Ténofovir : le promoteur réagit
Cameroon Tribune (Yaoundé)
15 Février 2005
Publié sur le web le 15 Février 2005
Alliance Nyobia
Ward Cates, président de Family Health International, a rencontré la
presse hier, après une audience avec le Minsanté.
Le Pr. Ward Cates, responsable de Family Health International,
l'organisation qui a conduit l'étude sur le Ténofovir à Douala, vient de
passer une semaine au Cameroun. Le biologiste, qui a débarqué mardi dans
la capitale économique, est venu s'enquérir personnellement de la
situation, après la controverse qui a éclaté il y a quelques semaines au
sujet de recherches menées par sa structure en terre camerounaise. Hier,
quelques journalistes réunis dans une salle du ministère de la Santé ont
appris que le chercheur venait de s'entretenir avec le chef de
département, Urbain Olanguena Awono. Ils ont également constaté que Ward
Cates mettait sa visite à profit pour " corriger des rumeurs qui sont
fausses ! ". Difficile, en fait, de trouver motif plus important à cette
" descente " au Cameroun.
" Nous ne faisons pas d'expériences sur des femmes ". " Nous n'injectons
pas le virus du sida aux participantes ". " Les participantes ne sont
pas livrées à elles-mêmes question santé ". Voilà quelques éléments de
la plaidoirie du Pr. Cates, qui a dit sur tous les tons que l'expérience
menée à Douala - et récemment suspendue par le ministre de la Santé
publique - n'était pas dangereuse. Bien au contraire, a-t-il précisé,
Family Health International, active contre le sida au Cameroun depuis
1989, a régulièrement sensibilisé les participantes à l'étude qu'elle
conduisait. Sur la nécessité d'éviter des comportements à risques,
d'adopter le préservatif, de réduire le nombre de partenaires, etc. En
plus des soins.
Le Pr. Doh Sama, responsable de l'étude, a aussi eu quelques mots pour
la presse, déplorant le fait qu'on ait répandu des informations pas
toujours vérifiées dans l'opinion. " D'abord, c'est un comprimé, on ne
procédait pas aux injections [ensuite] On ne cherchait pas de
partenaires masculins séropositifs pour ces femmes ". Il a également
souligné la prise en charge des participantes séroconverties - ayant
contracté le virus pendant l'étude -, indiquant que " ce ne n'est pas
l'étude " qui en a fait des séropositives.
Il était donc question hier pour les responsables du programme de "
rétablir la vérité " pour rassurer les participants et l'opinion.
Apparemment, ça n'a pas été le cas pour leur auditoire : certains
journalistes avaient espéré rencontrer une des volontaires de
l'expérience, et ne se contentaient que difficilement de la parole des
deux chercheurs. D'autres questions ont été soulevées : de quoi ont
discuté le Minsanté et Ward Cates ? L'Américain a parlé d'" échanges
fructueux " et de " grands progrès ", ajoutant qu'ils avaient aussi
échangé sur les recommandations de la commission que le Minsanté avait
dépêchée à Douala.
L'expérience va-t-elle reprendre ? Sans donner de réponse tranchée, le
Pr. Doh Sama a expliqué qu'un nouveau protocole avait été élaboré et
devait être soumis aux différentes autorités devant le valider ou non.
Ward Cates a quitté Yaoundé hier.