Médicaments: Les pharmaciens se plaignent des pénuries
par Amine L.
Inquiets, les pharmaciens ne cessent de tirer la sonnette d'alarme sur la
pénurie récurrente des médicaments. Les ruptures de stocks s'amplifient
depuis plusieurs mois.
http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5136670&archive_date=2010-04-11
Les pharmaciens interrogés évoquent «des ruptures de stocks affectant
plusieurs spécialités médicamenteuses». M. Belaroussi, responsable du SNAPO
à Oran, confirme l'existence de la pénurie même s'il affirme qu'«il y a une
légère amélioration ces derniers temps.» «Ces pénuries, affirme-t-il, sont
liées aux perturbations qui affectent les opérations d'importation des
médicaments». Un autre responsable du SNAPO, M. Brahmi, évoque «des pénuries
de corticoïdes (Solupred), des produits utilisés en psychiatrie, certains
contraceptifs (Microval), des spécialités en néphrologie (un-alpha), des
antalgiques (Tengesic), des produits utilisés pour les affections urinaires
(Nibiol) et des pansements gastriques.» Selon un pharmacien, «la pénurie
concerne également la Josamycine et le voltarène.» D'autres médicaments
destinés aux malades chroniques sont en rupture de stocks depuis plusieurs
mois. Le manque de médicaments concerne aussi certains hôpitaux. La
Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH), principal fournisseur des hôpitaux,
connaît quelques difficultés. Ceci perturbe sérieusement l'approvisionnement
des hôpitaux en médicaments.
De son côté, le ministère de la Santé nie l'existence d'une quelconque
rupture de stocks sur le marché. L'importation des médicaments représente
70% de ce marché national, la production locale ne couvrant que 30 %. 2.523
médicaments proviennent des laboratoires européens, 686 spécialités sont
fabriquées dans des laboratoires arabes et 375 produits sont issus des
laboratoires américains, chinois, indiens et sud-africains. Un arrêté du 30
octobre 2008, fixant les conditions à l'importation des produits
pharmaceutique, oblige les importateurs et les laboratoires de déposer un
projet d'investissement dans les six mois qui suivent la souscription audit
cahier. Ce délai vient d'être prorogé d'une année afin de passer du
conditionnement à la production. Une quarantaine de laboratoires ont réussi
à créer des unités de production. Un responsable de l'Union nationale des
opérateurs de la pharmacie (UNOP), dit «douter que certaines entreprises du
conditionnement soient prêtes». Les opérateurs rencontrent des difficultés
liées à l'obtention des financements, des réactifs, et les principes actifs
de référence pour le contrôle qualité. Les opérateurs du médicament évoquent
«un environnement hostile dans lequel ils opèrent, l'instabilité
réglementaire et l'absence de visibilité».
Pour encourager la production locale, le gouvernement a décidé d'interdire
l'importation de produits fabriqués localement dont la quantité suffit à
satisfaire la demande nationale. Une liste de 359 médicaments interdits à
l'importation est établie. Mais certains médicaments font toujours défaut.
L'indisponibilité concerne même des médicaments interdits à l'importation.
Ces ruptures sont liées à la lettre de crédit dit «documentaire» imposée par
la loi de finances complémentaire 2009. La mesure promise par le
gouvernement de créer des «corridors spécifiques» au niveau des banques pour
éviter les complications instaurées par ce crédit documentaire, tarde à être
appliquée.
Le Syndicat national des pharmaciens d'officine a tiré la sonnette d'alarme
à plusieurs reprises. La nouvelle forme de facturation induit une
prolongation pénalisante des délais d'importation des produits. C'est ce qui
cause un sérieux problème pour les producteurs de médicaments, les
fournisseurs, les distributeurs et les pharmaciens. Annoncé pour imminent,
le réaménagement de l'article 69 de la loi de finances complémentaire pour
l'année 2009 tarde à être fait pour permettre aux entreprises de production
de recourir à des formules de paiement des importations autres que le crédit
documentaire pour s'approvisionner en matières premières et autres inputs
nécessaires à leurs chaînes de fabrication. L'UNOP a, énergiquement,
interpellé le gouvernement sur les conséquences de la généralisation du
Crédoc, qui a causé des ruptures d'approvisionnement de matières premières
conduisant à des arrêts de production. A l'UNOP, l'on se félicite de «la
seule mesure mise en place consistant en l'interdiction de l'importation les
produits fabriqués localement», une décision que cette association réclamait
depuis plusieurs années. L'UNOP souhaite que le ministère de la Santé
«prenne des mesures pour faciliter l'application de cette mesure en
accompagnant les opérateurs et en les aidant à mettre en place un
environnement favorable pour pouvoir réaliser les objectifs fixés
d'atteindre 65% de couverture des besoins par la production nationale».