dynamiques pour les rendre plus efficientes. ReMed pourrait être le fédérateur...
je me permets de relancer la réflexion sur ces "officines franchisées", expérience menée en afrique australe...

De même, l'OMS a fourni des efforts pour la mise en place de la qualification des fabricants... mais à quoi bon garantir la qualité du médicament jusqu'à son embarquement sur un bateau ou dans un avion, lorsque l'on sait que la qualité de ce médicament peut être altérée dans la suite de son "voyage" jusqu'aux patients... ne devrions nous pas réfléchir à une nouvelle étape de certification, qui concernerait les systèmes d'approvisionnement et de distribution sur le continent africain... mise en place de normes, de référentiels qui nous permettront d'accréditer les centrales d'achats et leur circuit de distribution... et ainsi de garantir la qualité.

Face aux enjeux que la profession "pharmacien" doit relever, je réitère ma suggestion à l'endroit des animateurs, modérateurs de e-med et surtout aux membres du CA de ReMeD... réfléchissez à ce rôle fédérateur que e-med (et ReMeD) doit jouer, à l'époque d'internet.

Je suggère que soient priorisés des domaines de réflexions (3 pas plus)... que des groupes de travail soient constitués sur chacun des thèmes retenus... que des modérateurs soient identifiés pour animer ces groupes de travail... que les JPIP ou forums pharmaceutiques soient l'opportunité d'exposer les résultats des réflexions par chacun des groupes de travail...

qu'en pensez vous ?

Bonne et heureuse année 2009 à tous.
très confraternellement
Christophe

Christophe ROCHIGNEUX
Pharmacien - Conseiller Technique - OMS IST/WA
Ouagadougou - Burkina-Faso
Tel au Burkina Faso : 00 226 75 47 72 11
Tel en France : 00 33 6 19 26 20 37

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