Névirapine, résistance et réalisme...
Faux ou vrai débat ?
Le taux de résistance élevé après une monodose de NVP est bien montré. Les
biens pensant s'insurgent que l'on utilisent encore cette molécule
diabolisée dans le cadre de la PTME...
Aurais je l'impertinence de rappeler que moins de 10 % des femmes VIH+ ont
accès à des service de PTME et encore moins si l'on se focalise sur
l'Afrique de l'ouest et centrale ? Sans parler du milieu rural.
A l'heure où les pays s'accordent de plus en plus pour définir des
protocoles nationaux de PTME incluant des trithérapies ces chiffres sont
encore trop vrais.
La NVP reste encore une molécule de "sauvetage". Pendant que les protocoles
se mettent en place, pendant qu'une continuité approvisionnement se met en
place, etc...des milliers d'infections chez l'enfant pourraient être évités
encore avec l'usage de la NVP. Une équipe de JHU (Baltimore) a montré
qu'utiliser la NVP monodose chez l'enfant seulement ne changeait pas ou peu
le bénéfice de la réduction de transmission du VIH et bien entendu éliminait
le problème de la résistance chez la mère ( J Infect Dis. 2006 Feb
15;193(4):479-81). Rien n'est parfait. Le challenge ? Peu de résistances
avec des trithérapies/bithérapies Versus des services encore un peu trop
faibles avec une couverture PTME médiocre et donc inefficace malgré des
protocoles nationaux incluant des bithérapies et des trithérapies. Pendant
que vous avez lu ce mail des dizaines d'enfants auraient pu ne pas être
infectés...Je ne parle pas du CHU d'une grande ville Africaine, mais du
dispensaire qui voit l'enfant rapidement après l'accouchement à domicile (je
parle donc de la majorité !). Et la résistance chez l'enfant ? Sur 1000
enfants nés de mères VIH +, 200 à 250 seraient infectés (hors allaitement)
sans intervention; l'usage de la NVP chez l'enfant seulement permettrait :
d'éviter 90 à 110 infections mais à peu près autant d'enfants porteraient
des résistances à la NVP. Diaboliser la NVP sans modérer le message s'est
s'exposer à sa non utilisation totale (même en dernier recours parceque "ce
n'est pas recommandé"). La couverture actuelle en bi voire trithérapie est
encore si faible dans beaucoup d'endroit (nous éviterions les résistances
certes) que la restriction à ces protocoles très efficaces n'éviterait que
20 à 25 infections. Au jour d'aujourd'hui , en milieu rural la question
revient donc à : faut il deux fois moins d'infections avec des taux de
résistances élevées (ce qui n'est pas complètement synonyme d'échec
thérapeutique) ? ou pas de résistance avec deux fois plus d'infections ?
Aujourd'hui malheureusement encore moins de 10 % des enfants ont accès aux
ARV et 50 % meurent avant l'âge de deux ans. Oui au passage à l'échelle!
Mais pas dans les livres, les bureaux, les réseaux Internet et les
conférences ! Oui à la prévention par la PTME décentralisée et adaptée à
toutes les situations de terrain !
Dr Laurent Hiffler
Pédiatre
Coordinateur Médical / VIH
l.hiffler@id-ong.org
Initiative Développement
www.id-ong.org
Tel: 0450424579
Mob.: + 33 677335327