Faible engagement des Etats
http://fr.allafrica.com/stories/200512160142.html
Le Messager (Douala)
15 Décembre 2005
Publié sur le web le 16 Décembre 2005
Par Marie-Noëlle Guichi à Abuja
La 14ème conférence internationale sur le sida et les maladies sexuellement
transmissibles en Afrique, Cisma, qui s'est ouverte le 4 décembre a fermé
ses portes vendredi dernier à Abuja, la capitale nigériane. Plus de 5 000
participants venus de tous les horizons du monde, parmi lesquels une
vingtaine de Camerounais, ont pris part à ce rendez-vous sur le thème "
Vih/Sida et la famille ".
Au menu : des conférences débats, tables rondes, projections de films,
exposition de posters géants, marches de protestation et chants de
ralliement dans l'ultime but de bouter hors d'Afrique cette pandémie dont
les ravages ici sont très énormes. Peter Piot, le directeur exécutif de
l'Onusida a saisi cette occasion pour rappeler que le continent noir, paie
le plus lourd tribut de cette pandémie, puisqu'il compte à lui tout seul 25
millions de personnes infectées, dénombre chaque année 3 millions de
nouvelles contaminations et 2,2 millions de décès, à raison de 6300 morts
par jour.
En dépit de cette tragique situation, l'Afrique est la première victime de
l'implication insuffisante de la communauté internationale, ont fait
remarquer les participants à la Cisma 2005. Ils ont déploré le fait qu'en
2005, seuls 2% des malades du Sida en Afrique ont eu accès aux traitements
antirétroviraux, Arv. Tout en soulignant le drame vécu par ces séropositifs
d'Afrique, les activistes ont taxé d'inacceptable l'attitude des
gouvernements des pays riches ; se souvenant que le 6 septembre dernier, la
conférence de Londres visant à reconstituer le Fonds mondial de la lutte
contre le Sida, la tuberculose et le paludisme s'est soldée par un échec.
Sur les 7,1 milliards de dollar nécessaires à la pérennisation des actions
financées depuis 2002, et au soutien de nouveaux programmes, seuls 3,7
milliards de dollars ont été promis par les pays riches. Par ailleurs, les
délégués à la Cisma ont constaté l'échec de l'initiative " 3X5 " de l'Oms
qui se promettait de permettre à 3 millions de personnes séropositives, dans
les pays aux revenus les plus faibles du monde, d'avoir gratuitement accès
aux Arv à l'horizon 2005. Rendu à la fin d'année 2005, le bilan de cette
initiative montre que seulement 1 million de personnes vivant avec le Vih
(Pvvih), dans ces pays ont pu en bénéficier. Ce qui ne représente même pas
la moitié de l'objectif de l'Oms.
Autre chose déplorée, le faible engagement des Etats africains eux-mêmes.
Les activistes ont déclaré que les malades du Sida en Afrique ne peuvent que
rarement compter sur le fort engagement de leurs propres gouvernements. Ils
sont encore nombreux, affirme-t-on, ces gouvernements qui ne s'engagent pas
réellement dans l'accès à la prévention, aux soins et aux traitements. Les
préservatifs, les médicaments génériques, les tests biologiques sont trop
rares. Les droits des malades sont encore bafoués et les orphelins du Sida
ne reçoivent pas l'attention qu'ils méritent. Tous ces maux ont été
exorcisés. Et les acteurs de la lutte contre le Vih se sont donnés
rendez-vous à la prochaine Cisma, en septembre 2007 à Libreville au Gabon,
pour faire le point.