[e-med] Algérie: Un mécanisme pour signaler tout problème d'approvisionnement en médicaments dès septembre - Maghreb Emergent

https://www.maghrebemergent.info/actualite/breves/fil-maghreb/90473-algerie-un-mecanisme-pour-signaler-tout-probleme-d-approvisionnement-en-medicaments-des-septembre.html
  * Maghreb Emergent
  * jeudi 14 juin 2018 15:24

Algérie: Un mécanisme pour signaler tout problème d'approvisionnement en médicaments dès septembre

  * Soyez le premier à commenter! <https://www.maghrebemergent.info/actualite/breves/fil-maghreb/90473-algerie-un-mecanisme-pour-signaler-tout-probleme-d-approvisionnement-en-medicaments-des-septembre.html#itemCommentsAnchor&gt;

inShare

Un mécanisme destiné aux pharmacies pour signaler toute rupture ou insuffisance dans l'approvisionnement en médicaments sera opérationnel dès le mois de septembre prochain, a annoncé jeudi le président du Conseil national de l'ordre des pharmaciens, Lotfi Benbahmed.
"Nous allons mettre en place un site internet avec un logiciel spécialisé qui sera opérationnel au début de mois de septembre où les pharmaciens devront signaler les ruptures de médicaments et les insuffisances d'approvisionnement", a déclaré le responsable sur les ondes de la Radio algérienne, ajoutant qu'il sera demandé aussi aux pharmaciens de "signaler systématiquement toutes les dérives pouvant exister dans le circuit du médicament".
S'agissant de l'indisponibilité de certains médicaments, M. Benbahmed a reconnu l'existence de "ruptures récurrentes" de certains produits, en raison des insuffisances d'approvisionnement ou bien du fait de la non-délivrance de programmes pour les importer.
Regrettant le fait que les laboratoires "ne disposent pas de 90 jours de stocks" considéré comme stratégique pour répondre à la demande, M. Benbahmed a plaidé, à ce propos, pour une application de la loi existante, en assurant les trois mois du stock dans la mesure où on "n'est pas à l'abri d'évènements internationaux ou bien de conflits sociaux au niveau des ports à l'étranger susceptibles de provoquer des retards de livraison de médicaments qui ne sont pas produits localement".
Pour ce qui est de l'Agence nationale du médicament, créée en 2008 et confortée par la loi sanitaire adoptée récemment par les deux chambres du Parlement, M. Benbahmed a souligné la nécessité de la "doter de moyens dont elle ne dispose pas actuellement".
Sur l'apport de cette agence, il a indiqué qu'il "faut arriver à un niveau de gestion plus élaboré avec plus de moyens, des commissions de travail, une stabilité du personnel...".

Chers tous,

Je voudrais bien comprendre,ce mécanisme est mis en place dans le secteur
privé? je pense qu'il devrait exister dans le secteur public

Franck Biayi
Kinshasa
RDC

Bonjour,

Merci Franck de me donner l’occasion d’apporter un éclairage sur le mécanisme en question.

Les initiatives permettant de lutter contre les pénuries de médicaments, comme la plateforme du conseil de l’ordre qui devrait voir le jour à la rentrée, restent louables et à encourager.

Je reviens sur un élément qui me parait avoir toute son importance, pour mieux comprendre l’origine des ruptures, c’est la constitution et l’exploitation des données permettant de produire des décisions éclairées en matière d’importation et de production de médicaments.

En Algérie, c’est le ministère de la santé autorité sanitaire qui régule le marché du médicament, sur la base des chiffres des importations de l’année précédentes et des prévisions de productions des opérateurs nationaux. Les pénuries récurrentes depuis de nombreuses années, ont vite montré les limites de cette méthode : la maitrise du marché du médicament et des besoins de la population, doit bénéficier d’un autre traitement … qui existe à côté.

Il faut savoir qu’en Algérie, le ministère du travail et de la sécurité sociale avait mis en place en 2006, un système de conventionnement entre les caisses de sécurité sociale (CNAS et CASNOS), et les pharmacies privées. Ce conventionnement permettait aux citoyens assurés sociaux, d’acquérir les médicaments prescrits sans avoir à en faire l’avance des frais. Le pharmacien, enregistrait l’intégralité de l’information contenue sur l’ordonnance ainsi que les médicaments délivrés (date, spécialité, dci, prix, quantité, part réglée ou supportée par l’assuré social, durée de traitement) sur un système informatique, relié au centre de calcul des caisses de sécurité sociale.

Ce fut une avancée considérable sur le continent africain, en particulier lorsque l’évolution s’est faite vers le système de la carte à puce CHIFA (proche du système de la carte VITAL). En 2014, le docteur Bourekaib directeur général de la sécurité sociale, annonçait 34 millions de bénéficiaires de la sécurité sociale, avec une population de 39,11 millions d’habitants (Banque Mondiale), ce qui fait du modèle algérien, un modèle particulièrement généreux.

Ainsi, plus de 10.000 pharmacies d’officine ou communautaires qui couvrent toutes les régions du pays, selon une carte pharmaceutique homogène (ratio de 1 officine pour 3245 habitants), ont régulièrement depuis 2006, contribué à alimenter une base de données, constituant ainsi un BIG DATA, qui avait fait l’objet d’un article sur le site web du conseil régional de l’Ordre.

