Chers E-mediens,
L'achat des médicaments auprès des structures et des canaux de distribution
qui ne sont pas approuvés par les autorités pharmaceutiques nationales (sur
Internet ou pas), présente toujours des risques évidents, parce que cette
distribution se déroule d'une façon illégale, c'est à dire hors contrôle des
autorités sanitaires, qui sont les seules censées garantir l'efficacité,
l'innocuité et la qualité des médicaments.
Ceci dit, nous sommes d'accord avec Gaëlle Krikorian et Serge Barbereau, et
il convient d'approcher les problèmes de qualité pharmaceutique (qui
comprennent aussi, mais pas seulement, le phénomène des falsifications des
médicaments) d'un point de vue de santé publique, sans y mélanger des
considérations liées à la propriété intellectuelle.
Cela nous semble particulièrement important pour un Forum comme E-med, qui
est constitué et animé par des professionnels de la santé. A ce propos, il
nous semble qu'il serait souhaitable de vérifier systématiquement les sources
de l'information publiée dans la presse généraliste (dans ce dernier cas, La
Tribune), avant de les accepter dans E-med.
Suite à ce débat, par exemple, nous avons cherché plus d'informations, et
nous avons repéré dans le site de Pfizer le communiqué de presse avec lequel
Pfizer a annoncé la publication de l'enquête «Cracking Counterfeit Europe »,
et aussi un court rapport destiné au grand public concernant la partie de
l'étude effectuée au Royaume Uni (935 interviews). Par contre, nous n'avons
pas pu y trouver le rapport complet, décrivant la méthodologie utilisée, les
données complètes et l'analyse statistique.
Selon le communiqué («Une enquête inédite et exclusive révèle l'ampleur de
l'économie parallèle des faux médicaments. Un risque de santé majeur pour les
Européens qui achètent leurs médicaments en dehors des circuits autorisés»),
l'étude a effectivement été menée en interrogeant un échantillon de 14,000
personnes sur un ensemble de 14 pays européens (dont la France); les
interviews ont eu lieu entre le 27 octobre et le 8 novembre 2009.
Néanmoins, par le biais du seul communiqué de presse, il est impossible de
connaître les caractéristiques de cet échantillon, sa répartition par pays et
sa représentativité: dans quelle mesure la taille et les caractéristiques de
cet échantillon nous permettent-elles d'extrapoler les résultats à l'ensemble
de la population dans les 14 pays concernés? Sans informations
supplémentaires, il nous semble que la conclusion que «77 millions
d'individus reconnaissent acheter des médicaments en dehors des circuits
autorisés» et «7 millions de Français consomment des médicaments contrefaits»
soit exagérée, et qu'elle puisse engendrer de l'alarmisme
injustifié/excessif.
Raffaella Ravinetto, ITM
Daniel Vandenbergh, AEDES
Jean-Michel Caudron
Corinne Pouget
Sandrine Cloez
Jean-Michel Cann
http://pharmahook.blogspot.com/