E-MED: Anrir�troviraux et mutations du VIH
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LE MONDE | 06.04.02 | 11h59
� MIS A JOUR LE 08.04.02 | 13h16
Une nouvelle menace pour les pays du Sud
L'OMS propose d'y surveiller l'apparition de mutations du VIH
http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3244--269912-,00.html
Parall�lement au lancement, en juin 2001, par l'Assembl�e g�n�rale des
Nations unies, d'un Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et
le paludisme, d'autres initiatives internationales se sont mises en place.
Bernard Kouchner, ministre d�l�gu� � la sant�, et Charles Josselin, ministre
d�l�gu� � la coop�ration et � la francophonie, ont r�cemment lanc� le
groupement d'int�r�t public Esther (Ensemble pour une solidarit�
th�rapeutique en r�seau), visant � am�liorer l'acc�s aux soins des personnes
touch�es par le sida dans les paysen d�veloppement. Cette initiative a re�u
le soutien d'autres pays europ�ens et, plus r�cemment, des Etats-Unis. Les
ministres de l sant� des pays concern�s doivent se retrouver le 9 avril �
Rome pour la signature officielle de leur engagement.
Dix-neuf pays d'Afrique, d'Asie, du Pacifique et des Cara�bes soutiennent
cette action. Au cours de l'ann�e 2002, des partenariats devraient s'�tablir
entre quarante h�pitaux du Nord et quarante structures de sant� du Sud.
Trente-trois missions exploratoires impliquant des h�pitaux fran�ais ont
d�j� eu lieu, dont 27 en Afrique. Des projets vont se concr�tiser tr�s
prochainement au S�n�gal et au Burkina Faso. Bernard Kouchner sera dans la
capitale s�n�galaise les 11 et 12 avril pour donner le coup d'envoi du
premier projet. L'Afrique est, il faut le rappeler, le continent le plus
touch� par la pand�mie de sida, puisque, sur les 40 millions de personnes
vivant avec le virus � travers la plan�te en d�cembre 2001, le programme des
Nations unies sur le sida Onusida estimait � 28,1 millions le nombre
d'Africains. Selon les m�mes sources, en 2001, le sida a tu� 2,3 millions
d'Africains, et 3,4 millions de nouvelles infections se sont produites en
Afrique subsaharienne.
Certes, les initiatives internationales ne permettront pas d'un seul coup de
prescrire des traitements de masse anti-sida dans les pays du Sud, mais les
sp�cialistes internationaux examinent d�j� le probl�me des r�sistances aux
antir�troviraux. "L'Organisation mondiale de la sant� (OMS) va promouvoir un
vaste projet d'observatoire des r�sistances aux antir�troviraux en Afrique,
en Asie et en Am�rique latine", explique le professeur Michel Kazatchkine,
pr�sident en France de l'Agence nationale de recherche sur le sida (ANRS) et
pr�sident du comit� d'experts du Fonds mondial.
SIGNES INQUI�TANTS
"Actuellement, dans l'ensemble de l'Afrique, il n'y a pratiquement pas de
r�sistances parmi les personnes primo-infect�es, mais il y a d�j� des signes
inqui�tants : certaines souches de VIH rencontr�es en Afrique ont d�j� dans
leur g�nome des motifs proches de ceux associ�s � des r�sistances. Elles ne
se traduiront pas n�cessairement par des r�sistances chez les personnes
infect�es.
Le paysage devrait cependant se modifier au cours des cinq prochaines
ann�es."
Parall�lement � un acc�s facilit� aux traitements, l'enjeu est donc de
pouvoir �quiper les pays en d�veloppement en mat�riel d'examen biologique.
"Actuellement, remarque Michel Kazatchkine, il y est le plus souvent � peine
possible de pouvoir compter les lymphocytes CD4, et pas encore de pouvoir
mesurer la charge virale." Le pr�sident de l'ANRS �met cependant une mise en
garde : "Sous pr�texte de prendre en compte le probl�me des r�sistances, il
ne faudrait pas glisser vers un discours selon lequel l'arriv�e des
antir�troviraux dans les pays en d�veloppement ferait plus de mal que de
bien."
"Cela ne saurait �tre un pr�texte pour reculer sur l'acc�s aux traitements
pour la population de ces pays. Nous ne nous sommes jamais pos� les
questions de cette fa�on dans les pays du Nord."Et ce sp�cialiste
d'immunologie de rappeler qu'en 1996, alors qu'il n'existait qu'une seule
combinaison de m�dicaments pour r�aliser une trith�rapie, la perspective de
voir appara�tre t�t ou tard des r�sistances n'avait jamais constitu� un
obstacle pour traiter les malades. "C'est en agissant ainsi que plusieurs
centaines de milliers de vies ont �t� sauv�es. Il n'y a pas de raison
d'appliquer des standards diff�rents dans les pays du Sud", conclut Michel
Kazatchkine.
Paul Benkimoun
� ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 07.04.02