[e-med] BOTSWANA : L'essai sur le ténofovir démarre bientôt malgré la controverse

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BOTSWANA : L'essai sur le ténofovir démarre bientôt malgré la controverse

GABORONE, le 31 mars (IRIN) - Le Botswana devrait bientôt s'engager dans un
essai clinique d'un médicament antirétroviral susceptible de prévenir
l'infection au VIH, malgré les doutes qui pèsent sur la manière dont les
études ont été menées au Cameroun, au Nigeria et au Cambodge.

Le tenofovir est commercialisé depuis trois ans sous le nom de Viread par le
laboratoire américain Gilead, qui souhaite désormais vérifier ses
éventuelles propriétés prophylactiques sur les populations à haut risque
d'infection.

Des études identiques sur le tenofovir, confiées à l'organisation
internationale Family Health International (FHI), ont fait l'objet de
controverse. En mars, FHI a annulé l'essai au Nigeria après avoir émis des
doutes sur le respect des procédures par le partenaire local, pour la
troisième fois après le Cambodge en août 2004 et le Cameroun en janvier.

Début 2005, des activistes français et camerounais ont protesté contre la
manière dont les travailleuses du sexe bénévoles étaient traitées, insistant
sur le fait qu'elles n'avaient pas été suffisamment informées des risques
qu'elles prenaient au cours de l'essai.

Cette publicité négative autour de l'essai s'est répandue au point de faire
craindre une exploitation des populations des pays en développement à des
fins scientifiques.

Au Botswana, où l'essai est parrainé par le Centre américain de contrôle et
de prévention des infections (CDC), l'étude "ne démarrera pas tant que les
comités éthiques du ministère de la Santé et du CDC n'auront pas approuvé
les procédures et les garanties éthiques nécessaires", a dit Gregory
Kelebonye, le responsable communication de Botusa, un partenariat entre le
gouvernement du Botswana et le CDC.

Kelebonye a admis que les problèmes qu'avaient rencontré les autres pays
avaient poussé le Botswana à être "extrêmement prudent". Il a ajouté que
Botusa rencontre depuis plus d'un an un certain nombre d'acteurs de la lutte
à Gaborone, la capitale du Botswana, et Francistown, la deuxième ville du
pays.

Des conseils consultatifs, constitués de membres des communautés, des ONG
locales et de représentants du gouvernement, ont été mis en place pour
contrôler le bon déroulement de l'essai et tenir informées les populations.
Des comités semblables, mais composés des volontaires, seront également mis
en place lorsque l'essai sera lancé.

"Nous avons compris les craintes nées de l'expérience camerounaise.. au
point de faire en sorte que cela n'arrive jamais ici. Jusqu'à présent, nous
sommes très satisfait des procédures que nous avons mises en place pour
assurer la protection des participants", a dit à PlusNews Kasule Kibirige,
qui dirige le conseil consultatif de Gaborone.

Les activistes sud-africains surveilleront de près le déroulement de l'essai
afin de contrôler que les standards éthiques en matière de recherche
biomédicale ne sont pas écorchés dans un des pays les plus affectés au monde
par l'épidémie de VIH/SIDA.

Kelebonye a précisé que même les parlementaires botswanais sont visés. "Nous
voudrions que tout le monde puisse entrer dans le comité consultatif de
surveillance et qu'il soit le plus transparent possible."

CDC parraine trois essais cliniques sur le ténofovir au sein de trois
groupes de population à risques : les hétérosexuels au Botswana, les usagers
de drogues dures en Thailande et les homosexuels aux Etats-Unis.

Au cours des trois essais seront évalués les possibles changements de
comportement à risque des bénévoles après la prise de leur comprimé
quotidien ; le suivi du régime et son acceptation par les volontaires et, au
cas où l'un d'entre eux serait infecté, les caractéristiques du virus.

Au Botswana, l'essai enrôlera environ 1 200 hommes et femmes séronégatifs de
Gaborone et Francistown.

Les participants seront recrutés à travers les centres de conseil et de
dépistage volontaire, les cliniques, les organisations de jeunes et au cours
des évènements qui touchent les communautés. Des campagnes de
sensibilisation seront menées en anglais et setswana via des programmes
multimedia.

Kelebonye a fait remarquer que le but des études n'était pas de contaminer
les personnes qui y participaient. Ils recevront des conseils approfondis au
cours de chacune de leur visite ainsi que des préservatifs féminins et
masculins. Les infections sexuellement transmissibles (IST) seront détectées
et les volontaires soignés en cas de contamination.

Selon la fiche technique de CDC sur l'essai, les participants qui seront
infectés par le VIH bénéficieront d'un contre-test et des procédures
post-tests (traitement et conseils) ainsi que leur intégration dans un
programme local de soins. La Thailande et le Botswana possèdent des
programmes de traitement antirétroviral et de soins à très bas prix voire
gratuits pour les personnes infectées.

"Notre plus gros souci est de préserver la santé des participants, qui ne
doit pas être menacée par l'essai", a dit Kibirige.

Les tests de laboratoire menés sur les singes ont prouvé que le ténofovir
pouvait les protéger contre l'infection au VIH, permettant ainsi que des
tests similaires soient menés sur les humains depuis l'année dernière.

Malgré sa suspension au Cambodge, au Cameroun et au Nigeria, l'essai est
toujours en cours au Ghana et au sein des communautés homosexuelles
d'Atlanta et de San Francisco.