[e-med] Déclaration de Yaoundé sur l'élimination des épidémies de méningites à méningocoque....

DÉCLARATION DE YAOUNDE SUR L’ELIMINATION DES EPIDEMIES DE
MENINGITE A MENINGOCOQUE A COMME PROBLEME DE SANTE PUBLIQUE
EN AFRIQUE
http://www.who.int/immunization/newsroom/yaounde_declaration_French.pdf

L’Afrique subsaharienne souffre d’épidémies répétées de méningite qui se
concentrent dans la “ceinture de la méningite”, une vaste région qui s'étend
du Sénégal sur la côte Ouest à la Somalie sur la côte Est. Ces épidémies
surviennent chaque année avec des pics récurrents tous les 8 à 12 ans. Le
tribut socio-économique et humain payé à la maladie est énorme.

Plus d’une décennie après la grande épidémie de méningite en 1996 qui a fait
plus de 250 000 cas et 25 000 décès, une nouvelle menace pèse sur les pays
de la ceinture africaine de la méningite. L’analyse épidémiologique des
épidémies antérieures montre que le Neisseria meningitidis A est le
principal responsable des épidémies de méningite à méningocoque en Afrique.
Environ 500 millions de personnes vivant dans les pays de la ceinture
méningitique africaine sont à risque d’être atteintes par le méningocoque du
type A. Malgré une prise en charge adéquate des cas, au moins 10% des
patients meurent encore de cette maladie et près de 20% en guérissent avec
des séquelles graves, irréversibles.

Depuis plus de 20 ans, le contrôle des épidémies de méningite repose
principalement sur la surveillance épidémiologique et les campagnes de
vaccination de masse réactives avec des vaccins anti-méningococciques
polyosidiques (PS) qui ont montré leur limite.
La mise en oeuvre d’une nouvelle stratégie en vue de lutter contre les
épidémies à méningocoque dans la ceinture africaine s’avère nécessaire. Elle
consiste en l’organisation des campagnes préventives de masse et vise
l’introduction d’un nouveau vaccin conjugué anti-méningocoque A. Elle
permettra de vacciner, durant la période de 2009 à 2015, environ 250
millions de personnes âgées de 1 à 29 ans dont 23 millions d’enfants vivant
dans 25 pays africains. Grace à ce vaccin conjugué, la région africaine
pourrait ainsi éviter, d’ici fin 2015, plus de 150 000 décès dus à la
méningite épidémique et épargner les séquelles méningitiques à près de 350
000 enfants.

Les différents essais cliniques réalisés sur ce vaccin dont l’introduction
pourrait commencer en 2009, se sont révélés très concluants et le coût de la
dose est estimé à 0.40 dollar américain. Il confère aux enfants et aux
adultes une immunité plus puissante et plus longue.

Réunis en marge de la 58eme session du Comité régional de l’OMS tenue à
Yaoundé au Cameroun du 1er au 5 septembre 2008, nous, Ministres de la Santé
des pays africains de la ceinture méningitique,

• Tirant leçon de la fréquence et de la gravité grandissante des épidémies
de méningite dans nos pays depuis 1995 et qui frappent essentiellement la
population jeune et active avec un taux de létalité élevé,

• Considérant le risque de survenue d’autres épidémies de méningite de
grande ampleur durant les prochaines saisons épidémiques,

• Considérant les moyens actuels de lutte contre ces épidémies
dévastatrices, notamment par la vaccination et l’utilisation d’antibiotiques
recommandés par l’OMS,

• Considérant les efforts actuels déployés dans le cadre de la recherche au
niveau international pour la mise au point de nouveaux vaccins et en
particulier d’un vaccin conjugué anti-méningocoque A

• Considérant en particulier les résultats préliminaires sur
l’immunogénicité du nouveau vaccin conjugué anti-méningocoque A et la
possibilité de son introduction à brève échéance dans les pays à risque,

• Considérant la nécessité de renforcer la prise en charge des cas de
méningite en appliquant la gratuité effective des soins aux malades en
période d’épidémie,

• Considérant les progrès réalisés par les pays dans l’amélioration des
indicateurs de surveillance des maladies et la disponibilité des procédures
opérationnelles standards permettant une détection rapide des épidémies de
méningite,

• Rappelant le Protocole de coopération pour la lutte contre les épidémies
en Afrique de l’Ouest, l’Algérie et le Tchad signé par les Ministres de la
Santé et les Ministres de l’Intérieur en Octobre 1996, à Ouagadougou, au
Burkina Faso,

• Rappelant la Déclaration de Bissau du 9 Novembre 2007 sur l’accélération
de la lutte contre les épidémies de méningite à méningocoque dans la
ceinture Africaine de la méningite, par les Ministres de la Santé des pays
de la CEDEAO, sous l’égide de l’Organisation Ouest Africaine de la Santé
(OOAS) et de l’OMS,

• Tenant compte des dispositions du Règlement Sanitaire International (2005)
qui précisent la conduite à tenir en cas de confirmation d’épidémies,

• Tenant compte de la nécessité de mettre en oeuvre toutes les composantes
de la lutte en vue de parvenir à une élimination des épidémies de méningite
à méningocoque A comme problème de santé publique dans les meilleurs délais,

• Prenant acte de l’environnement international particulièrement favorable
au secteur de la santé, notamment les efforts de lutte contre la pauvreté et
de l’atteinte des objectifs du millénaire, de même que les engagements des
Etats et de leurs principaux partenaires,

EXPRIMONS NOTRE GRATITUDE à nos partenaires notamment:

1. les organisations membres du Groupe de Coordination Inter-agences
(UNICEF, OMS, Fédération des Croix Rouges et Médecins Sans frontières) pour
leur appui dans la lutte contre les épidémies de méningite en Afrique,

2. la Fondation Bill et Melinda Gates, l'ONG américaine PATH et l'OMS pour
les ressources et efforts nécessaires au développement du vaccin conjugué
antiméningocoque

3. l’Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination pour les moyens
financiers qu’elle va engager pour le renforcement de la surveillance de la
méningite, l’organisation des campagnes préventives et réactives et
l’introduction du vaccin conjugué à travers les services nationaux de
vaccination.

NOUS ENGAGEONS à :

1. préparer avec l’appui de nos partenaires, des plans de lutte adaptés
comprenant le renforcement de la surveillance basée sur le cas, l’évaluation
du risque, l’organisation des campagnes préventives et réactives et
l’accélération de l’introduction du nouveau vaccin conjugué
anti-méningocoque A une fois homologué par l’OMS,

2. mettre en oeuvre toutes les stratégies de lutte contre la méningite à
méningocoque de manière concertée et en tenant compte des dispositions du
Règlement Sanitaire International (2005),

3. nous soutenir mutuellement par des actions conjointes et efficaces face à
la menace de méningite à méningocoque, en menant des activités
transfrontalières de vaccination et de surveillance et en renforçant les
échanges d’informations entre pays pour une meilleure réponse aux épidémies,

4. mettre en place des fonds rapidement mobilisables dans chacun de nos pays
pour contribuer aux coûts opérationnels des campagnes de lutte contre les
épidémies en général et des épidémies de méningite en particulier
conformément au protocole de coopération sous régionale d’octobre 1996.

Fait à Yaoundé, le 4 septembre 2008