Ce BIG DATA, n’a malheureusement jamais été exploité ni partagé avec le ministère de la santé en vue de lui permettre l’élaboration précise des besoins de l’ensemble de la population et partant de là, d’en établir les programmes d’importation et de production plus précis réduisant considérablement autant les pénuries, que les surstocks ou les malheureuses ventes concomitantes réalisées par les distributeurs et apparues du fait de défaillances dans les prévisions des besoins.

Le ministère du travail gagne à accorder une suite favorable aux universitaires, chercheurs, médecins qui ont sollicité les caisses de sécurité sociale pour avoir accès aux données, les traiter et en produire des travaux.

Pour mémoire, la mise en place d’une plateforme pour faire face aux pénuries avait dépassé le stade de projet et était réalisée en 2005 par le SNAPO (Syndicat des pharmaciens d’officine) avec la bourse du médicament. Opérationnelle et mise en ligne sur le premier site web du snapo, qui depuis a été relooké sans la plateforme.

En août 2011, le Quotidien d’Oran reprenait l’évènement en UNE , à travers un article issu d’une enquête auprès de pharmaciens en évoquant l’apport du code barre sur les vignettes des médicaments et l’exploitation des données de la sécurité sociale pour une meilleure maitrise des besoins de la population en médicaments.

Abdellatif Keddad
pharmacien journaliste médical

Bonjour,

Merci Franck de me donner l’occasion d’apporter un éclairage sur le mécanisme en question.

  Les initiatives permettant de lutter contre les pénuries de médicaments, comme la plateforme du conseil de l’ordre qui devrait voir le jour à la rentrée, restent louables et à encourager.
Je reviens sur un élément qui me parait avoir toute son importance, pour mieux comprendre l’origine des ruptures, c’est l’a constitution et l’exploitation des données permettant de produire des décisions éclairées en matière d’importation et de production de médicaments.

En Algérie, c’est le ministère de la santé autorité sanitaire qui régule le marché du médicament, sur la base des chiffres des importations de l’année précédentes et des prévisions de productions des opérateurs nationaux. Les pénuries récurrentes depuis de nombreuses années, on vite montré les limites de cette méthode : la maitrise du marché du médicament et des besoins de la population, doit bénéficier d’un autre traitement … qui existe à côté.

Il faut savoir qu’en Algérie, le ministère du travail et de la sécurité sociale avait mis en place en 2006, un système de conventionnement entre les caisses de sécurité sociale (CNAS et CASNOS), et les pharmacies privées. Ce conventionnement permettait aux citoyens assurés sociaux, d’acquérir les médicaments prescrits sans avoir à en faire l’avance des frais. Le pharmacien, enregistrait l’intégralité de l’information contenue sur l’ordonnance ainsi que les médicaments délivrés (date, spécialité, dci, prix, quantité, part réglée ou supportée par l’assuré social, durée de traitement) sur un système informatique, relié au centre de calcul des caisses de sécurité sociale.

Ce fut une avancée considérable sur le continent africain, en particulier lorsque l’évolution s’est faite vers le système de la carte à puce CHIFA (proche du système de la carte VITAL). En 2014, le docteur Bourekaib directeur général de la sécurité sociale, annonçait 34 millions de bénéficiaires de la sécurité sociale, avec une population de 39,11 millions d’habitants (Banque Mondiale), ce qui fait du modèle algérien, un modèle particulièrement généreux.

Ainsi, plus de 10.000 pharmacies d’officine ou communautaires qui couvrent toutes les régions du pays, selon une carte pharmaceutique homogène (ratio de 1 officine pour 3245 habitants), ont régulièrement depuis 2006, contribué à alimenter une base de données, constituant ainsi un BIG DATA, qui avait fait l’objet d’un article sur le site web du conseil régional de l’ordre.

Ce BIG DATA, n’a malheureusement jamais été exploité ni partagé avec le ministère de la santé en vue de lui permettre l’élaboration précise des besoins de l’ensemble de la population et partant de là, d’en établir les programmes d’importation et de production plus précis réduisant considérablement autant les pénuries, que les surstocks ou les malheureuses ventes concomitantes réalisées par les distributeurs et apparues du fait de défaillances dans les prévisions des besoins.

Le ministère du travail gagne à accorder une suite favorable aux universitaires, chercheurs, médecins qui ont sollicité les caisses de sécurité sociale pour avoir accès aux données, les traiter et en produire des travaux.

Pour mémoire, la mise en place d’une plateforme pour faire face aux pénuries avait dépassé le stade de projet et était réalisée en 2005 par le SNAPO (Syndicat des pharmaciens d’officine) avec la bourse du médicament. Opérationnelle et mise en ligne sur le premier site web du snapo, qui depuis a été relooké sans la plateforme.

En août 2011, le Quotidien d’Oran reprenait l’évènement en UNE , à travers un article issu d’une enquête auprès de pharmaciens en évoquant l’apport du code barre sur les vignettes des médicaments et l’exploitation des données de la sécurité sociale pour une meilleure maitrise des besoins de la population en médicaments.

Abdellatif Keddad
pharmacien journaliste médical