[e-med] ICASA 2011 Un leadership africain sous tutelle d’un appui international démissionnaire

Conférence Internationale sur le SIDA en Afrique 2011 (ICASA)

Un leadership africain sous tutelle d’un appui international démissionnaire

Les associations Positive-Generation (Cameroun), RAME (Burkina-Faso),
dénoncent le faible engagement financier des gouvernements africains.
Elles demandent aux chefs d’Etats de l’Union Africaine de mettre en
place une nouvelle dynamique de financement plus concrète et à la hauteur
des enjeux. Par ailleurs , elles interpellent les bailleurs du Fonds
Mondial afin que ceux-ci respectent leurs engagements.*

Ce 03 décembre 2011, après l’ouverture de la 16eme conférence Africaine
sur le SIDA et les IST (ICASA), en l’absence d’un message fort des
dirigeants africains, les millions de personnes infectées et affectées par
le VIH à travers l’Afrique se sentent encore plus condamnées à morts par
l’insuffisance des ressources. Désemparées par l’annulation du 11eme round
de financement du fonds mondial par les pays donateurs, nous lançons ici
même à Addis Abeba, siège de l’Union Africaine, un appel à nos Chefs
d’Etats pour le lancement d’un plan d’urgence en faveur de la
stabilisation de la pandémie en Afrique.

Le thème de la présente conférence axé sur l’appropriation et la pérennité
des moyens de lutte contre le VIH/SIDA en Afrique passe inévitablement par
un engagement financier plus conséquent et plus concret des Chefs d’Etat
africain, à travers l’allocation des ressources à la hauteur des enjeux à
la lutte contre le VIH/SIDA.

Dix ans après la Déclaration d’Abuja, seulement 6 états ont jusqu’ici
alloué au moins 15% de leur budget à la santé, dont la part consacrée au
VIH reste toujours largement insignifiante ou non maitrisée. Cette
situation démontre à suffisance le manque de volonté des leaders politiques
africains. Au regard des besoins sans cesse croissants, nous saisissons
l’opportunité de cette conférence et des dix ans d’anniversaire de la
Déclaration d’Abuja, pour nous interroger sur la pertinence et l’efficacité
de cet engagement. En effet, le suivi du respect de cet engagement par les
Etats africains, nous a conduit à noter deux limites majeures à la
Déclaration d’Abuja.

L’estimation des 15% des budgets nationaux à accorder à la santé a été
faite sans une base crédible liée aux besoins par habitants et de la taille
des budgets nationaux. Un engagement pertinent se serait plutôt basé sur
les recommandations du Comité Macroéconomie et Santé de l’OMS, recommandant
à que chaque Etat d’accorder 34 dollars pour la santé de chacun de ses
habitants et par an. Par exemple, un pays comme le Burkina Faso, qui se
vante d’avoir réaliser l’objectif d’Abuja en accordant 15, 46% de son
budget national à la santé en 2009, aurait dû en réalité consacrer plutôt
21% de son budget (au regard des directives de l’OMS) pour assurer une
santé acceptable à sa population.

Au Cameroun, pour une population d’environ 20 millions d’habitants, l’Etat
n’a alloué à la santé en 2011 que 5,9% de son budget. Ce qui est largement
en deçà de l’engagement d’Abuja. Pourtant, il en aurait suffit de 11% (soit
environ 300 milliards de FCFA) pour couvrir les besoins de santé de
l’ensemble des camerounais selon les recommandations de l’OMS.

Dix ans après la déclaration d’Abuja, sa lecture fait ressortir des limites
et des insuffisances. Le manque de précisions dans l’affectation des 15%
ouvre le champ à des bourrages budgétaires dont le seul but est d’atteindre
l’objectif d’Abuja par tous les moyens. En effet, la simple indication
d’affectation des ressources « au secteur de la santé », autorise des
gouvernements à inclure les budgets de l’environnement, de l’accès à l’eau
potable et à l’assainissement, des missions diplomatiques… dans leurs
estimations afin de gonfler artificiellement le taux d’affectation.

Par rapport au VIH/SIDA, en l’absence d’aucune indication, les
contributions nationales à la lutte contre le VIH/SIDA sont infimes. Les
PVVIH africains sont toujours obligées de compter sur l’aide publique
internationale pour survivre. Au Burkina Faso, pays ayant réalisé
l’objectif d’Abuja, sur les 34 000 personnes actuellement sous ARV, aucune
ne l’est sur le budget national. Au Cameroun, pour des besoins financiers
de la lutte contre le VIH/SIDA estimés à 21,3 milliards de Francs CFA,
l’Etat ne couvre que 3,3 milliards soit environ 2% du budget alloué à la
santé. Le reste des financements soit 73% des financements nécessaires est
couvert par des organisations internationales et les mécanismes de
coopération bilatérale et multilatérale.

En ce moment même où, le traitement antirétroviral a redonné l’espoir à des
millions de personnes, relâcher la lutte contre le SIDA, pour quelles que
raisons qu’il soit, est tout simplement inacceptable et irresponsable. La
stabilisation de l’épidémie en Afrique a besoin d’un nouveau paradigme basé
sur l’équité, le respect de la dignité humaine.

Dans un contexte marqué par la sécheresse des financements internationaux,
où les pays riches considèrent l’accès aux soins comme un fardeau
économique, nous demandons à l’Union Africaine d’appeler d’urgence une
réunion de crise pour mobiliser les Chefs d’Etats africains pour un nouvel
engagement plus concret.

Aux Pays riches, nous leur demandons d’investir là où les résultats sont
plus visibles. Nous avons constaté au cours de l’année 2011, leur droit
d’ingérence en Afrique et au Moyen-Orient pour des raisons humanitaires.
Nous leur rappelons leur devoir de solidarité aux malades du Sud, toujours
pour les mêmes raisons humanitaires. La mort n’est pas différente, qu’elle
arrive par les balles assassines d’un « non démocrate » ou par le VIH. Le
VIH/SIDA n’étant pas non plus démocratique, et l’accès aux soins n’étant
pas un fardeau économique à l’origine de la crise mondiale actuelle, nous
invitons par conséquent le Secrétaire Général de l’ONU afin qu’il convoque
d’urgence une réunion sur la relance du financement des maladies
prioritaires dans les pays en développement.

Contact de presse

*- Fogué Foguito,*

* Health and Humains Rights Advocater*

* Positive-Generation Cameroon*

  Tel :(00237) 22238860 / 22036327 /

  Fogue.Foguito@positive-generation.org /
   www.camerounaids.o <http://www.itpcglobal.net/&gt;rg

*- Simon KABORE