Tenofovir - Témoignage de Carole" Cette expérience est une chance pour
le monde entier "
Le Messager (Douala)
9 Février 2005
Publié sur le web le 9 Février 2005
Par Jean-Célestin EDJANGUE
Elle a pour pseudonyme Carole et a 21 ans. Elle habite du côté de Koto à
Akwa-Nord et fait partie des 400 jeunes filles et femmes qui ont accepté
volontairement de participer à l'essai clinique sur Tenofovir Disoproxil
Fumarate (Tdf).
Une expérience que Carole a embrassée depuis le mois d'août 2004, à
Douala avec le sentiment profond de contribuer activement à la recherche
sur le vih/Sida: " On aurait jamais dû suspendre l'essai. C'est la seule
façon à mon avis d'aider à trouver un médicament qui puisse guérir le
Sida. Suspendre l'essai, alors que à mes yeux des précautions ont été
prises y compris pour protéger les personnes qui seraient contaminées
pendant l'expérience, donne le sentiment d'un énorme gâchis. Car nous
étions toutes prévenues, informées qu'il n'y aura pas de prise en charge
pour les femmes" séroconverties " ", explique-t-elle. Elle poursuit
"Personne n'a été forcée à subir l'essai, notre consentement est
volontaire ".
Que d'interrogations...
Si Carole trouve plus davantages à reprendre l'essai sur Tenofovir qui "
permet une fois par mois d'avoir son bilan de santé et de savoir où j'en
suis par rapport au Vih/Sida et autres maladies chroniques ", bien des
questions restent sans réponse. D'abord, pourquoi seuls les préservatifs
de la marque " Prudence " sont autorisées le long de cette opération
pour les 400 cobayes humains? Quid de la prise en charge des personnes
qui ont contracté la maladie au cours de l'expérience? " Le protocole
d'accord entre les organisateurs de l'essai et les personnes qui s'y
prêtent mentionne clairement qu'aucune prise en charge n'est prévue pour
les femmes qui seraient contaminées au cours de l'essai ", répond la
jeune fille en effeuillant les pages de son livret. Pourquoi? Là encore,
la réponse de Carole est sans détour: " C'est vrai que j'ai connaissance
d'une femme qui a été contaminée depuis l'essai. Mais, cette
contamination s'est passée au cours d'une rencontre avec un partenaire
dans une boîte de nuit. Elle raconte qu'ils ont enfilé le préservatif,
mais il s'est percé. Et ils ont continué le rapport alors qu'ils
n'avaient aucun préservatif. Mais je persiste à dire que c'est un faux
débat, puisque tout le monde savait, avant même le début de l'essai, que
la prise en charge était exclue. Alors... ". Carole martèle à qui veut
l'entendre qu' " il n'a jamais été question d'inciter à avoir des
rapports sexuels non protégés ainsi que l'avancent de nombreuses
langues. Bien au contraire ". Et c'est vrai que le fameux livret (que le
reporter du quotidien Le Messager a eu entre les mains) l'interdit
formellement.
Enfin, comment vérifier que les femmes qui participent à l'essai
prennent bien les comprimés reçus? " Une fois par mois, nous recevons
une boîte de 30 comprimés que nous devons prendre à raison d'un comprimé
par jour à la maison. Or personne ne peut attester que ce médicament est
bien pris. C'est peut-être le seul reproche que l'on est en droit de
faire à cette étude qui mériterait néanmoins de reprendre dans l'intérêt
du Cameroun, de l'Afrique et même du monde entier ", pense Carole.