[e-med] Après les Antonov, les antonov pharmaceutiques

[un bon article pour sensibiliser la population et les décideurs en RDC]

Article publié par le quotidien kinois "Le potentiel"
Après les Antonov, les pharmacies
Par Freddy Monsa Iyaka Duku

Le « procès des Antonov » et de tous les « cercueils volants » n’est qu’à ses débuts. Mais, il faut déjà songer à d’autres secteurs de la vie nationale où, comme du sucre qui attire des abeilles, des personnes mercantilistes se ruent sans vergogne. Un regard vers le secteur pharmaceutique serait d’une grande utilité sociale. L’objectif étant d’éviter de transformer en un « véritable mouroir » la RDC. Car, ce n’est pas seulement les Antonov qui tuent désormais à rythme régulier…
Le crash de l’Antonov 26 de la société El Sam qui s’est écrasé à Kingasani et la polémique qui s’en est suivie sont révélateurs à plus d’un titre. Ainsi, le débat qui s’est déroulé à l’Assemblée nationale doit interpeller les bonnes consciences pour jeter un regard rapide sur d’autres secteurs de la vie nationale.

Il y a également danger dans ces secteurs qui attirent autant de personnes mercantiles, attirés tout simplement par le gain facile. C’est le cas du domaine de la santé, et particulièrement le rayon des « Pharmacies ».
Nul ne saura nous contredire que ce secteur accuse ces dernières années une intense activité. Des dépôts pharmaceutiques et des pharmacies poussent comme des champignons, pour ne prendre que le cas de la ville de Kinshasa. Il n’existe pas une seule ruelle de cette capitale congolaise qui ne dispose pas de «sa » pharmacie. Bien plus, au centre-ville, les pharmacies ambulantes défient toute imagination.

Seulement voilà. La question est celle de savoir si toutes ces officines pharmaceutiques répondent à toutes les normes requises pour éviter que l’on tombe dans l’inconscience et l’irresponsabilité qui ont caractérisé le ministère des Transports dans la délivrance des permis de navigabilité aux avions Antonov. La question est pertinente face au taux élevé du chômage, à la précarité des populations, au mercantilisme des commerçants véreux et à la faiblesse de l’Etat sans une administration motivée.

Importation et fabrication des médicaments
La préoccupation primaire consiste à inviter le gouvernement à être trop regardant dans ce domaine pour ne pas transformer la RDC en un mouroir, disions-nous. Une petite investigation renseigne que la plupart des pharmacies emploient des personnes non qualifiées pour vendre des médicaments. C’est soit son épouse, soit son fils, soit encore son cousin, et que savons-nous encore, qui se trouve derrière les comptoirs. Ils ont souvent de la peine à lire une ordonnance médicale et s’empressent parfois à proposer au patient des médicaments similaires, selon leurs propres dires. Ainsi, on peut facilement réussir à vendre des capsules en lieu et place des produits intra-veineux prescrits par le médecin traitant.

L’autre difficulté découle de l’importation ou fabrication des médicaments. Les produits pharmaceutiques sont pour la plupart importés et de partout. C’est ainsi que l’on découvre, à la déception générale, des produits en provenance des pays asiatiques, de l’Europe de l’Est contenant des notices indéchiffrables. Soit écrites en russe, en arabe, en grecque, plaçant le patient devant l’embarras, car ne sachant découvrir la grille posologique et les contre-indications.

Les risques d’intoxication pouvant entrainés le décès sont vite arrivés. Ne parlons pas de la conservation de ces médicaments qui ne répondent, le plus souvent, à aucune disposition hygiénique. Or, tout médicament, dit-on, est un poison par définition.

A chaque secteur ses Antonov
La remise de l’ordre dans tous les secteurs de la vie nationale est une urgence. Il y a lieu d’y aller avec la même pugnacité pour protéger les populations et décourager tous les opérateurs économiques d’opérette.
Dans un domaine aussi sensible que celui des pharmacies, il faut écarter tous les « Antonov-pharmaceutiques » qui ne répondent pas aux dispositions légales.

Ces « boîtes à tuer » existent. Tout est question d’imposer la rigueur dans la gestion dans la perspective de remettre de l’ordre dans la boutique, l’assainissement de milieu. N’attendons pas un nouvel hécatombe, surtout dans un secteur difficile à maîtriser et qui peut décimer une bonne partie de la population tant il ressemble à une nébuleuse avec toutes ces frontières poreuses qui peuvent faciliter l’entrée en territoire congolais des médicaments périmés.

Charly MAMPUYA, B. Pharm
Responsable Provincial Chargé de l'Atténuation de l'impact
Coordination Provinciale Bas-Congo/PNMLS
Tél:+243997910875/+243898616581
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